Chapitre 8 - Lewis

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Deux jours plus tard.

Errant à pas hésitants entre les rayons soigneusement achalandés, je tente avec difficulté de faire un choix pour mon repas de ce soir. Jambon chips ou Pasta Box, dur dilemme... Mes années de prison m'ont appris à ne pas être difficile, et comme je ne suis équipé que d'un micro-ondes dans ma petite piaule au refuge, la liste des possibilités est vite passée en revue. J'espère avoir rapidement de quoi m'acheter une gazinière, et encore, même si c'était le cas, je n'en serais pas pour autant capable d'enfiler un tablier pour me faire à bouffer. Optant finalement pour les pâtes, histoire de manger chaud, je jette la boîte dans mon panier et me dirige vers le rayon des boissons.

De taille modeste, cette petite supérette située à l'entrée du centre-ville de Green Bay me convient parfaitement pour mes quelques achats quotidiens. Chaque jour, après avoir effectué toutes mes tâches au refuge, je viens ici chercher de quoi manger le lendemain, mais surtout pour savourer ce sentiment fugace de liberté. Marcher dans les rues, sentir la brise légère ou les rayons du soleil chatouiller mon visage, écouter les sons de la ville, et remarquer tous les petits détails qui disparaissent de notre mémoire lorsque l'on vit enfermé entre quatre murs insalubres, sous le regard inquisiteur des matons ou d'un compagnon de cellule.

En trois petits jours, je me suis réhabitué au bruit des voitures, des engins de chantier, à l'odeur de la pluie, aux couleurs de l'automne, aux rires des enfants... La vie se réinvite peu à peu dans mon cerveau, je dois réadapter certains de mes réflexes et j'ai bien l'impression que c'est ce qui me sera le plus dur. Comme lorsque la caissière tente de me faire la conversation, ou qu'un gamin me frôle en courant au beau milieu des rayons. J'ai peur de mes réactions, mais je dois m'y confronter pour reprendre le dessus au plus vite.

Alors que je choisis une bouteille de jus de fruits, le poids d'un regard dans mon dos me saisit et m'oblige à me redresser prudemment pour vérifier autour de moi. Sans surprise, j'aperçois un gaillard douteux au bout de l'allée, puis un second entre les rayonnages de la suivante. Je ne les ai jamais vus, mais le tatouage que j'aperçois sur leur tempe gauche ne laisse aucun doute. Les Street Masters m'ont retrouvé.

Poussant un soupir d'exaspération, je me dirige tranquillement vers les caisses pour régler mes achats. Ils savent que je les ai vus et reconnus, je sais qu'ils m'attendront dehors. Comme un accord silencieux, un programme déjà établi entre eux et moi.

Je ne cille pas le moins du monde lorsqu'ils me rejoignent de l'autre côté des portes automatiques, et me contente de scruter l'horizon calmement.

– Hempton, commence le plus trapu, Armando t'attend.

Tiens donc. Armando Varo, rien que ça.

– Il attendra longtemps, réponds-je toujours sans leur accorder le moindre regard.

– Fais pas l'idiot, tu sais que tu vas perdre à ce petit jeu, ajoute l'autre.

– Y a plus de jeu, tranché-je sans hésitation. Vous pouvez repartir comme vous êtes venus, on sait tous les trois que vous ne m'emmènerez nulle part.

Pas besoin de les regarder pour savoir qu'ils se consultent l'un l'autre afin décider si oui ou non, ils se sentent capable de tenter la manière forte avec moi. Sans étonnement aucun, j'entends le petit trapu se racler la gorge.

– Bien, articule-t-il prudemment, on va lui dire que tu refuses. Tant pis pour toi.

– Voilà, c'est ça.

Je m'éloigne avec calme et assurance pour clore la discussion, ne craignant aucunement la moindre intervention de leur part. Armando ne m'a pas envoyé les deux plus vaillants de ses soldats, c'en est presque vexant.

Hope or Fight (spin off de Fight & Hope)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant