Are you alive ? + No Easy Way (tome 2) [BxB]

Chapitre 8 - Eliott

« What doesn't kill you makes you wish you were dead
Got a hole in my soul growing deeper and deeper
And I can't take one more moment of this silence
The loneliness is killing me
And the weight of the world's getting harder to hold up. »
Drown - Seafret (cover de Bring me the Horizon)

(Ce qui ne te tue pas te donnes envie d'être mort,
J'ai un trou dans l'âme qui ne cesse de s'approfondir
Et je ne peux plus supporter un seul instant de ce silence
La solitude me tue
Et le poids du monde devient de plus en plus difficile à supporter.)

Ma main dans la sienne, nous sortions du collège pour aller prendre nos bus respectifs. Heureusement, il y en avait plusieurs et nous fîmes semblant de louper les premiers, histoire de profiter encore un peu l'un de l'autre.

- Tu vas tellement me manquer, fit Maxime en cachant difficilement sa tristesse.

Ses yeux bruns étaient plongés dans les miens et ses mains posées sur mes hanches me serraient un peu trop fort, comme s'il espérait pouvoir me retenir plus longtemps. Ou encrer ses doigts dans ma peau pour que je ne l'oublie pas.

- Toi aussi, soupirai-je en plongeant ma tête dans son cou.

- Je ne peux pas t'appeler ? supplia-t-il encore une fois.

- Non, répétai-je en secouant la tête. Si mon père décroche... C'est trop dangereux.

- Tu pourrais venir à la maison, non ? Prétexter qu'on a des devoirs à faire, je ne sais pas... insista Maxime.

Je m'écartai un peu, les épaules basses. J'en avais marre de le repousser, de ne rien pouvoir lui dire. De lui mentir. Nous étions ensemble depuis six mois et plus le temps passait, plus je voulais tout lui révéler. Au diable mon père et ses interdits ! C'était mon amoureux et il saurait garder mes secrets, non ?

- Je suis désolé, soufflai-je, abattu. Je n'peux pas bébé, c'est pas possible.

Ses sourcils se froncèrent. Il était vexé et il en avait le droit. À force, il pouvait croire que je n'avais pas envie de le voir. Nos moments tous les deux au collège ne nous suffisaient plus. Nous nous manquions trop. Comme des enfants qui découvrent l'amour, qui découvrent ce que c'est de tant penser à quelqu'un d'autre que le reste s'efface. Deux mois sans le moindre contact, ça allait être difficile. Comme le bus suivant faisait son apparition au bout de la rue, je me précipitai dans ses bras et le serrai fort. Une dernière fois. J'avais l'impression que mon cœur partait en morceau, que loin de lui je ne pourrais plus respirer pareil. Mon tendre Maxime, avec son sale caractère et sa langue un peu trop bien pendue qui nous avait sortis de plusieurs mauvais pas. Être le premier couple gay du collège n'avait pas été évident. Nous nous connaissions depuis des années, nous étions tournés autour presque aussi longtemps. Nous nous étions cachés un moment, parfois nous asseyions d'assumer... C'était toute une histoire. S'accepter, s'habituer au regard des autres... Encore aujourd'hui, à peine isolés par la vitre de l'arrêt de bus, beaucoup nous dévisageaient. Nous refusions cependant d'être privés de nos derniers instants tous les deux avant l'été.

- Tu ne m'oublies pas, bébé ? m'assurai-je, mon front contre le sien.

Pour toute réponse, il m'embrassa et m'enlaça encore au milieu de ses larmes.

- Eliott ! hurla depuis l'autre côté de la rue une voix que je reconnus immédiatement.

Mon sang se glaça dans mes veines et je m'éloignai de Maxime d'un bond, une terreur explosive se répandant dans mes veines. Non, pas ça, supplia une voix dans ma tête. Maxime était immobile face à moi, ses yeux écarquillés. Il soupçonnait la gravité de ce qui venait de se produire, sans en avoir la certitude, puisque je ne lui en avais jamais parlé clairement. Ni à lui, ni à personne.