31. Tout va très bien, Lizzie*

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"J'ai besoin de toi pour coincer Yellow Fox."

Ouais... c'est ça, bien sûr.

J'essaie d'enfoncer mon visage dans ma capuche... mais je n'ai pas de capuche, la Grenouille a échangé le costume d'alter de ma mère contre une combinaison de cet automne alors je relève le col car j'aime la sensation du tissu contre mes joues.

"Je ne te demande pas grand-chose, j'ai juste besoin que tu me file le numéro de ton fournisseur en peinture, c'est tout." insiste-t-il.

"On verra."

Comme ma brûlure me fait encore souffrir, je boitille piteusement loin de lui, vers la sortie où je retrouve Bidule et Machin qui m'attendent. Je ne connais pas leurs prénoms, merci papa... et je me rends compte que je m'en contre-fiche, ça la fout mal si je commence à lui ressembler. Merde.

"Dites... vous comptez pas me suivre ?!" je grogne alors qu'elles se mettent de part et d'autre de moi pour m'escorter.

"Atkins nous a chargé de t'accompagner au relais de soin le plus proche." confirme Bidule... à moins que ça ne soit Machin.

Je lève les yeux au ciel, prête à me laisser faire... mais rien ne se passe jamais comme prévu et tout mon corps se fige en voyant l'état du ciel : New-Paris est zébré par d'épaisses fumées noires qui s'élèvent un peu partout dans la ville. Mon instinct me chuchote que la police n'est pas innocente là-dedans... et je suis comme vous : j'ignorais que j'avais un instinct. Bah salut, installe-toi comme chez toi, écoute.

"C'est quoi, cette fumée ?"

Les filles ne répondent pas, l'une soutien mon côté droit et l'autre tire sur mon bras gauche comme si elles craignaient toutes les deux que je leur échappe. Après ce que j'ai fait à Jim, je peux comprendre leur méfiance... alors je m'arrête et j'utilise l'altération de saut que La Grenouille m'a prêté pour qu'elles ne puissent plus me faire avancer. Elles peuvent tirer aussi fort qu'elles veulent, rien n'est plus fort qu'une altération et comme j'utilise les effets passifs, elles ne peuvent même pas s'en douter. Elles s'imaginent juste que je suis très forte et elles ont raison.

"L'opération finale." lâche l'une d'elle. "Ça fait des années que ça traîne parce que ton père est faible."

"Hé !" s'écrit l'autre, indignée. "Fais gaffe à ce que tu dis... c'est SA fille, quand même."

"Sa fille ?! Justement."

Son regard en dit long : elle s'imagine que comme je suis sa fille, j'ai potentiellement mille fois plus de raisons qu'elles de vouloir le zigouiller alors elles peuvent lui manquer de respect sans crainte. C'est pas faux.

Elles m'expliquent que mon père est connu pour être le meilleur... mais aussi pour ses trois grandes faiblesses : le travail de groupe (tu m'étonne), les enfants qu'il laisse toujours s'en tirer (encore heureux) et son refus catégorique de lancer l'Opération Finale. Je soupire alors Machin rajoute rapidement "Et toi aussi, sa fille qu'il aime si fort, ô grande faiblesse" et j'hésite à soupirer davantage.

"La France aurait pu devenir le premier pays du monde a avoir éradiqué la Menace des Alters." fanfaronne Bidule. "Au lieu de ça, on se traîne... on a les meilleurs chiffres, c'est vrai mais on pourrait faire tellement plus."

L'opération finale se base sur l'expérience de la dératisation des parcs du centre-ville : y'a une dizaine d'années, la ville était infestée de rats et les agents dératiseurs avaient beau asperger les parcs avec du poison, ces nuisibles revenaient sans cesse parce que les parisiens étaient contre L'opération finale qui consistait à fermer tous les parcs du pays pour frapper un bon coup.

Yellow FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant