PDV Madjiguène
La demeure des Gassama n'avait pas changé.
Chaque coin ou recoin sur lequel je posais mes yeux réveillais en moi des souvenirs que je croyais oubliés depuis longtemps.
Nos parties de "daké"(poursuite) à Karim et moi qui se finissaient la plupart du temps par mes pleurs et cris parce que je m'étais blessée quelque part en trébuchant.
Maman Sira qui sort de la cuisine en courant et qui me soulève de terre pour ensuite m'appliquer de l'alcool et un pansement tout en me faisant d'innombrables reproches.-Quand vas tu enfin comprendre que courir n'est pas fait pour les filles ?Regarde toi,tu es en train de te défigurer.J'ai peur que tu ne trouves pas de mari à cause de ces nombreuses cicatrices.Heureusement que ta maman est une femme comprehensive et qu'elle ne me créera pas de problèmes.
Je pleurais davantage et elle me serrait fort.
Elle s'adressait ensuite à ses mômes toujours en colère :
-Toi Karim, pourquoi tu acceptes de jouer avec elle tout en sachant que c'est dangereux?Et toi Amsatou, à quoi tu sers, pourquoi tu ne les surveilles pas et ne demandes pas à Madjiguène de venir jouer à la poupée ou à la dînette avec toi plutôt que de courir après celui là ? Tchiiiiiiiiiiiiip !
Le garçon est tout honteux et baisse les yeux en bafouillant des excuses à peine inaudibles.
Par contre,la fille a tellement la langue pendue qu'elle ne se prive pas de rétorquer et avec assurance :-Elle veut jamais m'écouter parce que c'est Karim qu'elle préfère.
Elle s'en va ensuite précipitamment craignant certainement que sa mère ne se lève pour la rouer de coups.
Maman Sira a fini de me soigner.
Elle me demande de rester tranquille, qu'elle partait continuer sa cuisine et reviendra bientôt avec un délicieux tieb.Je lui souriais heureuse de bientôt manger un de ses mets.
Karim vient s'asseoir près de moi la tête toujours baissée et assure qu'on ne jouera plus à se courir après et qu'il était désolé.
Je le supplie qu'on recommence et que cette fois,je serai prudente.
Après beaucoup d'hésitations,il finissait par abdiquer.
C'était la belle vie, sans encombres.
Notre principal souci était de se remplir le bidon et de s'amuser comme jaja.Mes yeux rencontrent ceux de maman Sira qui avait maintenant des rides mais pas beaucoup et avait pris de l'embonpoint.
Cependant, elle demeurait toujours belle.Je cours me réfugier dans ses bras.
-Maman Sira, comment ça va? Ça fait du longtemps, dis-je contre elle.
Elle sentait le "thiouraye"(ensence) comme à son habitude.
Je le repire de plein poumons.
C'était si bon agréable !
Oh la la !
-Je vais très bien ma princesse et toi, fait-elle.
-Ça va aussi.
On s'installe sur les fauteuils et elle me donne à boire.
Du délicieux bissap qui me rafraîchit la gorge.
-Karim, Amsa et Malick étaient à la maison.J'ai demandé après toi et Malick m'a dit que tu préférais rester ici et t'occuper de ta maison,fis-je un peu boudeuse.
VOUS LISEZ
La Sénégalaise Tome 3
AcakMadjiguène passe les meilleures vacances de sa vie avec Abdoul et les autres.Elle se sent très épanouie et aimée.Sa relation avec ses parents a un peu évolué mais le secret qu ils lui cachent crée toujours un certain fossé. Sa mère très désireuse de...