Pilier oni

Chapitre 14

La dernière nuit a sonné, je suis toujours auprès de Giyuu. Nous restons immobiles en silence, notre peine tellement grande qu'il en est presque impossible de bouger. Soudainement, je me relève, bien décidé à me venger. Giyuu ne comprend pas sur le moment.

- Où vas-tu ? Me questionne-t-il alors.
- Je... Je dois partir, je dois retrouver cette ordure, il doit payer pour son crime ! M'énervais-je.
- Non ! Reste là ! Ce n'est pas la solution, me supplie-t-il.
- Tu dois reprendre des forces reste là ! Tu n'es pas en état ! Tu ne pourra pas me faire changé d'avis, insistais-je.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, j'attrape mes katanas au passage et pars en courant. Les larmes recommencent à couler sur mes joues, je me demande comment je peux encore avoir des réserves étant donné que je me suis à peine arrêté quelques minutes. Je cours, dans la forêt la rage au ventre, je pousse un cri de désespoir, un cri d'agonie. Ma transformation opère, seulement à moitié, pas assez pour guérir mes blessures aux épaules. Cela m'est un peu égal sur le moment.

Mon cri a alerté la moitié de la population des démons du mont, car j'entends au loin du boucan, me signalant au moins deux à trois démons en approche. Prête à me battre, je me mets en position de combat et attends leurs venues.

Pas une, ni deux minutes ne s'écoule qu'un premier tout frêle se présente à moi, je n'attends pas qu'il ouvre la bouche et me jette sur lui.Huitième mouvement de la lune ! J'abats mes katanas sur ses bras, je ne perds pas une seconde et pousse le mouvement pour atteindre sa nuque dans la foulée. À peine ai-je fini le premier qu'un deuxième tente de me choper par l'épaule, je n'esquive pas ayant été prise au dépourvu, il appuie sur ma blessure me faisant cracher un juron. J'arrive tout de même à me libérer de son emprise en me dégageant par la gauche. J'entends que deux autres arrivent et c'est à ce moment-ci, que je me dis que j'aurai dû éviter de crier.

J'essaye de prendre un peu de distance par rapport aux deux autres qui arrivent et échafaud un plan pour essayer de tuer celui juste derrière moi. Je passe en revue tous les mouvements du souffle de la lune, pour supprimer celui dans mes pas. Je n'ai pas le temps qu'il tente une attaque, j'ai à peine la possibilité de le contrer, il est beaucoup plus fort que le premier, car il appuie tellement fort sur mes katanas, que je sens mes pieds reculer. Je me suis mise dans une sacrée galère. D'un coup, alors que j'essaye de transformer mon corps au maximum de ses capacités de démon, je reprends un peu l'avantage, mon corps s'agrandit. Mes griffes sortent et je sens une puissance nouvelle m'envahir.

Avec un de mes katanas, je continue de tenir face à son poids. Quant à l'autre, je tente de le tailler au niveau de ses côtes à droite. Surpris par le revirement de situation, il relâche sa force sur moi. J'en profite pour lui donner un coup de pied dans le ventre et retrouver l'entièreté de mes mouvements avec mes katanas.

- Tu as vraiment cru que tu m'aurais aussi facilement, crachais-je.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et attaque avec le cinquième mouvement du souffle de la lune. Déstabilisé par ma reprise de terrain considérable, il bascule en arrière, je vois la peur dans ses yeux, je n'en suis que plus que satisfaite, d'un coup chirurgical, je mets fin à son existence.

Les deux derniers qui n'étaient pas loin, arrive à mon niveau et étrangement, il se ressemble. Peut-être que ce sont des frères, il reste tout de même des démons à part entière et leur sourire sadique, ne laisse rien présager de bon pour mon cas. Dans un élan de confiance, je prends déjà le cas pour acquis et retente le cinquième mouvement pour les éliminer en une fois chacun, sans chercher à connaître leurs intentions. Sauf que dans mon déplacement, ils sont plus rapides que moi et allongent leurs griffes afin de m'assainir des coups. J'essaye de les éviter en vain, ils me tailladent le corps de part et d'autre me faisant gémir de douleur... Avec mes katanas, je les plante à travers leurs corps espérant les ralentir, deux devraient suffire, mais je me sens toujours aussi coincée. J'encaisse durement leurs coups, je finis par tomber à genoux sentant la faiblesse me gagner... Je résiste encore un instant, mais finis par me dire que peut-être mon heure est venue. Je ferme les yeux, attendant patiemment que mon tour vienne, mais d'un coup ! J'entends vaguement quelqu'un crier mon nom au loin.