Chapitre 15

25 2 0
                                    

L'Okussa, an 2582, 69ème jour d'exploration au sol...

— On va marcher longtemps comme ça, vous croyez ? demanda Dohko avec un soupir en essuyant la sueur qui faisait briller sa nuque.

— Moi ça me fait du bien de bouger ! s'exclama joyeusement Seiya.

Aiolia but une gorgée d'eau à sa gourde et soupira. Il était fatigué mais content. Comme son cadet, il était heureux de quitter les emmas. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de tristesse chaque fois qu'il pensait aux kemmas qu'ils avaient laissé derrière eux. Il avait l'impression de les avoir abandonnés à leur triste sort.

Depuis leur départ, ils n'avaient fait que longer la lisière de la forêt, afin de pouvoir profiter de la fraîcheur des arbres lorsqu'ils en ressentaient le besoin. De toute façon, les herbes de la plaine étaient désormais trop hautes pour qu'ils puissent la traverser aisément.

À quelques pas de lui, Aiolia regarda la Horde s'installer non loin d'un mince filet de rivière pour prendre un peu de repos. Il ne s'agissait que de leur troisième halte et elles étaient chaque fois brèves. Certains dormaient pour récupérer, d'autres semblaient surveiller, mais aucun de ces arrêts n'avaient duré suffisamment longtemps pour permettre à leur unité de faire une nuit complète.

Marine en avait déduit qu'ils pouvaient se permettre d'avoir un rythme de sommeil haché sans effets négatifs. Ce qui n'était pas leur cas. Et Aiolia commençait à ressentir les effets de la fatigue.

— Je crois qu'il va falloir qu'on rationne notre eau, déclara tout à coup Shaka en retirant ses lunettes de soleil. Plus que ce qu'on pensait.

— Pourquoi ? lui demanda Aioros.

— Ça fait trente-six heures qu'on a quitté la tour et j'en n'ai pas vu un seul boire, pas même celui qui est enceinte. C'est la première fois qu'ils s'arrêtent pour se ravitailler en eau.

Il s'installa doucement sur la souche d'un arbre mort. Il semblait éreinté.

— Comment c'est possible ? s'exclama Seiya, les yeux écarquillés.

— L'évolution. En trois cents ans, leur métabolisme s'est adapté à la chaleur en leur permettant sans doute de stocker l'eau. Normalement c'est impossible. Nous on en est incapable, c'est pour ça qu'il faut qu'on boive au moins une fois par jour. Mais eux, non. Certains animaux du désert sur Terre pouvaient passer des jours sans boire. Tout comme certains animaux en Afrique centrale, et qui se nourrissaient au rythme des migrations, pouvaient passer des jours sans manger.

— Il y a des animaux en Afrique ?

— Plus maintenant, répondit Aiolia pendant que Shaka essuyait la sueur qui lui coulait dans les yeux. Toute la zone est radioactive.

— Ah, ouais.

— Ce serait pas mal si on pouvait faire un prélèvement sanguin sur un sygma, déclara Hyôga en s'asseyant avec un soupir.

— Il n'y a plus qu'à espérer qu'on en trouve un évanoui, s'amusa Milo sur le canal général.

Aiolia sourit. Puis il repensa à ce kemma à qui ils avaient fait une prise de sang il y a plus d'un mois. Suite à ça il l'avait vu parfois arborant des traces de coup, terriblement maigre et pourtant toujours vivant. Très honnêtement, il n'aurait jamais pensé qu'il survivrait aussi longtemps. Il ressentit une certaine honte, mêlée à de la colère, de l'avoir laissé là-bas.

— Hey, regardez ! s'écria tout à coup Dohko. On dirait une bite !

Si Seiya se dépêcha de le rejoindre, Aiolia laissa échapper un rire alors que Shaka levait les yeux au ciel. Aioros, pour sa part, laissa tomber ses bras le long du corps d'un geste dépité et dit :

The IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant