17. Danser la salsa dans ma cage thoracique

107 15 32
                                    

La chose la plus difficile pour Lizzie dans cette affaire, c'est qu'elle a dû déchirer puis brûler puis séparer les cendres et jeter toutes les photos qu'elle a prise de Yellow Fox depuis des années et des année. J'ignore pourquoi elle n'a pas voulu faire une prière au Dieu des Pancakes, debout sur une jambe et elle n'a pas pu s'arrêter de rire quand je lui ai suggéré d'enrouler les sacs poubelles dans du jambon radio-actif avant d'envoyer tout ça dans l'espace. Tant pis, peut-être que mon père trouvera un moyen de recusciter les cendres, rassembler les morceaux et qu'il m'enfermera dans une prison : ça sera de sa faute à elle, on est d'accord ???

La chose la plus difficile pour moi, je crois que c'est...

Vrrr - Vrrr - Vrrr

... ça !!!

"PAPA !!! IL EST 3H DU MATIN ! JE M'EN FOU TOTALEMENT QUE TU DORMES PAS MAIS ON NE FAIS PAS FONCTIONNER LA MACHINE À CAFÉ PENDANT LA NUIT : ÇA FAIT TREMBLER LES MURS, PUTAIN !!!"

"Range ta putain au placard." crit-il.

"J'peux pas, y'a déjà fais chier et bordel."

"Haha, très drôle."

"T'ES QU'UN CONNARD DE TOUTES LES MANIÈRES !!! ... je vais ranger connard dans le placard aussi mais je récupère bordel ou putain, du coup ???"

Le silence me répond alors je peux enfin fermer les yeux et essayer de me rendormir, c'est du luxe dernièrement... comment pourrais-je dormir ? Walter Atkins a déplacé ses bureaux dans notre salon : entre la machine à café qui vibre toutes les dix minutes, les coups de téléphone incessants et les coups de marteau qui suivent (pour casser lesdits téléphone, bien sûr)... c'est l'enfer.

Est-ce qu'il a le droit de faire ça ? Non, pas du tout... mais il a fini par piger un truc : il est le Dieu Suprême alors aucune règle ne s'applique, il est au-dessus des lois. Ça me retombe dessus, bien sûr...

"C'est pas de ma faute si le fabriquant a foutu un marteau piqueur dans les cafetières." dit-il. "J'ignore à quoi ça sert tout ce boucan... j'ai démonté six modèles différents mais je n'ai toujours pas compris d'où venait le bruit."

Je rouvre les yeux : j'avais réussi à me rendormir, juste deux minutes avant qu'il vienne me réveiller pour m'expliquer ça. J'aurai bien voulu lui balancer un oreiller à la gueule pour le faire partir mais la dernière fois que je l'ai fais, il m'a remercié : sa chaise est un peu trop rigide pour travailler et c'est plus supportable avec un oreiller entre lui et le dossier en métal. Depuis, il me manque un oreiller et je dors encore moins bien ! Qu'ai-je fais pour mériter un père pareil ?! J'étais peut-être une chèvre sanguinaire dans une autre vie... mouais, sûrement un truc dans ce genre-là.

"Rends-moi un service : vas démonter notre propre machine à café puis pends-toi avec les câbles !!!"

"Ils ne sont pas assez solides, c'est de la fibre de téf..."

"C'EST UNE IMAGE !!!"

"Où ça ?"

Mais quel con, mais quel con, mais quel CON !!! Qu'est-ce que je donnerai pour qu'on m'annonce que c'est pas mon père... franchement, n'importe quoi serait mieux que lui, même un phasme ! Je verrai pas trop la différence mais au moins, le phasme ne passerait pas sa vie à faire du café et il ne me réveillerait pas à des heures indécentes pour me demander quelle poêle on utilise pour faire cuire des pâtes. Ouais, ouais, il a bien dit poêle : c'est désespérant. Comment a-t-il pu survivre jusqu'ici ? Ça me dépasse...

Yellow FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant