"CONNARD DE MEEERDE !!!"
Mes poings frappent la porte... ça sert à rien et je le sais pertinemment. Parfois, l'humain fait des trucs illogiques pour avoir l'impression de contrôler la situation. C'est pas le cas, bien sûr, mais ça soulage.
"T'as fini ?" demande Lizzie, lasse. "Je ne ferai pas l'affront de te rappeler qu'il y a une urgence puisqu'on entend que ça. Je crois qu'il nous a enfermé là pour nous protéger... c'est complètement à côté de la plaque mais un peu gentil quand même : typiquement ton père, quoi."
L'alarme n'a pas cessé de nous vriller le cerveau, elle semble juste normale à présent et la lumière rouge qui clignote au plafond aussi. On s'habitue vraiment à tout...
"Tu sais quoi ?" je marmone en regardant un peu partout dans le bureau. "Y'a des fois où je suis pas mécontente d'être sa fille."
"Toi tu vas faire une connerie."
Bien sûr... quoi d'autre ?! Il m'a élevé bizarrement, genre vraiment : qui apprend à une gamine de trois ans comment déverouiller une serrure avec un porte-mine ? Personne de sain d'esprit et si j'ai une certitude dans ce monde chaotique, c'est bien que mon père est fou. Alors ouais, je vais pouvoir ouvrir cette porte parce que c'est l'un des premiers trucs que j'ai appris à faire dans ma vie.
Il faut que je trouve un petit objet, long et fin... alors je fouille les dossiers sur son bureau. Il ne range jamais rien, c'est une vraie plaie mais je fini par tomber sur la pince qu'il utilise pour arracher les câbles de son téléphone. Ça aurait pu être marrant si c'était pas aussi désespérant : ils ont renforcé les câbles avec du métal et les ont carrément attaché au mur, c'est un multi-révidiviste.
"Dis, tu comptes pas crocheter la serrure ?" s'inquiète Lizzie. "On est au Siège, là... c'est pas n'importe quoi : y'a des tas de protections."
"Sois pas ridicule, je sais très bien qu'on peut pas forcer cette serrure."
Avec la pince, je découpe un bout métallique qui sert à fermer les volets automatiques et je le tourne trois fois autour de mon doigt pour modeler le crochet dont j'ai besoin.
"Ah ouais ? Parce qu'on dirait vraiment que tu te prépare à crocheter une serrure..."
"C'est le cas."
J'essaie de ne pas me marrer en voyant la tête de Lizzie et c'est difficile, vraiment... elle est totalement paumée, la pauvre. Ça se voit qu'on lui a jamais appris comment casser le système. Alors je lui explique :
"T'imagines si quelqu'un l'enferme là-dedans ? Ça pourrait être dangereux... le Siège a tendance à s'enflammer régulièrement, tu sais : y'a beaucoup d'alters de feu dans le coin. Du coup, il garde forcément une clef de secours quelque part dans ses tiroirs."
"T'es incroyable."
"Ouais, je sais : attends dix-quinze minutes que j'ouvre cette porte puis on va lui botter le cul."
Il ne me faut qu'une poignée de minutes pour crocheter la serrure centrale qui ferme ses tiroirs. Facile. Il ne me reste plus qu'à fouiller tout le meuble, tiroir après tiroir. Je suis tellement furieuse que j'arrache le premier et je suis prête à tout foutre au sol.
"Fais gaffe, y'a peut-être des trucs qui appartenaient à ta mère." averti Lizzie.
À deux doigts de tout casser, j'arrête. Elle a raison, bien sûr : ma colère ne justifierait pas ça, rien ne m'autorise à briser quelque chose qui lui appartenait. Rien. Jamais.
VOUS LISEZ
Yellow Fox
Science FictionMoi, Ashley Atkins : super-héroïne malgré-moi... En l'an 2036, une guerre nucléaire détruit le monde. Pendant les dix années qui suivent, des altérations naissent chez les êtres-humains. Un siècle plus tard, elles sont totalement interdites et les A...