No easy way - Chapitre 38 - Raphaël

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“We are bound to each other’s hearts
Caught, torn and pulled apart.
This love is like wildfire.
And to my word now I’ll be true,
I can’t stop this breaking loose,
This love is like wildfire, like wildfire. ”
Wildfire - Seafret

(Nous sommes liés au coeur de l’autre,
Attrapé, déchiré et mis en pièces.
Cet amour est comme un feu sauvage.
Et à ma parole je serai fidèle,
Je ne peux empêcher tout ça d’exploser,
Cet amour est comme un feu sauvage, comme un feu sauvage.)

— Je vais y aller… soupira Eliott en regardant sa montre.

L’atmosphère s’allourdit considérablement, quelque part au milieu de ces quelques mots. Instantanément, comme s’ils avaient simplement eu le pouvoir de raviver le pire. La déception s’immisca en moi et je la vis prendre toute la place dans les yeux d’Eliott avant qu’il ne détourne le regard. Il passa ses bras autour de moi, m’attira à lui dans l’intimité de la cuisine. Il m’embrassa longuement, mais sagement. Un baiser de pardon. Un baiser qui piquait un peu, amer des difficultés qui s’étendaient entre nous. Parce que nos illusions avaient leurs limites. Parce que nous allions bien, qu’Eliott allait mieux, mais pas trop quand même. Parce que je découvrais que l’amour avait des limites.

— Tu m’appelles, si ça ne va pas ? proposai-je doucement.

J’aurais voulu que ma voix ne soit que sollicitude, mais il y avait autre chose. Elle arborait une dose croissante de frustration, je n’y pouvais rien. La cacher devenait de plus en plus difficile. Il hocha la tête et me serra un peu plus fort. Plus fort que nécessaire. Je le sentis trembler. Je pinçai les lèvres, blottissant mon visage dans son cou, me forçant à me taire. Lorsqu’il se détacha de moi, ses regrets parfaitement perceptibles dans ses gestes, je le suivis jusqu’au salon.

— Je vais y aller, répéta-t-il en faisant quelques pas vers nos amis, installés près de la cheminée.

Le silence se fit et je le laissai s’installer, tentant de garder une expression neutre et allant m’installer à l’une des extrémités du grand canapé. Rien de nouveau sous la pluie Normande.Pourtant, l’agacement des uns et des autres se faisaient de plus en plus sentir.

Eliott n’osa pas se tourner vers moi, se contentant de réunir les quelques affaires qu’il avait posées çà et là. Il suffit d’une seconde à Cillian pour se rendre contre de notre manège. Lui aussi était déçu. Il était, surtout, de plus en plus agacé qu’Eliott soit ainsi privé de bons moments qu’il aurait pu passer avec nous.

— Allez mec, reste ! l’encouragea Alix en se levant pour passer un bras autour de ses épaules. Tu vas louper le plus drôle, là !

— Tu as la permission de dix-huit heures ? renchérit Kiki sur un ton pseudo-humoristique, plein d’une ironie qui ne trompa personne quant au sérieux de ses propos. Ton carrosse se transforme en citrouille si tu ne rentres pas à l’heure ?

Eliott s’échappa de l’étreinte du surfeur, adressant à leur ami un doigt qui indiquait très bien ce qu’il pensait de sa manière de le provoquer. Il était le premier à regretter devoir rentrer chez lui.

— Va te faire… répliqua-t-il.

Son ami ne lâcha cependant pas l’affaire.

— T’en as pas marre de lui obéir au doigt et à l'œil ? À quoi ça servait d’arrêter tes études s’il a toujours autant de pouvoir sur toi ?

Aïe, pensai-je, grimaçant. Ça tire à balles réelles, là.

— Je t’emmerde, Cillian.

Il était plus que rare que l’on utilise son prénom complet. Les deux amis, aussi sanguins l’un que l’autre, pouvaient très bien s’insulter en plaisantant, mais les mots n’étaient alors pas prononcés avec ce genre d’intonation. L’ambiance était électrique. Évidemment. Eliott ne pouvait pas laisser passer ses propos. C’était une bombe à retardement et Kiki avait parfaitement conscience d’appuyer là où ça faisait mal, de presser tous les bons boutons.

Are you alive ? + No Easy Way (tome 2) [BxB] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant