Are you alive ? + No Easy Way (tome 2) [BxB]

Chapitre 13.1 - Raphaël

« Sous le ciel de Paris s'envole une chanson,
Elle est née d'aujourd'hui dans le cœur d'un garçon.
Sous le ciel de Paris marchent des amoureux,
Leur bonheur se construit sur un air fait pour eux. »
Sous le ciel de Paris – Edith Piaf

Je m'arrêtai à côté d'un Eliott visiblement fasciné par les photos accrochées au mur. Moi aussi j'avais été intéressé par cette exposition, à l'origine. Pourtant, je passais surtout mon temps à l'observer, lui. À l'écouter aussi. J'avais l'impression de découvrir enfin une facette de sa personnalité que je n'avais fait que soupçonner jusqu'à maintenant et je ne m'étais pas forcément attendu à la rencontrer dans un tel contexte. Je savais qu'il aimait l'Histoire. Je savais également que lorsqu'un sujet avait du sens à ses yeux, il avait un côté emporté qui ne demandait qu'à s'exprimer. Ce que j'avais ignoré en revanche jusqu'à ce jour, c'était que l'Histoire était une véritable passion pour lui. Il était capable de se transformer en encyclopédie, intarissable sur son sujet ! Alors toutes ces photos étaient certainement remarquables, mais là, tout de suite, c'était Eliott, que je trouvais fascinant. Je capturais chacun de ses mots qui exprimaient toute l'attention qu'il portait à cette période. Chacun de ses gestes qui illustraient si bien à quel point il était pris dans ce qu'il nous racontait. C'était un spectacle tout simplement captivant ! Il était en pleine discussion avec Alix, qui ne tarissait pas de questions sur les tenues de l'époque et la manière dont les populations locales avaient vécu pendant l'occupation Allemande. Comment Eliott en savait-il tant sur le sujet ? Je l'ignorais ! Il passait sa vie sur Wikipédia, ce n'était pas possible autrement.

— Bon, désormais je t'appellerai Elipédia ! le taquinai-je.

Il me lança un regard agacé, imperturbable dans ses explications. Samantha, quant à elle, faisait preuve d'un calme qu'on lui voyait peu. Une attitude respectueuse pour ces moments de vie, pour ces douleurs et ces joies d'un quotidien que nous ne connaîtrions qu'ainsi : capturé en noir et blanc. Nous sortîmes tous de là un peu secoués tout de même. Pourtant, habitant la Normandie, nous assistions régulièrement à de telles expositions, nous avions déjà été confrontés à ces images, ces sujets, cette époque. Nous n'y étions pas moins sensibles pour autant. Au contraire, peut-être : heureusement, on ne s'habituait jamais à l'horreur. C'était rassurant de le constater finalement. Dès que nos deux acolytes furent partis de leur côté, je menai Eliott vers le Sacré Cœur. Depuis la Bibliothèque Nationale de France, il fallait compter une bonne demi-heure de marche, mais ce serait de loin plus agréable que de prendre le métro, surtout par cette chaleur.

— Eh bien, tu ne m'avais pas dit que tu en savais autant là-dessus, commençai-je sans plus attendre.

— Je suis plein de mystères, figure-toi ! rit-il en me prenant la main.

Je levai les yeux au ciel, mais souris. Je ne pensais pas l'avoir déjà senti aussi léger. J'étais ravi de pouvoir l'observer ainsi débarrassé, même provisoirement, de tout ce qui lui pesait habituellement.

— L'Histoire, ça a toujours été mon truc, expliqua-t-il plus sérieusement. Enfin, celui de ma mère, à l'origine. À huit ans je lisais Le Chemin des Dames de Pierre Miquel. Pas vraiment un livre à lire à cet âge-là, mais... Depuis, je n'ai jamais vraiment arrêté ! Elle m'a transmis sa passion et m'a aidé à satisfaire ma curiosité, notamment grâce aux autobiographies.

— C'est génial ! m'exclamai-je, l'invitant à poursuivre d'un geste.

— J'adore encore en lire et ma période de prédilection est la première guerre mondiale. Le front de Verdun, les poilus, la bataille de la Marne... Bon, c'est un peu glauque, mais j'adore ça. Je pense qu'il est essentiel de garder en mémoire ce que ces gens ont vécu. Les civils, comme les militaires.