Are you alive ? + No Easy Way (tome 2) [BxB]

No easy way - Chapitre 19 - Raphaël

« Hey, young blood, doesn't it feel like our time is running out ?
I'm gonna change you like a remix, then I'll raise you like a phœnix,
Wearing our vintage misery, no I think it looked a little better on me,
I'm gonna change you like a remix, then I'll raise you like a phœnix. »
Fall out boy - The Phoenix

(Hey, les jeunes, n'a-t-on pas l'impression que le temps est bientôt écoulé ?
Je vais te changer, comme un remix, et je t'élèverai comme un phoenix,
On porte nos douleurs vintages, non, je pense qu'elle m'allait un peu mieux,
Je vais te changer comme un remix, et je t'élèverai comme un phoenix. )

- Vous êtes prêts ? m'exclamai-je depuis le bas des escaliers.

Je grimpai les premières marches et passai la tête au coin du mur en me penchant. J'écarquillai les yeux, surpris de trouver Cillian assis sur la dernière marche.

- Quand Alix sera satisfait d'sa coupe, on pourra y aller, grogna-t-il, vaguement exaspéré.

- J'arrive ! s'écria l'intéressé, qui avait parfaitement entendu notre conversation.

Je soupirai, amusé, et redescendis, haussant les épaules lorsque les autres m'interrogèrent du regard. Je passai dans le salon, jetant un coup d'œil au jardin par la grande porte-fenêtre. Les mains dans le dos, je laissai mon regard s'y perdre un moment, jusqu'à entendre les pas d'Eliott derrière moi. Je me retournai et lui souris. Il me rendit mon sourire comme il m'aurait embrassé si nous avions été ailleurs, seuls. Ses yeux se portèrent sur le grand meuble où ma grand-mère exposait quelques photos de famille, au milieu de toute sa vaisselle. Je le rejoignis, me laissant happer par ces souvenirs. Je tendis la main pour attraper un objet qui avait attiré mon attention. J'hésitai à le toucher. Il y avait quelque chose de trop intime dans ce contact, quelque chose d'à la fois merveilleux et de douloureux.

- Tu peux le prendre, si tu veux.

Je sursautai : je ne l'avais pas entendue arriver. Ma grand-mère savait se faire discrète dans sa maison.

- Je... vraiment ? m'étonnai-je, incertain.

- Bien sûr, me confirma-t-elle doucement. Il serait content que tu l'aies. Alors il est à toi si tu en as envie.

Cette fois, j'attrapai franchement le béret posé sur un vase. Il avait appartenu à mon grand-père, parti plus de quatre ans auparavant. Pourtant, sa présence était partout dans ce lieu. Dans la cuisine, me poussant à manger des épinards et à m'asseoir correctement. Dans le jardin, m'expliquant comment clouer quelques planches. Sur le canapé, devant un match de foot, à s'exclamer « Match nul, 1-0 ! » alors que je n'avais plus l'âge de trouver ça drôle depuis longtemps. Dans un élan d'audace, je posai le béret sur ma tête et me tournai vers Eliott avec une expression amusée. Il rit.

- Ça n'te va pas si mal, figure-toi !

Lorsque j'osai croiser le regard de ma Petite Mamie, l'émotion que j'y lus me renversa et je sentis mes yeux me piquer.

- Il te va bien, confirma-t-elle avant de quitter la pièce.

Touché, Eliott ne put s'empêcher de déposer un rapide baiser sur mes lèvres, me souriant sans rien dire de plus. Je fonçai déposer l'objet précieux avec mes affaires, me promettant de lui trouver une jolie place dans ma chambre.

Lorsque tous furent finalement prêts, je pris le volant. J'étais dans tous mes états, à la fois inquiet et enthousiaste à l'idée de leur faire visiter la ville de mon enfance, dont j'étais resté fou amoureux. Je déposai la voiture à l'extrémité d'une ligne de tram qui nous mènerait au centre-ville. La visite débuta du côté de la Porte Cailhau, monument incontournable, avant que l'on se dirige vers le Miroir d'Eau. Sans surprise, j'eus l'impression d'y emmener des enfants. Sam' fut la première à s'émerveiller, aussitôt suivie d'Alix et, très vite, d'Eliott, qui ne me laissa pas passer mon tour. Heureusement, il faisait encore bon parce que lorsque l'on reprit notre marche, nous étions tous trempés !