Chapitre 5

31 2 0
                                    

À bord de l'Antarès, an 2581, jour vingt-sept...

— Vous êtes sûre que ce n'est pas les colons qui auraient pu construire ça ? demanda Aiolia en apportant un verre à la jeune femme.

— Ils n'avaient ni les connaissances ni les outils nécessaires pour bâtir une tour de ce genre ! Et d'après les images thermiques, il y en a cinq !

Il s'installa en face d'elle, les coudes sur la table, et la regarda s'animer, émettre des théories, passionnée.

Ils avaient tous été convoqués quelques jours plus tôt en salle de réunion où Marine leur avait fait part des dernières découvertes : la nouvelle sonde placée en orbite, et qui avait, comme Espérance avant elle, envoyé au sol une réplique en miniature d'elle-même, avait transmis des photos pour le moins étonnantes. Parmi tous ces clichés s'en trouvait une seule qui avait chamboulé beaucoup d'estimation et fait naître de nouvelles théories.

Cela avait donné beaucoup de travail à la jeune femme et ils ne s'étaient pas vus depuis près d'une semaine.

— Quand cette planète a été découverte il y a trois cent ans, seules des analyses de surface ont été faites, révéla cette dernière avec entrain. Tout ce qu'on savait en envoyant les colons là-bas c'est que l'air était respirable et qu'il y avait de l'eau en grande quantité et une terre, c'est tout ! Vous imaginez le courage qu'avaient tous ces gens qui ont accepté de partir vers l'inconnu ?

Aiolia sourit et but une gorgée de son whisky. Marine, après avoir repris son souffle, continua :

— Je suis persuadée que ces tours de pierre sont bien antérieures à leur arrivée sur cette planète ! Elles sont très anciennes.

— Ce qui veut dire ? demanda Shura, assis à la droite de son équipier.

— Il y avait très certainement déjà une forme de vie intelligente ici quand les colons sont arrivés, répondit la jeune femme.

— Mais... si c'était le cas, ils en auraient parlé dans leur message, non ?

— Pas du tout, en fait il a été transmis automatiquement par leur vaisseau quand la destination a été atteinte. C'était programmé.

— Un répondeur automatique, quoi.

— En quelque sorte. Dès qu'il s'est placé en orbite géostationnaire les communications ont envoyé un message pré-enregistré informant la base sur Terre qu'ils étaient bien arrivés. C'est tout.

— Ah, donc en fait on a envoyé Espérance en croisant les doigts, déclara Aiolia.

— C'est ça.

— Et ils n'ont pas envoyé d'autres messages après celui-ci ? demanda Shura.

Le comportement de Marine changea légèrement. Si subtilement qu'Aiolia ne s'en rendit pas compte immédiatement. Son excitation devint plus mesurée, elle but une gorgée de sa bière pour se donner le temps de réfléchir et évita brièvement leur regard. Comme si elle se récitait une réponse apprise par cœur avant de la leur donner.

— Si, très probablement, déclara-t-elle plus calmement. Mais comme aucun de nos satellites ne pouvaient les recevoir à cette époque, ils ont erré parmi tous les signaux radios de l'espace pendant très longtemps. Quand nous avons reçu le premier message totalement par hasard, les autres étaient certainement trop détériorés pour être captés, ou peut-être totalement détruits. En fait, nous avons eu beaucoup de chance d'en recevoir au moins un !

Encore une fois, Aiolia sentit quelque chose titiller son esprit, une alerte transmise par son sixième sens militaire mais qu'il ne parvenait pas à comprendre. En jetant un bref coup d'œil à Shura, qui le lui rendit, il s'aperçut que ce dernier ressentait la même chose.

The IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant