Chapitre 3

30 2 0
                                    

À bord de l'Antarès, an 2581, jour un...

— Bordel de putain de merde de... Ah ! J'ai l'impression d'avoir une énorme grosse et affreuse gueule de bois...

Aiolia sourit à la plainte de Dohko puis grimaça. Il avait tellement mal à la tête qu'il avait l'impression que quelqu'un lui tapait sur le crâne avec un marteau.

— Tu devrais être habitué pourtant, grommela-t-il à son compagnon d'armes.

— Oui, mais le fait que tu sois habitué à une chose ne signifie pas que tu l'apprécies, et je déteste l'effet que me fait l'hypersommeil !

— Moi ça me constipe, lança Seiya à leur droite, les cheveux en bataille.

— Encore une merveilleuse journée au Paradis, mes chéris ! hurla un homme immense à l'autre bout de la pièce illuminée d'un blanc aveuglant. Une journée de travail à l'armée, c'est comme des vacances à la mer !

Aiolia se redressa, la vue quelque peu brouillée par cette terrible migraine, et adressa un salut militaire ironique à celui qui venait, à sa façon, de leur souhaiter le bonjour.

— Chaque repas est un banquet ! continua ce dernier d'une voix si forte qu'il l'entendit résonner dans son crâne. À chaque fin de mois, on est millionnaires !

D'autres hommes tout autour de lui commencèrent à se lever. Certains lui adressèrent un regard sceptique tandis que d'autres, encore désorientés, le suivaient des yeux d'un air un peu absent. Il conclut en disant :

— Et chaque corvée est une vraie partie de plaisir !

Il était celui qui, parmi les six chefs de section présents pour cette mission, avait été désigné pour tous les commander. Il s'appelait Aldébaran, il était capitaine, et Aiolia l'appréciait déjà beaucoup.

Seiya se leva à son tour mais à peine eut-il touché le sol qu'il se mit à danser d'un pied sur l'autre en poussant des petits cris de douleur grotesques.

— Oh merde le sol est glacé ! s'écria-t-il d'une voix aiguë. J'aurais dû apporter des chaussons !

Pour toute réponse, Dohko se pencha en avant et vomit dans un seau déposé aux pieds de son caisson et prévu à cet effet.

Shura, toujours assis en face de lui, grimaça tout en passant une main dans ses cheveux déjà en désordre, et grommela :

— Le petit-déjeuner est servi.

— À table ! renchérit Seiya.

— Vos gueules, putain, gémit Dohko après un hoquet.

Une fois qu'ils furent rassemblés puis habillés, ils furent tous immédiatement envoyés se restaurer – hormis ceux que le voyage en hypersommeil avait rendu trop malades. Bien que la technologie de voyage spatial soit très performante à présent, ce genre d'épreuve restait éprouvant pour l'organisme humain. Nourris de vitamines et de tout ce qui était essentiel par intraveineuse, ils ressortaient du caisson quelque peu affaiblis et affamés. Une remise en forme s'imposait donc pour chacun d'entre eux avant qu'ils n'atteignent le but de leur voyage. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle l'astronef se trouvait encore à quinze jours de la planète mystérieuse.

La coquerie résonnait donc à présent des bruits de conversation de trente hommes ravis d'être revenus d'un long sommeil de huit années et quelque peu excités par la mission à venir. L'enrôlement s'étant basé sur le volontariat aucun d'entre eux ne se trouvait ici par obligation, l'ambiance était donc joyeuse, festive et bruyante. Un peu trop peut-être pour le mal de tête d'Aiolia, qui ne diminuait pas.

The IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant