Chapitre 60-Je t'aime, moi non plus

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Caroline

Appuyée contre le chambranle de la porte-fenêtre menant au balcon, j'observe Klaus qui s'est emmuré dans sa solitude. Ses yeux sont dirigés vers les festivités du vieux carré mais son cœur n'est pas à la fête. Je regrette tant de l'avoir poussé à découvrir son passé et pourtant je suis persuadé que c'était la chose à faire pour qu'il puisse avancer. Sans compter que pour une fois, la vérité était en sa faveur, son père n'a jamais souhaité l'abandonner.

— Comment s'est passée cette première sortie ?

Sa question me surprend parce que j'ignorais qu'il avait senti ma présence. Et en même temps, comment pouvait-il en être autrement ? On ne peut le duper. Il m'arrive encore d'oublier ce qu'il est : l'hybride Originel. La créature la plus puissante de la planète. Son pouvoir, ses facultés auront toujours le dessus sur les nôtres.

Je préfère conserver pour moi l'évènement avec la femme enceinte. L'attaque était dirigée contre elle et non contre nous.

— Très bien ! J'admets. Enfin, cela l'était jusqu'à ce que Katherine se mêle à nous.

Même s'il se trouve toujours de dos, j'imagine un petit sourire bref apparaitre sur son visage.

— Et toi comment te sens-tu ? je demande tout en triturant mes doigts.

— ça va ? il répond d'une voix plate.

Ne pouvant me retenir plus longtemps, je le rejoins et entoure sa taille fine de mes bras. Je dépose un baiser sur son épaule, là où je sais que le triangle de ses origines est gravé puis y pose ma tête.

Tout en restant dans cette position, les secondes s'égrènent et pourtant ni l'un ni l'autre ne semblent en être dérangés.

— J'aurais été une personne différente si j'avais été élevé par lui, brise-t-il le silence.

C'est une évidence.

— J'aurais été bien meilleur pour toi ! il poursuit. À la place, tu as hérité d'un monstre... ravagé par ses démons. Tu méritais bien mieux ! Bien mieux que ce que je suis devenu.

— Klaus ! je soupire

— Je t'interdis de dire le contraire, il s'agace. J'ai tué tant de personnes qu'il me serait impossible de les compter. J'ai été jusqu'à tuer ma propre mère, Caroline, il termine d'une voix tremblante.

— Klaus, on venait de t'arracher une partie de toi. Ta lycanthropie.

— Cesse de vouloir chercher ce qu'il y a de bon en moi  !

Son changement d'humeur ne me fait même pas sourciller. Il a beau être le monstre que l'on redoute, avec moi, il ne l'a jamais été. Je ne le crains plus depuis longtemps. Je ne le craindrais plus jamais. Au début de notre histoire, j'étais envahie de doutes. Désormais, je prends conscience que j'ai une confiance aveugle en lui.

— Après que Mikael a tué Nikalan, Esther est revenue. À l'époque, je pensais qu'elle était là uniquement pour savourer sa victoire. En me privant de ma lycanthropie, elle avait eu ce qu'elle voulait après tout. Je me souviens parfaitement de l'avoir malmené et que les larmes maculaient ses joues. J'ai ordonné qu'elle me révèle l'identité de mon père.

Alors qu'il me raconte la suite, mon cœur se comprime dans ma poitrine.

— Dans son silence, je pensais qu'elle cherchait à me punir ! Maintenant et en connaissant la véritable histoire de mes origines, je ne peux m'empêcher de me demander : et si elle n'avait tout simplement pas réussi à prononcer son nom. Elle venait de le perdre, Caroline. Elle venait d'assister à la mort de mon père. J'étais tout ce qu'il lui restait de leur histoire et je n'ai pas hésité une seule seconde avant de lui arracher le cœur à mon tour. Ironie du sort, n'est-ce pas ?

Entre rêves et réalité  ( EN COURS DE CORRECTION )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant