Hope or Fight (spin off de Fight & Hope)

Chapitre 1 - Mendy

– Salut mes Piou-Piou ! lancé-je à mes deux partenaires en refermant ma portière.

Adossés à leur fourgon, Charly et Mickey me regardent approcher en terminant leur cigarette. Comme à chaque fois que je les affuble de ce sobriquet idiot, ils boudent et me font les gros yeux. N'importe qui serait impressionné par ces simples regards de braise, bien aidés, il faut le dire, par leur carrure et leurs tatouages en nombre. Ce n'est pourtant pas mon cas. Un lien particulièrement fraternel nous unit, et je sais très bien ce que je peux me permettre avec ces hommes. Et puis après tout, ce sont eux qui ont commencé la guerre des surnoms, ce n'est donc qu'un juste retour des choses.

– T'es à la bourre, Sweetie, me lance Mickey en jetant son mégot avant de l'écraser du bout du pied.

– Hey, calmos les gars, je me défends en pointant un doigt assuré sous leur nez, mon frangin m'a prévenue au dernier moment. Estimez-vous heureux que j'avais déjà fait mon brushing, sinon vous auriez attendu encore un moment.

Connaissant le sujet par cœur, les deux hommes lèvent les mains en signe de reddition. Depuis que je travaille au refuge, j'ai dû renoncer à une énorme part de ma précieuse féminité, et mes cheveux sont tout ce qu'il m'en reste. Après avoir troqué mes robes hors de prix contre des jeans délavés, abandonné mes talons aiguilles pour d'affreuses paires de baskets, et renoncé à mes poses de résine chez ma prothésiste ongulaire, seuls mes cheveux ont survécu à ma transformation brutale en femme de terrain, et ceux qui me côtoient savent que c'est un sujet sensible sur lequel il vaut mieux éviter de s'aventurer. Je continue de les entretenir avec soin et tiens particulièrement à travailler ma coiffure chaque matin, à défaut de pouvoir me maquiller avec autant de goût qu'avant, la poussière et les poils de chien ayant eu raison de mes diverses tentatives. C'est d'ailleurs lorsque j'ai compris que je ne pourrais plus compter sur mon fond de teint pour me donner l'air mature et respectable, que j'ai décidé de raccourcir mon interminable chevelure brune en un carré mi-long. Si j'espérais ainsi me donner une chance d'être considérée comme une adulte, ce fut peine perdue. Les hommes continuent de me prendre pour leur chieuse de petite sœur, et veillent sans arrêt sur moi comme si j'en avais besoin.

– Bon, alors ? C'est quel genre d'enquête ? demandé-je en m'éventant avec un pan de ma veste en jean, la chaleur étant déjà particulièrement écrasante en ce début de matinée.

Mickey me tend une fiche, que je parcours rapidement des yeux.

– Un dealer suspecté de faire de l'élevage de pitbulls pour alimenter le trafic des combats clandestins, m'explique-t-il. D'après plusieurs témoignages de voisins, les chiens sont dans un sale état, et les installations pas franchement adaptées.

– Très bien, Logan a dit ce qu'il voulait ?

– Le gars qui habite la baraque d'à côté a proposé de nous laisser entrer pour qu'on ait un angle de vue sur la cour arrière, apparemment c'est là que ça se passe. On doit seulement faire un rapport sur ce qu'on voit depuis l'extérieur, et prendre des photos si on le peut.

– Ok, alors c'est parti, annoncé-je en lui rendant la fiche et saisissant le bloc-notes que me tend Charly.

– Attends un peu, me reprend Mickey en posant une main sur mon bras. Le boss a bien précisé qu'on se contentait de notes et de photos, c'est compris ?

Je sais parfaitement qu'il fait allusion à mon tempérament parfois volcanique et difficilement contrôlable, mais j'aimerais tout de même qu'un jour, mon frère et ses hommes soient capable de me faire confiance, au lieu de me prendre pour une gamine écervelée.

– C'est compris, Tonton. Bon, on peut y aller, maintenant que tu m'as transmis les volontés du grand patron ?

– T'es vraiment une emmerdeuse, Sweetie, grogne-t-il.