Chapitre 9

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Les jours passent et se ressemblent. Les gens commencent doucement à intégrer la nouvelle situation des adolescents et certains acceptent même de faire comme si de rien n'était. Pour le plus grand soulagement du Conseil qui se voyait déjà gérer une situation de crise suite à l'annonce.

Tout reprend donc son cours jusqu'à ce que...

— Les cloches !

— Une attaque ? Ce n'est pas possible.

Sania et Malec entendent en effet les cloches sonner. Mais pas les mêmes que la dernière fois. Celles-ci sont plus frénétiques et plus aiguës. Sans aucun doute l'alerte d'une attaque. Sans perdre un instant, ils quittent leur salle fétiche pour accourir au point de rassemblement, non loin du camp d'entraînement. En chemin, ils croisent les habitants se dirigeant vers les salles souterraines fortifiées afin de se mettre à l'abri tandis que les autres guerriers vont dans la même direction qu'eux. Le Conseil est déjà sur place et attend que tout le monde arrive. Une fois qu'ils sont tous là, Bromir prend la parole.

— Comme vous l'entendez, nous sommes attaqués. Ils attaquent le flanc sud ouest. Pour plus de sécurité, un petit groupe restera près des bâtiments pour défendre ceux qui sont cachés. Les autres, iront directement au combat.

Les groupes se forment rapidement sous les instructions de Bromir, et Sania et Malec se retrouvent dans celui qui affrontera les assaillants. Ils se dirigent avec les autres vers l'ouest. Une fois sur place, une partie des défenseurs montent sur les murs quand les autres attendent en bas, prêts à prendre les ennemis qui parviendront à se faufiler. En haut, les deux jeunes ainsi que leurs pères, reconnaissent immédiatement les attaquants.

— Ce sont...

— Les démons de la ville qu'on a visitée. Oui, en effet...

— Mais ils sont beaucoup plus nombreux que la dernière fois...

— J'ai cette impression aussi. Ils ont appelé du renfort.

Les quatre sont embêtés de voir ça. Si chaque démon qu'ils chassent vient attaquer leur lieu d'habitation, cela va compliquer les choses...

Tous les faux visages sont transformés par la rage et la nature même de ce qu'ils sont. Certains tentent de grimper sur le haut mur d'enceinte quand d'autres envoient d'énormes projectiles de feu. Ils ne doivent pas tous être du même rang, vu leur différence d'action.


          Les archers de l'Organisation, sous les ordres de Lénia, se mettent en place et visent les incendiaires tandis que les guerriers sont prêts à accueillir les grimpeurs. Les gardes sont essentiellement postés en défense des civils. Ainsi, ce sont les plus grands guerriers qui sont en première ligne, sur la plateforme en haut du mur ou sur le terrain à éteindre les petits feux créés par les démons. Du moins, pour le moment. Malgré la ligne de défense faite pour ceux qui montent, les ennemis sont trop nombreux pour être absorbés. Les combattants se retrouvent alors à devoir attaquer ceux qui parviennent à passer le outre le barrage. Ils sont de plus en plus nombreux et les combats s'intensifient. Sania, Malec, Ian et Bromir sont pris de toutes parts par les démons. Ils se soutiennent et protègent leurs arrières si besoin. Malec ne reste pas loin de son amie. Il ne veut pas qu'elle se retrouve en position de faiblesse comme la dernière fois. Mais cette fois-ci, pas de faux pas, pas de doute, elle donne le maximum d'elle-même. Elle n'a aucune crainte ni aucun scrupule. Il en va de la sûreté des lieux. Son entraînement intensif des jours précédents lui est d'une grande aide. Elle est d'une agilité extrême et sa puissance est colossale. À se demander jusqu'où elle peut aller en développant sa force divine. Malec n'est pas en reste non plus. Il enchaîne les démons les uns après les autres. Quant à leurs pères, bien sûr, aucun soucis pour eux. Le son des épées se fait entendre dans l'enceinte de l'Organisation, les flèches fusent dans un sifflement aigu, les chaires et le sang volent dans tous les sens, aspergeant tout ce qui se trouve sur leur passage. C'était un véritable tumulte autour de la foule.

Mais Malec aperçoit alors un peu plus loin un membre du Conseil, Sigmund, faiblir. Une énorme horreur au visage fondu en profite pour se jeter sur lui. Mais le jeune homme ne l'entend pas de cette oreille. Sans même contrôler tout à fait ses gestes, il tend sa main vers celui qui est en difficulté. Un bouclier l'encercle pour le protéger, lui laissant ainsi le temps de reprendre son souffle durant un cours instant. Mais la magie de Malec est encore faible... Le démon à raison de cette protection en un coup, laissant l'homme à terre stupéfait. Mais le magicien ne compte pas abandonner si vite. Il parvient, sans trop comprendre comment, a entraver le maudit.

Cependant, il est plus fort que ce que pense Malec. Il sent, au fond de lui-même, cet être forcer pour se libérer. Il ferme alors le poing, pour tenter de maintenir le lien. Mais plus il force et plus la fatigue le gagne. Il sent sa tête lui faire mal et un liquide chaud couler de son nez. Qu'importe, ce n'est pas le moment de lâcher prise. Il sert encore et encore, jusqu'à ce que finalement, le démon soit entièrement mis en morceaux par les liens invisibles.

Le guerrier du Conseil observe la scène depuis le début et n'en revient pas de ce qu'il vient de se passer. Il est à la fois fasciné et effrayé. Il ne perd pas plus de temps, lance un regard à son sauveur et lui accorde un hochement de tête en guise de remerciement avant de reprendre le combat.


          Pendant tout le temps où Malec fait ses petits tours de magie, Sania, elle, veille sur lui. Elle a tout de suite compris en le voyant regarder vers Sigmund. Elle compense alors son absence physique comme elle peut. Mais un petit groupe de démons à vite compris qu'elle est seule à se battre à ce moment-là. Ils en profitent alors pour se ruer vers eux, sachant le duo plus faible que les autres. Mais Sania ne flanche pas et absorbe les attaques. Ian voit bien qu'il y a un soucis avec les jeunes et décide donc de reporter son attention sur eux. Mais cette inattention lui vaut alors un gros coup de poignard dans la cuisse, le faisant s'écrouler dans un cri de douleur. Sania et Bromir tournent leurs regards vers lui. Malec, lui est encore trop occupé sur Sigmund. Bromir se précipite vers lui pour le couvrir et s'assurer que rien de plus ne lui arrive. Ça commence à être assez tendu et Sania prie intérieurement pour que son ami les rejoigne rapidement. Elle voit le sang couler du nez du jeune homme et s'inquiète de son état. Seulement, les attaques se succédant l'empêchent de s'attarder dessus.

Puis Malec rejoint la réalité et observe rapidement autour de lui. Il voit son père à terre, la jambe en sang, Sania et Bromir autour d'eux en train de repousser les vagues d'abominations. il est comme perdu une seconde puis se précipite vers Ian.

— Papa ! Est-ce que ça va ?

— Oui ça va aller. Continue ! Ils ont besoin de toi. Je m'occupe de ça ne t'en fait pas.

Malec a un regard inquiet à son égard et hésite un instant.

— Écoute, ce n'est pas encore mon heure. Donc vas-y !

L'adolescent se relève et reprend là où il s'était arrêté. Il va soutenir le père et sa fille pour repousser les monstres qui se présentent à eux.

Après un moment qui paraît interminable, le nombre de démons semble baisser. Enfin ! Le quatuor se retrouve seul, ils en profitent donc pour mettre Ian à l'abri, même si d'autres se battent encore. Bromir et Malec le soutiennent tandis que Sania nettoie le passage jusqu'à un coin tranquille avant de retourner tuer les derniers récalcitrants.

À l'extérieur aussi, les archers ont fait de sacrés dégâts. Un nombre incalculable de corps gisent sur le sol. Les derniers survivants ont préféré fuir, craignant pour leur vie et comprenant leur défaite. Le bilan final paraît bien lourd. Au final, l'Organisation était en sous nombre, devant survivre à des centaines d'abominations. Une vraie armée s'est présentée à leur porte et ils ne s'y attendaient pas. Personne, depuis près de 200 ans, n'avait osé les attaquer. Leur nom effrayait, aussi bien les humains que les démons. Mais là, ils se trouvaient désabusés et affaiblis par cet assaut.

Les blessés sont conduits vers les médecins et infirmiers et les morts sont couverts, par respect. Ils sont au nombre de sept, et cela affecte absolument toute l'assemblée.

L'Organisation Partie 1 [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant