33. L'ingrédient mystère

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Je n'ai pas compris immédiatement pourquoi tout le monde ricannait, ce matin-là, à la Police anti-alter de Paris... sans doute aurais-je dû m'y préparer plus sérieusement car tout le monde sait que ce milieu est connu pour ses bizutages. Comme nous avons que quinze ans, ils ne peuvent pas nous attaquer mais rien ne les empêche de faire des blagues un peu nulles et surtout pas moi : je SUIS une putain de blague.

"Salut Marc !"

Il est entré sans me regarder, il n'a pas levé une seule seconde ses yeux vers nous, les neuf stagiaires. En revanche, tous mes camarades se sont retournés vers moi avec un air interrogatif... l'une d'elle a lu mon badge : A. ATKINS et elle a soufflé du nez d'un air excédé. J'imagine qu'elle a travaillé dur pour arriver ici et qu'elle croit que j'ai été pistoné... ce qui est vrai et personne ne sait à quel point : les Alters m'ont aidé, eux aussi.

"Ne perdons pas de temps en bavardage... ah bon ?" lit Marc en fronçant ses sourcils d'un air déçu. "Bon... on se rattrapera plus tard."

Un chuchotement étonné se répand entre nous, ils ignorent que Marc n'a pas écrit ce discours et qu'il se contente de le lire. J'ai d'abord cru qu'il y a eu un problème en interne, c'est plus ou moins le cas si on peut appeler une blague nulle "problème".

"Si vous êtes ici c'est parce que vous êtes les meilleurs des meilleurs des meilleurs ! Mais ne rêvez pas, vous n'êtes qu'une bande de gamins complètement... olala, Jim... mais je peux pas leur dire ça, voyons !"

Ses yeux lisent le texte rapidement... il le fait défiler du bout d'un doigt avant d'hocher la tête d'un air satisfait.

"Aujourd'hui est un grand jour pour vous tous : vous êtes les dix nouvelles..."

"Neuf." interromp la fille qui ne m'aime pas d'un air glacial. "Nous sommes neuf, ici et ELLE n'a rien à faire là. De plus, vous ne représentez pas le meilleur de cette police et si c'est le cas, je m'inquiète sérieusement du niveau. Je croyais qu'il n'y avait que la crème de la crème mais il semblerait que la mayonnaise ait tourné."

"Le dixième a dû arriver en retard alors c'est fini pour lui." j'explique. "On le retrouvera peut-être à la cafétéria, il nous servira le hâchi-parmentier liquide à l'ingrédient mystère... ce plat est à lui seul une vengeance contre le système alors je suppose qu'il aura le meilleur job de toute la Police de Paris."

"Et c'est pour ça qu'elle a sa place ici, au même titre que vous tous." conclut Marc avec un large sourire. "Ne commencez pas à vous tirer dans les pattes dès aujourd'hui... je vous conseille d'attendre quelques années quand vous serez apprentis, ça vous sera bien plus utile."

La poignée tourne vigoureusement, deux et puis trois fois alors Marc grogne quelque chose qui ressemble vaguement à un 'attends un peu' et il conclut son discours sans reprendre son souffle :

"Puisque vous êtes les meilleurs des meilleurs des meilleurs et qu'aujourd'hui est un si grand jour dans votre vie, vous méritez l'accueil du meilleur des meilleurs des meilleurs... non seulement, il est le chef de la Police Spéciale de Paris donc le meilleur des agents de France mais il est en plus, et depuis peu... LE DIEU SUPRÊME !!!"

C'est pas vrai !

Ne me dites pas qu'ils ont réussi à le faire venir... ne rêvez pas, le fait que je sois là aujourd'hui n'y change rien et quand la porte s'ouvre enfin pour faire rentrer un homme à la carrure imposante qui est le seul à ne pas porter le costume officiel, je soupire : ce n'est pas lui.

Il porte vaguement la bonne tenue mais ce noir est trop vif, je sais que les costumes de mon père sont tous délavés et ne parlons même pas de la cravate. Non, n'en parlons pas : celle-ci est bleue ! Qu'est-ce qui leur a prit ? Personne ne pourra tomber dans le panneau : l'imposteur porte carrément un casque de moto, c'est trop énorme.

Yellow FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant