4.Amertume

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Descendant les flancs de ces falaises abruptes, contournant ces pierres déchirées par les années et les déflingrations qu'elles ont connues. Le chemin était difficile, mais Alex, en tenant de plus en plus son sac à dos pliant ses vertèbres, sentait ses muscles travailler et sa santé se développer ainsi que son endurance. "Moscou" était devant lui, plus qu'à quelques mètres, il marchait, continuait, traversait une rivière, arrivait devant des portes en métal énormes.
Une sorte de gardien y était adossé, et avait l'air de travailler dans une petite cabane de fortune à côté de la grande porte.
Alex s'approcha de lui, puis lui adressa la parole :

- Salut ?

L'homme à la tête baissée ne répondit pas, Alex le regarda de plus prêt, tendit l'oreille et l'entendit ronfler. Il lui cria en s'empechant de rire :

- Garde à vous !

Le garde lâcha son arme, se redressa, laissa filer un filet de salive de sa bouche, ramassa son arme et se mit en garde à vous dans la même seconde. Il cria à moitié endormi :

- H-halte !

Alex le regarda un sourcil relevé puis rétorqua avec un air hautain :

- Vous dormiez en service ? C'est autorisé ici ?

Le garde qui semblait perdre ses moyens répondit en essayant d'être le plus convainquant possible :

- J-je ne dormais pas, étranger.

Le jeune homme rigolant lui lâcha :

- Vous ronflez quand vous dormez.

Le garde se trahit :

- V-vraiment ? Peu importe, j'ai pour ordre de laisser entrer personne !

Alex sourit de façon diabolique :

- ça serait vraiment dommage si l'homme sur la muraille là-haut, qui a l'air d'être votre supérieur savait que vous dormiez en service, vous ne croyez pas ?

Le gardien baissa les yeux et ouvrit la porte.
La ville était vraiment... Laide. Le sol était en boue, quelques pavés y était à peine enfoncés, si bien qu'on n'en distinguait même pas de chemins :

- Ah... C'est pas très fameux.

Quelqu'un tapotta deux fois sur le bras d'Alex derrière lui, il se retourna au quart de tour :

- Oui ?

Il s'agissait d'un enfant de bas âge, habillé en haillons grisâtres, il parla d'un ton affectueux et avec des gestes :

- C'est l'empereur, il est pas très gentil avec nous, et en plus il est à la recherche d'un gens qui tue d'autre gens.

Alex pensa d'abord qu'il était "ce gens" puis il se dit qu'il venait à peine d'arriver, ça ne pouvait pas être lui. Il répondit à la petite fille :

- Ne t'en fais pas, je le trouverais, promis.

Elle lui adressa un large sourire et courut vers son père. Mise à part cette petite animation, Alex n'était pas convaincu de la beauté tant matériel que sur le plan de l'allégresse de la ville. Il sentait qu'il pouvait peut-être faire quelque chose pour aider cette petite colonie; qu'il imaginait si grande et magestieuse. Cependant que si cela lui permettrait de s'aider lui-même par la même occasion.
Les bottes d'Alex s'enfonçait dans la boue enneigée, il se dirigeait vers le plus grand bâtiment de la ville, un immense monument détruit en partie avec une coupole sur le toit. Seulement, il fut intrigué par un bâtiment en bois à sa droite où se battait plusieurs hommes fort. Il s'approchait lentement tout en regardant la scène, des hommes buvant et se frappant avec difficultés dûes à la boisson. Alex restait prudent, ils avaient presque tous des gilets pare-balles, et étaient tous armés. Quand il arriva vers le "videur" du bar (comme il se faisait appeler), il posa une main sur le buste d'Alex et lui cria presque :

- Toi, t'as quel âge ?!

Alex leva un sourcil en souriant et rigola en répondant :

- Y'a pas d'âge pour boire mon frère !

Il enleva ses lunettes de soleil fatiguées et rigola avec lui en le laissant passer :

- Haha ! T'as bien raison mon frère !

Alex entra dans la cabane en poussant la porte en bois.
Dedans, c'était le grabuge, des gens balançant verres, chaises, et même des tables... Le jeune homme s'assit au bar et commanda de l'eau : (c'était gratuit, c'est pour ça...).
Après plusieurs minutes, Alex remarqua deux hommes seuls et calmes assis à une table à côté de lui. Ils se levèrent et s'approchèrent, Alex posa une main sur la poignet de son revolver par sécurité. Un des deux hommes était grand les yeux verts, l'autre tout petit avec les dents jaunâtres, le grand commença à parler. Il était habillé lui aussi avec une sorte de gilet de combat et avait des cicatrices partout sur le visage :

- Hey le jeune ?

Alex tourna la tête de façon désintérésée et retira son capuchon, toujours la main sur son arme :

- Ouais ?

Le grand homme sourit puis baissa les yeux et vu la main d'Alex sur son arme :

- Je... J'aurai une proposition à te faire mon gars. Tu vois, je suis le chef de toute cette bande de lascards bourrés, le problème, c'est qu'on est mercenaires et que je peux pas les faire bosser bourrés... Les affaires marchent pas trop fort en ce moment donc... Si tu veux te faire de la thune, tu nous aide à redorer le blase et je te paye disons... Vingt pourcent ?
Alex le regarda dans les yeux :

- Quarante ou je fais rien.

Le grand homme baissa la tête en serrant les dents :

- Bien, haha.

Le jeune homme remit sa capuche :

- De quoi s'agit le boulot ?

L'homme releva la tête et dit sans hésiter :

- Il s'agit de cinq enfoirés qui ont volés dans nos stocks d'armes et de munitions... Ils se cachent selon les éclaireurs dans un... Bâtiment militaire enneigé au nord-ouest d'ici.

Alex sourit de toutes ses dents de façon macabre tout en explosant de rire :

- Donnez moi ma récompense alors, je les ai déjà désingués ces cinq péquenots. Je sais pas comment vous avez fait pour les rater, il y en avait qu'un qui savait réellement tenir un flingue.

L'homme prit son propre visage dans ses mains puis regarda Alex :

- Écoutes le jeune... Je te l'ai dit on est pas dans la meilleure forme de la guilde. Donc... Je peux pas te payer, mais je peux t'offrir, euh, disons... Une baraque ? Elle vaut environ 40 pièces d'or, et je t'en doit 50 du coup, t'en pense quoi ?

Il serra les dents et Alex continuait de sourire :

- Ça me va, mais je veux faire partie de la guilde, et plus haut placé que tous ces pégus !

Le grand homme sourit à son tour et tendit sa main :

- Moi c'est Nikolai !

Le jeune capuché lui serra :

- Alex.

Après quelques minutes, il sortit du bar avec 10 pièces d'or et une clé pour sa nouvelle maison, près de l'hôtel de ville.
Alex sourit à pleine dents en regardant la mairie, une femme vint et lui adressa la parole d'une voix cassée et alcoolisée :

- Hey pécore ! Viens te battre !

Tout le monde regarda et fit un cercle autour d'eux, Alex lui répondit avec assurance :

- Allez dégages.

La femme prit une inspiration spontanée et bondit sur Alex qui l'esquiva sans un effort, même avec 20 kilos sur le dos. Il la regarda de façon hautaine :

- Pathétique...

Elle recommença exactement la même attaque prévisible :
Alex la frappa, puis la prit par le cou et l'éclata sur la pancarte en bois et en métal du bar; celle-ci partit en morceaux, et la femme ne se releva pas.
Alex souleva son sourcil gauche :

- Mouais... Y'a mieux ?

Les personnes autour s'en allèrent impressionnées et déstabilisées. Alex se frottait sa veste en cuir pour en enlever la poussière.
Il regarda encore une fois la mairie, et se dit :

- Un jour j'habiterai ici.

Ultimum JudiciumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant