14. La Grande Loterie de la-Vie-est-une-Pute

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Je cours...
... le plus vite possible...
... et loin, très loin.

Mon visage est recouvert de peinture, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour cacher encore mieux mon identité aux caméras, en plus de mon masque pour respirer et de ma visière de protection pour la peinture, bien sûr. Ça m'évite de devoir enfiler l'un de mes sweat-shirts, ils sont beaucoup trop emblématiques. Je sais qu'IL va récupérer les images de ce soir, IL va traquer toutes les caméras du quartier : heureusement que l'éclairage est naze dans New-Paris, ça va sauver ma vie.

Putain de merde...

Excusez-moi, je suis un peu en état de choc. J'ai fais quelques vérifications, en dix minutes de cavale : ce n'était PAS un problème avec la gravité en fait et je crois que je le sais depuis le début. Mais... c'est... dur : j'ai grandi en observant la traque des Alters, je n'ai jamais imaginé que je pourrais me retrouver à leur place, un jour. C'est vraiment difficile.

J'ai sauté plusieurs fois ce qui m'a permit de m'éloigner des flics. Après avoir bondit sur plusieurs immeubles, je suis restée sur un toit pour camoufler tout ce qui aurait pu permettre de m'identifier et comme je n'avais pas grand-chose, je me suis contenté de badigeonner toute la peau qui dépassait de mes protections avec plusieurs couleurs de peinture. Ensuite, j'ai utilisé un escalier de secours pour marcher dans les rues : ils vont commencer par fouiller les toits, faut pas traîner là-haut.

Alors j'ai couru malgré la douleur qui pulse le long de ma cuisse et qui remonte jusqu'à mon bassin. Je cours comme quelqu'un de PAS SUSPECT du tout, y'a rien de plus normal que de faire un p'tit footing à la nuit tombée... c'était peut-être pas le choix le plus judicieux, j'admet mais ça m'a permis de m'aérer l'esprit. Et j'en ai besoin, aujourd'hui plus que jamais.

J'ai fais une liste des symptômes : grandes impulsions avec les jambes au-delà des capacités humaines, légèreté anormale du corps et rebonds sans la moindre fracture... ça ressemble à l'altération de saut. Il paraît que c'est une chiure à capturer pour les flics, je suis du bon côté alors. J'estime avoir eu de la chance à la Grande Loterie de la-Vie-est-une-Pute : moi, mon éducation et une altération de saut... y'a pire. Heureusement que mon père est un connard, c'est comme si j'avais été entraînée toutes ces années exprès pour ça.

Maintenant, il faut que je me mette à l'abri. Hors de question que je retourne chez moi : c'est vrai que ça serait plus simple mais y'a Jim là-bas et je ne vais quand même pas m'enfermer avec un flic anti-alter ! C'est trop dangereux, il ne m'inspire pas confiance surtout depuis qu'il a décidé de m'enfermer coûte que coûte.

Je dois traverser le pont pour aller dans le Paris Traditionnel, le Manoir Le Roy est mon meilleur atout (rien de mal ne peut m'arriver quand je suis avec Lizzie) dès que j'aurai trouvé un moyen d'outre-passer les contrôles de Police malgré mes vêtements boueux, ma jambe ensanglanté et les tâches de peinture... ils ne me laisseront passer que si je leur dévoile mon identité mais c'est proscrit : ça serait offrir un indice à mon père et le moindre dérapage pourrait m'être fatal.

Quand on y réfléchit bien, un pont est composé de trois parties et rien ne m'oblige à marcher au milieu : je pourrais passer par en bas ou bien me hisser tout en haut. Je choisi un mélange des deux : mes mains aggrippent les clefs de voûte, par-dessous le pont pendant la moitié et je dépasse aisément les contrôles. Quelques mètres plus loin, j'escalade la structure en métal et j'utilise mes nouvelles capacités pour atteindre une arche : il ne me reste plus qu'à bondir de pillier en pillier jusqu'à l'arbre le plus proche.

Yellow FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant