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parapluie

Il était dix-huit heures lorsque les premières pluies d'été glissèrent sur ma peau.

Chaudes et humides, elles se frayèrent un chemin sous mon col dressant chacun de mes poils vers le pôle boréal. J'aimais l'étrange sensation qu'elles me procuraient. C'était à la fois désagreable et agréable tout en restant assez plaisant pour que, sous ce ciel à demi-gris, je laissai un énième bus passer devant moi — décidant plutôt de rentrer à pied.

Promptement, mes pas se claquèrent aux lentes mélopées des nuages tandis que mes pensées, elles, voyageaient dans mes plus frais souvenirs. Ceux dont j'aimais la mélodie. Ceux dont la simple tonalité faisait vibrer jusqu'à la plus petite parcelle de mon être. Et pourtant, aujourd'hui ce timbre grave n'avait effleuré mon ouïe que l'espace d'un court instant. Un bref « salut, on s'y met? » bouclé ensuite par un « c'est déjà l'heure, merci pour ton travail ».

Hier, nous avions si aisément discuté, malgré mes pauvres bégaiements, que je crus qu'il engagerait la conversation à nouveau. Qu'il me demanderait « Que lis-tu maintenant? » question à laquelle j'aurais répondu « Du Balzac, encore» car j'avais perçu dans son regard toute l'admiration qu'il portait pour cet auteur, et j'aurais enchaîné — essayant de ne trébucher sur aucun mot —  par un « Tu disais me trouver modeste, mais tu l'es également. Tu connais tellement de choses pourtant tu ne t'en ventes pas, tu préfères, au contraire, mettre les autres en valeur. »

Mais il ne m'a rien demandé, alors je ne lui ai rien répondu.

Parfois, je m'interrogeais quant à la perception qu'il avait de moi. S'il me considérais seulement comme un banal camarade de classe. S'il ne voyait en moi qu'un garçon à qui l'on adresserait la parole entre huit et seize heures mais qu'au delà des murs de l'établissement, n'était qu'un étranger.

Je voulais savoir, sans pour autant vouloir savoir.

Car la vérité m'effrayait bien plus que l'ignorance.

Et l'ignorance avait ce confort qui entraînait parfois de l'espoir.

Ce même espoir qui me faisait soupirer.

Ma tête était noyée dans de telles réflexions que mes jambes ralentissaient de plus en plus jusqu'à complètement s'arrêter.

Quel imbécile je faisais...

— C'est plutôt une bonne idée d'attraper un rhume pour ne pas venir en cours.

Mon ombre projetée sur le sol s'épaissit, se dédoubla, et la pluie cessa soudainement de perler le bout de mes mèches noires.

Quoi?

La voix que je voulais désespérément entendre était désormais là. Contre mes oreilles. Et si mon coeur n'était pas sur le point de déflagrer face à cette coïncidence, je me serais retourné pour le voir. Lui et son regard intense. Mais son épaule sèche contre la mienne humide provoquait tant de picotements dans mon abdomen que je ne bougeai pas. Je laissai simplement un cri de joie mourir dans ma gorge avant de m'exprimer:

— Ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu de pluie... Je voulais en profiter.

— Oh?

Et à son étonnement, j'eus le courage de tendre mon regard vers le sien pour constater qu'il me souriait. De son éternel et authentique sourire. Je n'eus alors le temps d'esquisser le moindre mouvement pour lui répondre qu'il se décala pour refermer son parapluie d'un geste sec.

— Tu as raison. Il faut en profiter.

Il m'avait rétorqué ces quelques mots avant de laisser son visage retomber en arrière, de fermer les yeux et d'autoriser le ciel à larmoyer sur ses traits — créant ainsi une scène que je ne pensais exister que dans les films.

Eh Jaemin...

Sache qu'à cet instant-là, tu me paraissais être une illusion tant ta beauté était éthérée.

Car le temps n'était plus.

Il n'existait plus.

Il y avait juste toi, dont nos chemins, ce soir, s'étaient croisés.

Rien d'autre que toi.

— Tu habites dans le coin?

Toujours dans la même posture, et moi toujours envoûté par sa personne, je répondis presque dans un murmure, ne souhaitant aucunement briser cet instant de liberté qu'il semblait s'accorder.

— Non, mais je n'habite pas si loin d'ici. Et toi?

— Juste au bout de cette rue.

Un coup d'œil sur ladite rue et je reconnus aussitôt le chemin qui menait à Cheongdam. Je n'avais mis les pieds qu'une seule fois dans ce quartier, mais cette unique fois avait été suffisante pour me faire comprendre que je n'avais pas ma place là-bas avec mes poches vides. C'était un lieu où à peine des dalles s'exhalaient le luxe et la richesse. Et je m'étonnais de savoir que le président des élèves vivait dans un secteur aussi riche.

Enfin, l'étais-je réellement au vu de sa modestie?

— Tu as de la chance, c'est près de l'école.

— Pourtant j'arrive encore à être en retard, il rit et je souris. Tu vas dans quel sens?

— Vers la gauche.

Son opposé.

— Je vois.

Il eut un léger mouvement en ma direction, et me saisit la main d'une délicatesse dont je me souviendrais toujours. Sa paume chaude contre la mienne me donna presque envie de retirer mes doigts de son emprise avant qu'il ne me brûle. Avant que je ne succombe davantage.

— Ton trajet est plus long, alors prends mon parapluie.

— T-Tu es sur? Ça ne me dérange pas de-

— Prends-le.

L'intensité de son regard ne me fit pas sortir plus de mots qui le fâcherait. Je pris son parapluie et me courbai légèrement.

— Merci Jaemin.

— Pas de soucis, rentre bien Jeno.

Et il me tourna le dos.

Comme toujours.

Me laissant à l'arrière immobile.

— Demain à sept heures trente? Osais-je lui demander avant qu'il ne traverse le passage piéton.

Il se retourna.

Et me sourit.

— Demain à sept heures trente, répondit-il. Ne sois pas malade, il hésita un court instant, je ne veux pas rater une occasion d'en savoir plus sur mon assistant.

hi les bgs,
ça fait grave longtemps i- 🚶🏻‍♀️🚶🏻‍♀️
j'espère que vous allez sincèrement bien, et que la situation actuelle n'est pas trop dure pour vous (d'ailleurs si vous voulez talk ou quoi, n'hésitez pas à me passer votre insta).

que diiiiire,
récemment y a eu l'album Loveholic qui est sorti, are u guys still alive? est-ce que vous avez aimé les chansons? votre fav c'est laquelle? ou si vous n'avez pas aimé, pourquoi?

sinon bonne année 2021 aussi du coup
avec un retard de 3 mois mais avec beaucoup de love ❤️

see u soon
(et vraiment soon cette fois-ci)

PS: j'ai fait un trailer pour cette
fanfic, du coup je le pose ici

Ineffable [NOMIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant