Chapitre 4

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Happier - Ed Sheeran

Aujourd'hui, c'est la rentrée. J'ai essayé de trouver le sommeil tant bien que mal, en vain. Alors je suis sortie courir à six heures du matin, comme si c'était la chose la plus naturelle à faire pour combattre le stress. Évidemment, ça n'a pas fonctionné, et la douche chaude que je viens de prendre à l'instant n'a pas eu l'effet que je cherchais non plus.

En bref, c'est la rentrée.

Chaque année depuis la sixième, c'est la même chose. La boule au ventre, les nœuds dans la gorge, les sueurs froides, les palpitations me sont devenus familiers. Mais cette année bat tous les records. J'ai beau connaître au moins une personne, je ne me sens pas du tout rassurée.

Je me change au moins cinq fois. Je tente même de mettre un peu de couleur, mais en me regardant dans le miroir, je sens bien que ce n'est pas moi. Je ne suis pas comme ça. Je ne cherche pas à attirer les regards sur moi, je veux passer inaperçue – et ça, ça ne changera pas -.

J'opte alors pour un jean skinny noir et une chemise de la même couleur. Je n'attache pas mes cheveux bien qu'ils soient longs. Pour une fois, mes ondulations sont à peu près correctes, alors je vaporise juste un peu d'eau dessus et je passe un bandeau blanc dans mes cheveux pour au moins apporter une touche de couleur à ma tenue.

— Alma, le déjeuner est servi ! lance papa depuis le rez-de-chaussée.

Il a déjà adopté l'usage du vocabulaire canadien, visiblement. J'attrape mon sac à dos et je descends à la cuisine. C'est probablement le seul jour de l'année où je suis à l'heure.

C'est un peu la course ce matin. Maman est partie plus tôt pour préparer sa classe et accueillir correctement ses nouveaux élèves. C'est papa qui se charge d'emmener mon frère, aujourd'hui.

Moi, j'y vais seule, comme d'habitude. Du moins, aujourd'hui, je serais accompagnée. Arya m'a donné rendez-vous dans un peu moins d'une heure.

— Coucou mon chat, lancé-je en embrassant son crâne.

Eden me sourit et se concentre sur ses céréales. Je me contente de le regarder, le sourire aux lèvres. Il a terriblement grandi, je ne m'en étais pas rendu compte.

— À quelle heure vous partez ? demandé-je en me servant un verre de jus d'orange.

— À huit heures. C'est à cinq minutes en voiture.

Je hoche la tête et reporte mon attention sur mon frère. Il a la tête cachée par son bol de lait qu'il est en train d'engloutir sans faire de pause.

— J'ai tout fini !

— T'es trop fort.

— Alma, tu peux l'aider à se préparer ?

— Bien sûr. Viens Eden, tu as le droit à l'avion ce matin, lui dis-je en l'aidant à grimper sur mon dos.

— Trop cool ! s'écrie-t-il, ravi.

Je souris. Nous grimpons du plus vite que je peux au premier étage. Je l'aide à s'habiller, puis à se laver les dents.

— Ça fait deux minutes, marmonne-t-il, la brosse à dents encore dans la bouche.

— Eden, tu n'as même pas frotté. C'est important, il faut que tu t'appliques.

Il soupire, mais s'exécute. Pendant ce temps, je m'applique à remettre de l'ordre dans ses cheveux bouclés. Je ne sais pas pourquoi ils me rappellent ceux du garçon que j'ai rencontré au supermarché. Les siens étaient même encore plus emmêlés à cause du vent.

Neptune [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant