30. Parles-en avec Tartiflette

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"Es-tu blessée quelque part, Ashley ?" me demande mon père d'un air soucieux. "Je vois que tes poignets saignent et tu as une trace rouge sur la joue... c'est lui qui t'a fait ça ?"

Ses collègues sont venu me détacher puisqu'il était trop occupé à ramasser ses joujoux pour s'occuper de moi. Après deux ou trois bidouillages, il a rallumé l'électricité dans le bâtiment même si les câbles ont l'air morts depuis des lustres... Peut-être a-t-il utilisé le générateur personnel que La Grenouille avait ramené pour regarder l'écran de la télévision avec moi ?

"Fais-moi une liste de chacune de tes blessure par ordre décroissantes de douleur puis tu me donneras une note pour chacune d'entre elle sur une échelle de 1 à 100. Je sais que je t'ai habitué à faire ça sur l'échelon classique mais... c'est un cas particulier."

"Tu sais que... t'as l'air d'un extra-terrestre, encore ?!"

Il fronce l'un de ses sourcils à la manière Atkins : on lui a probablement appris que se soucier de l'état des victimes après leur prise d'otage était recommandé, il ignore juste que les gens se contentent d'un simple "Tout va bien ?"

"Brûlure, côté droit : 75%. Fracture... je crois... à l'épaule gauche : 70%. Ils m'ont cogné le nez et la mâchoire : 50%. Je pense que mon poignet s'est foulé quand l'inconnu m'a tiré violemment dans les couloirs : 48%. Coupures diverses, un peu partout : 20% pour le nombre. Et j'ai les mains gercées mais ça, ça va."

J'ai fais la liste de toutes mes blessures depuis que j'ai quitté l'appartement : les parisiens en colère ne m'ont pas fait grand-chose mais entre l'incendie et mon kidnapping... ça c'est accumulé et j'en suis presque impressionnée, je n'ai jamais été autant blessée.

J'entends un murmure parmis ses hommes... c'était censé être discret mais la réverbération est très forte dans cette vieille usine : "Quand on raconte que tous les Atkins encore en vie sont fous..."

"Moi je ne suis pas fou." contredit rapidement mon père avant de froncer les sourcils. "Je n'ai jamais été sûr en ce qui concerne Ashley... elle fait des trucs bizarres, parfois."

"C'EST TOI LE TRUC BIZARRE !!!" je crie.

"Tu es dans un état déplorable mais ton cerveau m'a l'air intact." affirme-t-il, un léger soulagement dans la voix.

Il se redresse et il agite ses mains : un bref coup de la main droite et une équipe de trois flics se détache du lot, la main sur la tempe... il agite ses doigts et deux gars partent en petites foulées. Il claque la langue et les deux femmes échangent un regard fatigué avant d'avancer vers nous, il ne reste plus qu'un petit gars au milieu et il suffit que mon père tappe du pied pour qu'il sursaute avant de rejoindre les deux autres en sprint. Purée... c'est ce qui s'appelle obéir au doigt et à la langue (on peut rajouter le talon mais je crois que c'est censé être un avertissement : il n'avait pas compris le premier signal).

"Très bien, euh..." il s'arrête un instant, interloqué devant l'une des femmes. "Tu... toi c'est... Isabelle ?"

"Il n'y a pas d'Isabelle dans cette équipe, monsieur." répond-t-elle.

"Ah oui, tu es la nouvelle !"

"Il n'y a eu aucun recrutement depuis plus de quinze ans dans cette partie de la police... il me semble que c'est VOUS le nouveau par rapport à nous tous."

Yellow FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant