CHAPITRE 6

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Voilà bientôt dix jours que Mario s'est envolé sous d'autres cieux. Entre temps, les cours reprirent ainsi que les séances d 'étude chez Orpa. Chaque fois que je franchissais le portail de cette demeure, mon cœur se serrait.
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Cette année, plus de Mario pour me ramener chez moi mais surtout plus de Mario pour me câliner, pour me sourire, pour m'enchanter.
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Mario me manquait sérieusement.
Il m'arrive encore de ressentir cette profonde tristesse, cette solitude mais me consacrer à mes études me fut d'un grand secours. Cette tristesse me rend parfois agressive envers mes proches mais personne ne comprend et je ne peux rien expliquer. Seule Neka le savait mais elle n'était pas toujours là quand j'avais besoin d'extérioriser mes peines.
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En effet, Neka continue ses études dans une autre ville, celle où se situait l'université de notre pays. Neka était inscrite en médecine. Elle rentrait de façon mensuelle. Je ne pus m'en ouvrir qu’ à Orpa de ma tristesse et du manque que je ressentais.
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Le sentiment amoureux se mesure à l'ampleur du manque, à l'état fiévreux dans lequel l'absence de l'autre nous plonge. Cela pèse lourd, l'absence de l'autre. Bien plus lourd qu'une disparition. Parce que avec les morts, on sait qu'ils ne reviendront plus. Mais je suis certaine que l'absence ne saurait détruire le véritable amour et le temps n'en saurait venir à bout.
La distance est uniquement un test afin de savoir jusqu'où l'amour peut voyager. La distance nous donne une raison d'aimer plus fort.
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La distance ne veut rien dire si les deux cœurs sont fidèles. Pour l'instant, je me contenterai de tenir Mario dans mon cœur en attendant de me blottir à nouveau dans ses bras. Plus longue est l'attente, plus doux est le baiser et un jour cette distance ne sera qu'un vulgaire souvenir.
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Mario appelait à la fin de chaque séance d'étude avec Orpa. Nous passions des minutes au téléphone en nous remémorant nos bons moments et en nous promettant fidélité.
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Ma gorge se nouait à chaque fois que je devrais raccrocher.
L'année académique s'écoula doucement et Orpa et moi nous préparons activement pour l'examen. Mario ne manqua pas de m'appeler la veille pour me donner des conseils pratiques.
Le jour de l'examen coïncidait avec mon jour de naissance. J'avais dix-huit ans révolus maintenant. Enfin majeure !
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Je me dis que ceci devrait être un bon présage. En effet, tout se passa très bien pendant les trois jours qu'a duré l'examen et à la fin, je ne doutai point de ce que je serai admise.
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Après l'examen, les vacances débutèrent. Elles furent pour moi un moment de grande tristesse surtout que Mario m'avait fait comprendre qu'il ne pourra plus rentrer comme prévu.
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Heureusement que Neka sera là.
Ce matin du début des vacances, Orpa me téléphona à la résidence de mes parents pour me demander de lui rendre visite le lendemain à une heure à ma convenance. J’acquiesçai sans hésiter. De toute façon, je n'avais rien à faire d'autre que d'attendre les résultats de mon examen et passer du temps en compagnie de Orpa me ferait du bien. Elle était mon amie avant d'être la sœur de Mario.
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Le lendemain, après avoir fini mes travaux domestiques, je sollicitai l'autorisation auprès de ma mère pour me rendre chez Orpa.
Une fois chez mon amie, elle m'accueillit avec un si large sourire que j'ai cru un instant que les résultats des examens ont été anticipés.
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- Mais Orpa, tu es visiblement heureuse ;
- Irma, je peux t'assurer que tu le seras encore plus que moi après avoir vu la surprise que je t'ai réservé.
- Surprise. Orpa de quoi parles- tu ?
- Viens avec moi Irma.
Orpa prit ma main me traîna en toute vitesse vers l'une des salles de leur vaste demeure.
Avant d'y entrer, elle me cacha les yeux avec ses deux mains puis une fois entrée, elle m'aida à avancer et me fit promettre de ne pas ouvrir les yeux tant qu'elle ne m'en donnera pas l'ordre. Je le lui promis. Elle me lâcha. Au fond, le manège de Orpa m'amusait et me détendit. Toujours drôle cette fille. Que voulait-elle encore me montrer ?
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J'étais plongée dans ma petite réflexion les yeux fermés quand je sentis deux mains effleurer mes joues. Ces mains, je les reconnaîtrai entre des milliers.
Eh oui, comme tu t'en doutes déjà ma fille, c’était bel et bien Mario. L’amour de ma vie.
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J'ouvris instantanément mes yeux, voulut crier de joie mais aucun son ne sortit de ma bouche.
J'étais là, figée comme dans une sorte de torpeur le regardant silencieusement.
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Les dix mois de tristesse disparaissent en moins de temps qu'il faut pour le dire.
Son sourire si particulier à admirer, la douceur de sa peau à caresser. Son odeur et ses yeux dans les miens sont juste là. ... devant moi. Mon Dieu je rêve !
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Je sentis battre mon cœur si fort que j'eus l'impression qu'il va exploser. Le premier amour est fort et nous fait passer par des émotions prenantes, nous chatouille le cœur, nous illumine les yeux et donne un sens à notre vie.
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Mario prit mes lèvres dans les siennes et m'embrassa tendrement. L’avantage de la distance est que les retrouvailles sont aussi magiques et intenses que les séparations cruelles et déchirantes.
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- Mais Mario, tu m'avais dit que tu ne rentrais pas,
- Oui Irma, parce que mon père ne voulait pas me payer mon billet.
- Mais tu es là Mario, il a fini par céder alors.
- Non, depuis qu'il m’a fait savoir cela, je travaillais les soirs après les cours et je me suis achetée mon billet moi - même. Il fallait que je te voie, ma chère Irma.
Cette déclaration m'émut davantage. Il ne m'a donc pas oublié comme je le pensais. Et il a fait tout cet effort pour s'acheter un billet, rien que pour moi......
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- Dis-moi Mario, que faisais tu comme job. ?
- J'avais deux jobs : agent d'entretien dans une structure et vendeur dans un macdo.
- ce n’est pas vrai ! Toi le fils d’un riche homme d'affaires, tu as fait ça ?
- c'était la seule condition pour disposer de l'argent pour venir te voir Irma. La vie est chère là -bas et ce que mon père m'envoie parait énorme ici mais une fois convertie en dollars, ce n'est pas grand-chose.
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Il n'en fallait pas plus pour me faire fondre.
J’attrapai ses lèvres pour nous conduire dans un moment d’extase. Après tout c 'est lui-même qui m'avait initié mais il semble que l'élève a dépassé le maître.
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Je sens que je vais passer de belles vacances comme il y a une année.

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