Chapitre 8

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~ PDV Lucy ~

C'est un étrange sentiment que d'avoir l'impression de flotter. Être aussi légère qu'un papillon et s'élever dans les étendus bleues du firmament. C'est une seconde naissance, une seconde chance. Une libération, aussi bien physique que mentale. Cela pourrait m'être… s'il n'y avait pas cette terrible douleur.

J'ignore depuis combien de temps je suis ici, perdue entre deux mondes, mais cette douleur ne m'a jamais abandonnée. Je songe avec une grimace que c'est probablement la seule chose qui ne m'a abandonnée dans la vie. Toujours différente, et pourtant tellement semblables les unes aux autres. La perte d'un proche, l'abandon d'un père, un sentiment de rejet, de haine, puis, pire encore, l'abandon d'une nouvelle famille qui semblait si prometteuse. Pourtant, ici, maintenant, ce n'est aucune de celles-ci. C'est physique. Une lame acide entre mes côtes. Un point d'ancrage avec la réalité, qui m'empêche de totalement fuir ma déchéance.

Je sais ce qu'il s'est passé. J'ai sauvé Erza –enfin je l'espère- et j'ai perdu la vie. Pourtant, je ne suis pas en enfers, ni au paradis. Je suis peut être entre les deux. Je divague complètement en fait ! Mais, j'ignore où je suis, et je souffre encore. Peut-être suis-je vivante ? Peut-être ai-je encore une chance de connaitre le bonheur… J'ai deux hommes parfaits, deux vies géniales, deux possibilités d'avenir. C'est peut être compliqué, mais peu de gens peuvent se vanter d'avoir autant de choix dans leur vie.

J'agite un peu mes bras fantômes et me rends compte qu'en plus de flotter, je me déplace. J'ignore toujours où je peux bien me trouver, mais au moins, je peux me déplacer… Je continue d'agiter faiblement les bras, avec l'impression de faire du sur-place. C'est avec surprise que je me rends compte que je me suis déplacée. J'ignore de quelle distance, étant donné qu'il n'y a ici aucun repère, mais je sens que je me suis déplacée. En flottant encore un peu, je distingue une faible lumière au loin. Pas vraiment le type de lumière du paradis, blanche et étincelante. Celle-ci est plus faible, ténue. Elle est bleuâtre, comme un feufolet, une lueur dans cet abîme. Au fur et à mesure que j'avance, j'en distingue deux. Elles sont distinctes et je constate, qu'étrangement, elles n'ont pas la même puissance. L'une des deux est vivace, alors que l'autre semble presque éteinte.

Je me retrouve en cette petite lueur calme et mourante. C'est, quelques parts, mon état actuel. Je meurs, pourtant, face à cette évidence, je n'ai pas peur. Ma vie devenait trop compliquée ces temps-ci. Non pas que j'ai souhaité cette situation, loin de là, j'aime vivre. J'aimais. Je suis morte. Enfin je crois…

Soudainement, j'entends presque un murmure. Une plainte.

- Qui… qui est là ?, demandais-je d'une voix craintive.

A ce moment précis, je déteste ma voix. Faible, nasillarde, si fragile qu'elle me donnerait presque envie d'agir comme mes amis dans mon dernier cauchemar. Il me semble lointain désormais. Il a bien quelques mois déjà, peut-être plus… Pourtant, je comprendrais presque ce qui pourrait les pousser à me rejeter ainsi. La faiblesse de mon corps, pour avoir été battu si rapidement, et celle de mon esprit, pour rester coincé ici, sans parvenir à en sortir. Là, maintenant, alors que je pensais tout cela derrière moi…

- … je suis faible.

- Mais non, ne dis pas ça, déclara doucement une ombre, un sourire dans la voix

Je me retournais pour le voir, mais ce que j'aperçus fut encore plus troublant… Une des deux bulles étincelantes s'était éclaircie vers le centre, pour laisser apercevoir deux formes troubles en train de discuter. C'était la seconde qui avait répondu, se rapprochant de la plus menue.

- Tu es la mage la plus forte et courageuse que j'ai pu rencontrer dans ma vie, ma puce…, continua la voix.

Je ne voyais toujours pas qui parlait, et j'étais incapable de reconnaitre la voix. Elle me disait vaguement quelque chose, tout en étant bien différente… Comme pour répondre à mon désir muet, la bulle s'éclaircit encore, et c'est avec surprise que je me découvris, légèrement plus âgée, en compagnie de Sting. Nous étions, je crois, dans la QG de Sabertooth. Je me trouvais sur ses genoux et jouais avec ses cheveux, qui étaient plus longs, écoutant distraitement les derniers ragots que lançait notre barmaid. J'étais –encore- en train de me plaindre de ma faiblesse et de mon incapacité à protéger ceux que j'aimais. Et lui, toujours aussi doux, me promettait que je m'en tirais très bien dans ce monde cruel, et que ce que je pensais faiblesse était une force redoutable. Un doux sourire aux lèvres, je l'écoutais me congratuler sans trop savoir pourquoi. L'autre Lucy, elle, semble heureuse, à sa place. J'ai perdu mon regard lugubre et semble avoir regagné de l'assurance –en dehors de mes plaintes incessantes sur ma faiblesse. J'ai repris des couleurs, je semble contrôler mes émotions. A ce moment précis, j'eu l'étrange impression de me –la- trouver belle…

A chaque choix ses raisonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant