L'Organisation Partie 1 [En pause]

Chapitre 12

          Un rayon lumineux annonce le retour imminent de Malec. Ou l'arrivée d'un démon... Comme pour Jasper, les Gardes sont prêts à accueillir quiconque sortira ne ressemblant pas à un de leur humain. Bien qu'éblouis, ils constatent tout de même rapidement qu'il n'y a aucun danger. Sania affiche un large sourire, heureuse de le voir revenir. Mais très vite, elle remarque que quelque chose ne va pas. Il a un visage fermé et avance machinalement vers Bromir. Il tend l'objet de sa quête. Le Chef prend le cadre et le regarde un court instant. Puis il remarque que le jeune homme tient autre chose. Alors qu'il allait demander ce que c'est, Malec lâche le fameux objet qui roule légèrement sur le côté, dévoilant le visage pourri. L'assemblée laisse alors échapper, à l'unisson, un hoquet de stupeur. Seuls Bromir et Sania restent de marbre, trop préoccupés par le ressenti de celui qui avait provoqué cette réaction.

— Cette photo était à lui.

Il ne dit rien de plus et part en direction de l'Organisation sans avoir jamais regardé qui que ce soit depuis son retour. Sania interroge son père du regard, qui hoche la tête en guise de consentement. Sans attendre plus longtemps, elle court pour rejoindre son ami.

           Il lui faut peu de temps pour se retrouver à ses côtés. Sentant qu'il ne veut pas parler, elle se contente de le suivre, en silence. Il sait que lorsqu'il voudra, elle l'écoutera. Pour le moment, elle lui fait bénéficier d'un soutien muet. Ils arrivent finalement dans leur centre. Les gens autour les regardent, étonnés de les voir déjà là, et sans le reste du groupe partit avec eux. Des messes basses titillent leurs oreilles sur leur passage mais ils ne réagissent pas et filent directement dans les couloirs menant à leur salle secrète. Sania referme doucement derrière eux, ne voulant pas perturber la quiétude de la pièce. Elle s'installe en face de celui qui, jusque là, semble au bord de la dépression. Les minutes semblent durer une éternité mais elle le laisse faire le premier pas. Elle ne veut surtout pas le brusquer, au risque de le braquer.

— C'était un homme...

Ces premiers mots sont une énigme. Ça commence bien...

— Qui ça ?

— Celui que j'ai tué.

— Non, c'était un démon...

Elle tente de le rassurer tant bien que mal mais sent bien que ce n'est pas ce qu'il veut entendre.

— J'ai pris le cadre chez lui. Il s'était refait un semblant de son ancienne maison dans laquelle trônait la photo. Il semblait la chérir et la haïr en même temps... Il n'aimait pas ce qu'il était devenu...

Sania ne sait que répondre à ça. Même s'il avait été humain, il n'était plus qu'un monstre... Elle ne comprend pas cet état d'âme soudain pour ces abominations qui ne sèment que la mort sur leur passage. Elle baisse la tête, se sentant impuissante.

— Tu n'es pas d'accord... ?

— Non en effet... Même s'il a reconstruit une maison, je pense que ce n'était dû qu'à une réminiscence de ses souvenirs de son ancienne vie. Mais une fois démon, ils n'ont, pour moi, plus aucune once d'humanité.

— J'espère que tu as raison...

Ne sachant plus quoi faire pour l'aider, elle se lève et va près de lui. Il ne bouge pas et se retrouve d'un coup entouré de bras qui le serrent. Il pose sa tête sur la poitrine de la jeune fille et ferme les yeux. Il ne peut empêcher quelques larmes couler. Il apprécie ce moment de douceur après le combat qu'il a mené. Même s'il savait sur le moment que c'était lui ou le démon, connaître le contexte l'a dérangé.

— Est-ce que ça va aller ?

— Oui. Ça va passer. Il faut juste que j'apprenne à prendre des distances avec tout ça. Sur le fond, je sais que tu as raison. C'est juste cette situation qui m'a posé problème. Je n'avais jamais réfléchi à "l'avant". Mais ce qui compte au final c'est bien leur état actuel.