15. Réorganiser le Cosmos

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Stan est... sympa.

Ce n'est clairement pas comme ça que je comptais passer les heures : moi pleurant à chaudes larmes et lui, m'expliquant à quel point les voitures sont capricieuses... pourquoi est-ce que je tombe toujours sur des associaux incapables de communiquer ?! Je ne leur demande même pas d'agir normalement... honnêtement, je sais pas ce que ça fait mais j'aimerai un strict minimum quand même. C'est incroyable, ça !

"Et là, le capot s'est ouvert !" s'écrit-il. "J'ai eu si peur... cette détonation : y'a eu un gros POUF, j'ai cru que c'était une altération."

Pour une raison que j'ignore, l'écouter me raconter l'histoire de Caroline 3 (c'est le nom de la bagnole, visiblement... ce mec a un SÉRIEUX problème) m'a vraiment soulagé, pendant plusieurs minutes : à moitié allongée sur lui, j'ai écouté le son de sa voix et il aurait pu me raconter n'importe quoi que ça aurait fait le même effet. C'est un peu comme écouter un chat ronronner. D'ailleurs... il m'a bel et bien raconté n'importe quoi et j'ai recommencé à pleurer quand il m'a expliqué à quel point c'est terrifiant d'être poursuivi par une altération. Je ne sais pas si je pourrais à nouveau écouter des histoires d'alters sans chialer, maintenant.

"Même si c'était pas l'cas, hein... c'était... euh... Ashley ? Ça ne t'intéresse pas ?"

"J'étais venu voir Lizzy, moi."

"Et moi je devais passer un coup de chiffon sur le moteur, quelle soirée étonnante !"

J'te le fais pas dire...

Heureusement pour moi (pour nous), à ce moment-là, la porte du petit salon du côté de la salle de réception s'est ouverte : Lizzy, ma délivrance !

"Ah bah enfin, je n'en pouvais plus." s'exclame Stan, silencieusement.

Soudain, il change d'attitude : son dos se redresse et son visage se ferme, professionnel. Je n'ai jamais remarqué qu'il jouait un rôle... je ne l'avais jamais vraiment côtoyé en dehors de son travail, faut dire.

"Miss Leroy, voudriez-vous vous occuper de votre amie, à présent ?"

"Ash ?! Qu'est-ce que tu fais là ?"

"Je... j'étais... c'est très compliqué. Est-ce que tu pourrais m'accorder quelques minutes ?"

"Oooh... tu vas enfin lui avouer tes sentiments ???" chuchote Stanley, ravi... je le FUSILLE du regard alors il se renfrogne. "Ça sera pour la prochaine fois, alors."

Elle a l'air très embêtée : mordille sa lèvre comme elle le fait toujours quand elle est gênée, jette un coup d'œil derrière elle parce qu'elle est déjà occupée, me dévisage longuement pour estimer mon problème... on lit en elle comme un livre ouvert et je ne dis pas ça parce que je la connais par cœur : c'est vrai ! Elle ne survivrait pas une seconde dans la jungle de ce monde.

"Tu sais très bien que je n'ai pas toujours le temps de gérer tes soucis avec ton père ! Tu peux pas t'en occuper toi-même, pour une fois ?"

"Ça n'a rien à voir avec mon père."

... presque. Un peu, c'est vrai mais pas comme d'habitude.

Elle hésite, ça doit être une sacrée négociation ou alors... peut-être qu'elle en a vraiment marre de devoir me réconcilier avec mon père, en permanence. Je ne sais pas pourquoi elle s'obstine si ça l'ennuie à ce point, moi aussi ça me saoule... j'ai laissé tomber. C'est peut-être pour ça qu'elle a pris le relais.

Yellow FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant