Hope or Fight (spin off de Fight & Hope)

Chapitre 3 - Mendy

            Logan passe devant moi pour pénétrer dans le petit bâtiment administratif. Nous y accueillons le public, y conservons toutes les archives et c'est également dans cette annexe que se trouve le bureau qui m'a été attribué pour travailler sur les enquêtes ou m'occuper de la paperasse. L'espèce de grosse brute le suit, et je ne me prive pas de lui faire comprendre d'un regard noir ce que j'ai pensé de sa prestation.

J'ai horreur de la violence. On pourrait se dire que c'est un comble puisque je baigne carrément dedans, pourtant je suis incapable de le cacher. Le cauchemar que mon frère a traversé m'a marquée à vie, et maintenant que tout cela est derrière nous, je veux me tenir la plus éloignée possible de ce genre d'énergumènes, qui parlent avec leurs poings et n'ont aucun respect d'autrui. Heureusement, Logan fait un travail extraordinaire avec les ex-détenus qu'il emploie, car tous adoptent un comportement exemplaire ici. Les récalcitrants sont très rares, et ne font pas long feu au refuge s'ils refusent de se remettre en question.

Et c'est exactement dans cette catégorie que je range le grand baraqué qui se tient maintenant près du comptoir d'accueil. Un petit filet de sang coule de son front légèrement entaillé, mais je ne perçois aucun signe de douleur sur ce visage aux traits fermés.

– Mendy, tu peux t'occuper de lui ? me demande Logan en lui indiquant la chaise devant mon bureau.

– Hein ? m'étranglé-je.

– Il s'est blessé, reprend mon aîné en ignorant ma stupéfaction, prends la trousse à pharmacie et vois ce que tu peux faire, je dois aller voir comment va l'autre.

– Ouais, il s'est blessé, mais personne ne lui a demandé d'assommer le premier venu avec son crâne, si ? marmonné-je en faisant mine d'avoir des papiers à ranger derrière le comptoir.

– Mendyyyy... grogne Logan en me faisant les gros yeux. Ne fais pas ta tête de mule. Il faut que j'aille voir si Cora peut s'occuper de Jay sans qu'on ait besoin de l'emmener à l'hôpital.

– Pourquoi ? Pour sauver les miches de celui-là ? demandé-je en désignant Brutus du menton.

– Dis donc, où est passée ton empathie, petite sœur ?

– Au même endroit que la sienne, réponds-je sèchement.

Je n'aime pas que l'on mette en doute mon altruisme. Pas après tout ce que j'ai dû faire pour tenir moi-même ce refuge, lorsque le gang auquel appartenait Logan l'a détruit au point où nous ne savions pas s'il pourrait retrouver sa vie un jour. Pas après toutes ces semaines passées à gérer les employés, les enquêtes, les sauvetages et les adoptions. De la tolérance, du courage et de la ténacité, j'en ai filé plus que de raison.

– Je te rappelle que c'est moi, qui suis actuellement en colère après toi, me fait-il remarquer en rejoignant la porte.

– Ça ne fait pas de moi une infirmière, continué-je de râler en attrapant tout de même la trousse de secours dans son placard.

Me laissant à ma mauvaise humeur, il quitte le bâtiment et la porte se referme lentement. Mon patient improvisé m'observe sans un mot, toujours debout près de mon bureau tandis que j'approche sans daigner lui adresser un regard, déterminée à lui faire comprendre que je n'ai aucune envie de m'occuper de son cas. Lorsque j'arrive près de lui, ma confiance s'évapore quelques secondes devant son imposante carrure et l'aura presque dominatrice qu'il dégage. Prenant une bonne respiration pour tenter de retrouver un minimum d'assurance, je viens me poster face à lui et me laisse aller contre le bord du bureau, relevant les yeux pour lui adresser une moue à peine aimable.

– Bon, va falloir poser votre postérieur au fond de cette chaise si vous voulez que je puisse atteindre votre front, grommelé-je en plantant mes deux poings sur mes hanches.