Chapitre 82

626 107 6
                                    

PDV Mariam

Une très grande villa remplie de jeunes qui s'amusent en dansant, mangeant, buvant et flirtant.Ils sont tous vêtus de vêtements coûteux.Je les observe depuis le balcon et pour la première fois de ma vie,je ne me sens pas à ma place.

Pourquoi j'ai organisé cette fête ?

Pour montrer que tout va bien dans ma vie ?

Si c'est le cas,alors c'est faux,je me trompe complètement.

Pourtant,qui me verrait dans cette robe de haute qualité étincelante rouge à fines bretelles,ces escarpins et cette perruque très chère penserait le contraire.

-Hey ça va ?

Je fais volte face pour voir ma sœur.

C'est si agréable de l'appeler comme ça.
Je suis tellement heureuse qu'elle soit venue.

Nos discussions sur Facebook et récemment sur WhatsApp m'apportent tant de bonheur.
Elle est si drôle,si sympathique et franche et quand elle m'a finalement dit qu'elle sera présente à mon birthday, j'étais euphorique.

Je fais mon possible pour lui donner tout l'amour dont elle a manqué pendant 22 ans à cause de mon père mais je crains que ce ne soit pas suffisant.

Cet homme doit payer même si ça me brûle de l'intérieur et que ma mère et mes frères me haïssent à cause de ça.

-Non ça va pas et je doute vraiment que ça aille un jour, dis-je d'une voix brisée.Mon père est un monstre,il a détruit la vie de ta mère et la sienne aussi.Il ne mérite pas sa liberté.Je ne sais même pas pourquoi j'ai organisé une fête.Ma vie est un désastre et je dois me foutre de ce que penseront les autres.Regarde moi,qui me verrait habillée ainsi m'envierait alors que je suis détruite de l'intérieur.

J'explose en larmes et elle m'attire à elle.

Je pleure et remercie intérieurement le DJ parce que sa musique est assez forte pour que personne m'entende pleurer.

-Chut Mariam c'est très dur mais c'est la vie.Tu surmonteras tout ça et ton père va payer,un jour ou l'autre.

-Tu sais ce qui me chagrine encore plus c'est le fait de ne pouvoir rien dire parce qu'il pourrait s'en prendre à Ibrahima ou à toi.Je vis avec un malade,je ne le regarde plus comme avant.Même quand il s'approche trop près de moi,je sursaute.J'ignore s'il l'a remarqué.

-Chut apaise toi,me fait Astou d'une voix douce.

-Je peux pas soeurette,je ne me reconnais pas.Je me regarde tous les jours dans le miroir et j'ai pas l'impression de voir mon reflet.J'ai beau parler au psy mais  absolument rien de ce que je lui dis ou qu'il me répond ne m'aide.

-Et la prière, interroge-t-elle.

-Je ne prie pas, dis-je doucement.

-Pourquoi Mari ?Prier c'est très important.Tu es une musulmane.C'est un devoir.Je me suis souvent sentie mal dû au fait que j'ignorais mes origines,que j'étais seule malgré la présence de mes amis et collègues puis plus tard de mon p'tit ami.J'ai encore été plus détruite en apprenant comment j'étais née et que ma mère m'a non seulement laissée dans un orphelinat et de surcroît a fait en sorte qu'on ne m'adopte pas.Malgré toute cette douleur,toute cette rancoeur,ce désespoir, j'ai prié jour et nuit en demandant à Dieu de m'aider à m'apaiser et ça marchait toujours.Apprends à avoir confiance en Dieu, lance-t-elle très inspirée.

-Je me sens pas prête à prier, j'ai besoin d'y croire,je veux pas faire semblant ou m'y mettre uniquement parce que je suis désespérée et au final arrêter quand ça ira mieux,fis-je.

La Sénégalaise Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant