Chapitre 9: Une Avalanche de Souvenirs

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"Maintenant, je sais une bonne fois pour toute qu'on ne chasse pas les images, et encore moins les brèches invisibles qui se creusent au fond des ventres. On ne chasse pas les résonances ni les souvenirs qui se réveillent quand la nuit tombe ou, au petit matin, on ne chasse pas l'écho des cris et encore moins celui du silence."
- Delphine de Vigan -

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Lorsque le jeune Stilinski sortit de l'enceinte du grand bâtiment, il aperçut au loin, près de sa fidèle Roscoe, une silhouette imposante qu'il ne connaissait que trop bien. Derek.

Que faisait-il ici?

Stiles sourit. Il ne savait pas pourquoi mais le fait que le loup vienne jusqu'au lycée pour lui, pour venir le chercher, lui procura une douce sensation au creux du ventre. Mais en même temps, Derek était venu pour le surveiller, pour veiller à ce qu'il rentre à la maison et tout cela parce qu'une personne aux desseins terribles menaçait l'adolescent.

Derek n'était pas venu pour lui, il était là pour que rien ne lui arrive, comme il l'aurait fait pour Scott ou Malia.

Son sourire se flétrit instantanément. Pourquoi penser être spécial pour quelqu'un? se demanda Stiles. Pourquoi s'imaginer des choses insensées qui ne faisaient que lui pincer le cœur?

Il rejoignit le pas lourd sa Jeep et salua à peine le brun qui l'y attendait. Celui-ci fronça les sourcils face au comportement du plus jeune mais grimpa à son tour dans la voiture et laissa Stiles démarrer dans des gestes trop brusques.

-" Dure journée?" interrogea Derek en admirant le visage si fin du garçon.

Son teint laiteux contrastait avec la pureté de ses yeux ambrés. Ses cheveux relevés lui donnaient un air plutôt mature et le brun se prit à repenser à leur première rencontre, en fait cette maturité il la possédait déjà auparavant mais il la cachait avec ses remarques cyniques et ses frasques enfantines. Ces yeux émeraudes s'attardèrent alors sur la constellation de grains de beautés qui ornait sa peau et traçait des dessins que le loup rêvait de pouvoir toucher.

-" Qu'est-ce qui te faire dire ça? Mon odeur? Mon silence? Mon envie de frapper quelque chose?" répliqua sèchement le jeune homme.

-" Tu ne veux pas en parler donc." supposa l'Alpha.

-" Tu t'appelles Sherlock toi non?" fit remarquer Stiles d'un ton acerbe.

Et Derek se tut. Si Stiles ne voulait pas parler, il n'allait pas le forcer. En même temps, il savait ce que le garçon avait vécu aujourd'hui, Scott lui avait fait parvenir une photo du message perfide adressé à l'humain. Il se rappelait encore la colère qui l'avait enveloppé à ce moment là, la rage criante, ténébreuse, dévorante qu'il avait ressenti. Ses mains se souvenaient toujours la force avec laquelle il avait frappé l'arbre le plus proche de lui, les blessures qui guérissaient encore comme témoins de cette triste scène. Son loup avait pris le dessus. Et Dieu seul sait ce qu'il aurait pu faire s'il n'avait pas été dans la forêt à cet instant mais dans un rue passante, bondée d'humains, bondée de proies.

Lorsque sa vision du monde était devenue moins brumeuse, il avait accouru au lycée et de dehors, il n'avait eu de cesse de veiller sur Stiles, de juger n'importe quelle personne qui s'approchait trop près de lui, de sentir le moindre adolescent qui lui semblait suspect.

Bien que cela ne donne rien, il se sentait utile. Il avait l'impression d'être à la hauteur et que peut-être, si le destin devenait enfin clément envers lui, peut-être arriverait-il à sauver Stiles.

Cette pensée l'obsédait depuis des jours. Et s'il n'était pas assez fort? Et si ce mal était trop puissant?

Dès qu'il fermait les yeux, des images de l'adolescent aux yeux trop fixes, au teint trop pâle, aux traits trop tordus lui assenaient l'esprit et une torpeur désastreuse lui grignotait le ventre.

Mine at the Lunar eclipse - STEREK (en Pause) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant