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sourire

Aujourd'hui fut la deuxième fois où la main du président des élèves toucha la mienne.

Cette fois-ci, ce fut bien plus violent que la première fois. J'eus l'impression, lorsqu'il me saisit la main, que ma paume brûlait contre sa peau, que j'allais me consumer sous son contact embrasé. Et s'il ne m'avait pas tiré aussitôt dans une course effrénée vers une destination inconnue —son ailleurs, j'aurais probablement retiré mes doigts des siens par peur qu'il ne ressente toute ma frénésie. Qu'il comprenne la furieuse passion qui me secouait jusqu'au bout des ongles. Mais je n'en eus pas l'occasion. Pas une seule fois. Il me tenait si fort que même si je le voulais, je ne pouvais pas séparer nos doigts entremêlés.

Mais que racontais-je?

Pourquoi me mentais-je ainsi?

Étais-je fou?

Même si j'en avais l'occasion, même si son touché m'annihiler jusqu'aux os, je n'oserais jamais rompre un quelconque contact avec lui. Encore moins une étreinte inusitée entre nos doigts si chauds. J'étais bien trop féru de sa personne pour répudier ne serait-ce qu'un seul de ses soupirs, alors j'étranglai mon hystérie dans ma gorge et profitai de cet instant que je ne revivrai sans doute pas. Car main dans la main, nous courions toujours dans les ruelles de Gangnam-gu, bousculant parfois quelques passagers sans nous retourner.

Des pardons et des excusez-moi volaient dans l'air tandis qu'aucun de nous ne ressentaient réellement la culpabilité de les ralentir. Ils devaient nous prendre pour des idiots, à nous voir déambuler ainsi à contre courant dans les chics pavés de ce district. Certains pestaient même des « Regardez devant vous bon sang » «Faites attention », et je voulais leur répondre que mon attention était déjà entièrement capturée par la personne devant moi.

Ce ne fut qu'une fois loin de ces cols blancs, dans un lieu où la verdure prônait sur les immenses buildings, que ses doigts glissèrent des miens et laissa un froid saisir mon épiderme malgré l'étouffante chaleur d'été. Non. Je voulais lui dire non, tiens moi encore la main. Ne la lâche pas aussi vite. Courons encore un peu. Mais je ne fis rien d'autre que regarder nos mains se délier et sentir mon corps se plier sous mon souffle devenu court. Avec l'adrénaline, je n'avais pas senti mes poumons brûler sous ma prison d'os et c'était désormais haletant que je m'appuyais sur mes genoux.

— Désolé de t'avoir fait courir comme ça, je voulais vraiment te montrer cet endroit.

Ma tête se releva aussitôt que des mots sortir d'entre les lèvres de Jaemin. Et d'un regard, je balayai son ailleurs; un champ couvert de pavots écarlates sous un ciel dont l'azur contrastait. C'était la première fois qu'il m'était donné de voir un tel paysage et j'avais le sentiment de me retrouver à la plage de Haeundae face à la grandeur de cette mer vermeille. Je me rendis compte à l'instant que nous étions bien loin de la ville, il n'y avait plus aucun bruit de moteurs, ni même des pas presque militaires des citadins. Nous étions seuls. Juste lui et moi face à cette scène presque éthérée.

— Je me rappelle d'un film que j'avais regardé quand j'étais plus jeune, il parla et je le regardai. La vue que j'avais de lui me fit penser qu'il était encore plus somptueux que le paysage qu'il tenait à me montrer. Un des personnages avait un moment dit que le bonheur résidait dans les petites choses, il n'avait décidément pas tord.

Un léger souffle s'échappa de ses narines tandis qu'un sourire commençait à ourler les commissures de ses lèvres. Et sous ses prunelles, je lui répondis, me demandant si mon sourire apparaissait comme le sien; radieux. Ou s'il était plutôt béat. J'espérais seulement ne pas paraître ridicule à lui rendre sa risette en lui montrant toutes mes dents.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 19, 2021 ⏰

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