Chapitre 9

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PDV Général  

Le lendemain, le carnet de dessin en main, Harold se rendit à la hutte de la jeune femme en début d’après-midi, juste après avoir mangé. Il toqua à la porte et attendit. Au bout de quelques instants, elle s’ouvrit. Cette fois-ci, ce fut Astrid elle-même, et non pas sa mère, qui ouvrit la porte, une pomme à la main. Surpris, Harold se figea quelques secondes, il n’avait pas encore préparé le discours d’excuse concernant sa fuite soudaine de la veille. 

- “Salut, dit-elle avec un sourire timide, tu… tu veux rentrer ?

- Avec plaisir,” répondit-il en lui rendant son sourire.

La jeune femme se décala afin de le laisser entrer, puis referma la porte. Lorsqu’elle se retourna, Harold était debout, au milieu de la pièce, et la regardait. Astrid se figea, se demandant ce qu’il s'apprêtait à lui dire, il avait l’air très sérieux.

- “Au fait... je suis désolé pour hier c’est juste que… ce dessin m’a vraiment perturbé.

- Ne t’en fais pas, je comprends, mentit-elle en affichant un sourire qui se voulait rassurant, mais tu veux pas qu’on s’asseille plutôt, pour parler de tout ça ?”

D’un geste du bras, elle indiqua la salle à manger, où ils avaient déjà eu l’occasion de discuter. Harold s’y dirigea, suivi par Astrid, qui croqua sa pomme en marchant. Ils s’assirent l’un en face de l’autre. 

- “Donc hum..., commença le jeune homme en ouvrant le livre à la page où se trouvait l’illustration de Krokmou et lui, ce dessin m’a perturbé car... il est vrai. Tout ce qui est représenté est arrivé. C’est Krokmou et moi, juste après avoir vaincu le roi des dragons, qu’on appelle aussi la mort rouge. Cette image ne vient pas de ton imagination, mais de tes souvenirs.”

À ces mots, Astrid manqua de s'étouffer. Elle avala de travers sa pomme et se mit à tousser avec difficulté. Harold commença à s'inquiéter au bout de quelques secondes. Il se doutait que ce n'était que passager, alors il ne se leva pas, mais lui demanda tout de même si ça allait. Il affichait un air préoccupé. Ne pouvant pas répondre, Astrid leva un pouce en l'air. Sa crise de toux finit par se calmer et le bout de pomme par continuer son chemin et se déloger de sa gorge. Elle reprit doucement sa respiration et tourna la tête vers Harold, qui la regardait avec un air inquiet. Elle murmura un petit “merci”, avant de se noyer dans ses yeux émeraudes. Elle n’en avait jamais vu d’aussi beaux, elle aurait pu passer la journée à les contempler. Se rendant compte que ça faisait maintenant plusieurs longues secondes qu’ils se regardaient dans les yeux, elle rougit, détourna le regard et reprit sa pomme en main.

- “Je savais que c’était Krokmou, déclara-t-elle doucement pour briser ce moment embarrassant.

- Quoi ? Comment ça ? Je croyais que tu ne te rappelais que de son nom, demanda Harold sans cacher son étonnement.

- Il y a deux jours c’était le cas, j’avais vu cette scène en rêve et elle m’obnubilait, je n’arrivais pas à la chasser de ma mémoire, alors je l’ai mise sur papier. Hier, quand je suis allée prendre l’air, je t’ai vu voler avec deux dragons, j’ai supposé que celui que tu chevauchais était Krokmou, que j’ai reconnu de mon rêve. Et là tu me dis que toute la scène est réelle... je ne sais pas quoi en penser. Je suis contente d’avoir un souvenir mais… 

- Mais quoi ? demanda Harold alors qu’elle avait laissé sa phrase en suspens, quoi qu’il te traverse l’esprit, tu peux me le dire Astrid.

- Et si le reste de ma vie était comme ça ? Et si, même si je retrouvais la mémoire, je ne m’en rendais pas compte et je pensais que c’était un rêve ? Maintenant, je ne peux pas m’empêcher de penser que tous mes rêves peuvent être des souvenirs. Même les plus étranges d’entre eux…”

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