No easy way - Chapitre 6 - Raphaël

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« Help me, it's like the walls are caving in,
Sometimes I feel like givin' up,
But I just can't, it isn't in my blood. »
Shawn Mendes - In my blood

(Aidez-moi, c'est comme si les murs se refermaient sur moi,
Parfois j'ai envie d'abandonner,
Mais je ne peux tout simplement pas, ce n'est pas dans mon sang.)

Sans surprise, les premières semaines à la fac furent laborieuses. Je naviguai entre peurs et espoirs, entre interdits et envies. Entre ce qu'il restait du collégien terrorisé en moi et les objectifs de l'homme que je m'employais à devenir. Tout était difficile, pourtant je ne lâchais rien ni ne reculais devant quoi que ce soit, je me tenais debout, jour après jour, et j'avançais, faisant fi de mon cœur qui s'emballait facilement, de mon nez qui n'en faisait qu'à sa tête, de mes yeux que je ne savais pas où poser. L'idée qu'Eliott m'avait suggérée d'aller boire un café fit son petit bout de chemin dans ma tête au milieu des conseils farfelus que Sam me prodigua dans une optique similaire.

Ce matin-là, j'arrivai en cours les oreilles bourdonnant encore de la musique que j'avais écoutée trop fort dans la voiture pour tenter de me donner un peu de courage, d'y croire un peu plus fort. Je fredonnais en silence les paroles qui me restaient en tête.

« High I fly, I touch the sky, far above the frozen hearts
You can't kill my dream, you can't kill my spirit,
I was born to be free
I walk to my own song,
Every day the power grows stronger in me
I walk to my own song,
Head up proud I'm the master of my own destiny. »
Stratovarius - I walk to my own song

(Je vole haut, je touche le soleil, bien plus loin que les cœurs gelés,
Tu ne peux pas tuer mon rêve, tu ne peux pas tuer mon esprit,
Je suis né pour être libre,
Je marche au son de ma propre chanson,
Chaque jour le pouvoir devient plus fort en moi,
Je marche au son de ma propre chanson,
Tête haute, je suis le maître de mon propre destin.)

Je m'installai comme à mon habitude au milieu de l'amphi, espérant et redoutant tout à la fois que cela me rende visible, invite quelqu'un à s'asseoir à proximité... Peu importait. Je ne pouvais pas décemment envoyer des signaux de fumée du style « Cherche potes, maladroit en premiers pas. » À la fac, tout le monde se saluait. Je disais bonjour à beaucoup de gens, d'une voix pas toujours audible. Les yeux rivés partout sauf sur la personne concernée, si bien que d'un sens, je ne voyais aucun visage et n'aurais pu reconnaître la plupart des étudiants de ma promo si je les avais croisés ailleurs.

Il y avait quelque chose de désespérant dans ces constats. Je me sentais seul, j'avais déjà l'impression d'être mis de côté, d'être à part. Alors qu'autour de moi se baladaient les gens les plus colorés et diversifiés possibles. La plupart s'assumaient, la plupart connaissaient quelqu'un, s'étaient déjà intégrés. La plupart... mais pas moi. Plus le temps passait plus je craignais qu'on m'assigne la casquette de "sans ami" sans plus chercher, et de ne plus pouvoir échapper à cette case dans laquelle on allait inévitablement me mettre. J'étais bizarre, j'étais à part, et je ne savais pas comment être autrement.

Heureusement, je m'oubliais vite, mon malaise emporté par le contenu des cours qui, la plupart du temps, me passionnait. Celui d'aujourd'hui portait sur les subtilités du vocabulaire anglais : au programme du jour les termes polysémiques, ces mots qui changent de sens en fonction de leur contexte. Ils sont légion en anglais et rendent parfois très difficile l'interprétation d'une phrase. La capacité de certains auteurs à jouer avec ces mots pour enrichir leurs textes me fascinait.

Are you alive ? + No Easy Way (tome 2) [BxB] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant