No easy way - Chapitre 28 - Raphaël

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« Arrache-moi les yeux que je ne puisse plus voir.
Arrache-moi les mains que je ne puisse toucher.
Arrache-moi les ongles, la douleur jusqu’au bout des doigts.
Arrache-moi le cœur, que je ne puisse plus avoir peur. »
Louise Attaque - Arrache-moi 

Une fois certain qu’Eliott était monté et que ma mère serait la seule à me voir, je passai la tête pas la porte ouverte de la cuisine jusqu’à croiser le regard de la maîtresse des lieux. Un océan de tristesse m’envahissait, mais aussi une immensité d’amour pour la femme qui m’avait mis au monde et ne m’avait jamais abandonné depuis.

— Merci, m’man, chuchotai-je.

Elle pinça les lèvres, avançant vers moi jusqu’à me faire reculer et poussant la porte dans son dos.

— Qu’est-ce que tu as entendu, exactement ?

Je haussai les épaules.

— Je n’ai pas tout compris, mais… assez pour saisir l’essentiel, admis-je.

Elle n’approuvait pas vraiment le fait que j’ai assisté à leur conversation. Pourtant, je me sentais profondément concerné, je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avais apporté mes cours pour travailler un moment et je ne les avais pas ouverts, trop occupé jusqu’alors à raconter nos vacances. J’avais eu tout le loisir de décrire nos sorties ce week-end. J’avais eu plus de mal à dévoiler les étapes qu’avait franchi Eliott. Lorsqu’il était arrivé, j’avais été étonné et m’étais tu. J’avais laissé la propriétaire des lieux l’accueillir et m’étais approché pour tendre l’oreille, le coeur tambourinant, incapable de résister.

— Je ne le fais pas pour toi, Raphaël, m’affirma ma mère, les mains en appui sur ses hanches.

— Je sais, souris-je. Je crois que c’est encore mieux, en fait.

Elle ne releva pas.

— Il n’a aucune confiance en lui ni en sa capacité à faire les bons choix. Il avait besoin d’entendre non seulement qu’il en a le droit, mais aussi que quelqu’un le soutient dans cette voie, que ce n’est pas une erreur qui lui sera unanimement reprochée.

— Je lui ai dit sensiblement la même chose…

— J’imagine bien, rit-elle. Ces mots-là ne te viennent pas de nulle part ! Malheureusement tu n’es pas… Un adulte.

— Et alors ? m’étonnai-je, n’y comprenant pas grand-chose.

— À ses yeux, ton avis n’est pas…

Elle hésita, fronçant les sourcils le temps de trouver un terme qui soit adéquat.

— Important ? tentai-je, pas très rassuré.

— Bien sûr qu’il est important ! me contredit-elle tout de suite. Ton avis est essentiel, mais ce qu’il recherche, c’est l’approbation de quelqu’un qui ait une certaine autorité.

— C’est ridicule, affirmai-je sans réfléchir.

— Pour quelqu’un comme toi, oui. Lui a besoin d’être reconnu par une personne qui soit plus… vieille et sage, à défaut de mots plus justes. Je sais qu’il a appelé Nathan, hier soir. Il était secoué.

Je n’étais pas vraiment étonné. Je savais qu’Eliott et Nathan tenaient beaucoup l’un à l’autre, que l’air de rien, ils avaient forgé un lien assez particulier, tous les deux. Elle soupira en approchant, fouillant dans quelque carton pour le vider et ranger ce qui venait d’être livré.

— On sent l’influence de son père dans chacune de ses angoisses… regretta ma mère, visiblement touchée. Ce type lui a fourré dans le crâne des idées qui le paralysent.

Are you alive ? + No Easy Way (tome 2) [BxB] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant