1.Aberration

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Certaines terres ne s'étaient pas remises de la catastrophe nucléaire, les métropoles notamment, tas de ruines difformes, et dangereuses. Cependant ces mêmes ruines étaient d'une certaine beauté, parcourues de lierre et de feuillage sur les grands bâtiments toujours debout. Les forêts en revanche, qui étaient réaparues sur les cadavres de leurs prédécesseures, elles n'avaient jamais été aussi denses et élégantes... L'un des plus grands dangers était sans nuls doutes le reste de radiations dans les cratères, étangs, plaines, et bâtiments. Les animaux semblaient en être attiré comme une odeur agréable pourrait-on supposer... Il est tout de même triste de se dire qu'après quelques générations, ces radiations les ont fait mutés et les ont rendus fous...
Et dans tout ce monde infirme, les humains se battaient toujours pour le pouvoir et la vie en général.
Loin à l'ouest, se tenait une plaine, enneigée en hiver, ensoleillée en été, et tout commença ici...

Sur le versant d'une montagne à l'est, on pouvait apercevoir une sorte de chalet de fortune, en planches et en cuir à l'abri du vent. Si l'on se concentrait, on pouvait entendre les cris d'un homme disciplinant les siens avec dureté.

C'était un grand homme, aussi bien en taille qu'en mérite et en bravoure, il n'était ni vraiment bon, ni vraiment cruel. Il se nommait Anton et commandait une dizaine d'hommes et femmes cherchant à survivre. Les gens en communautés les appelaient "pilliards", et bien qu'ils n'étaient point totalement sains d'esprits ou sans péchés, tout le monde cherchait seulement à survivre...

- Écoutez mes amis, les temps sont durs, l'hiver arrive et il nous faut trouver de quoi manger pour survivre. Quelqu'un a une idée d'où chercher nos biens ?

Le grand orateur se tus après avoir posé cette question à ses hommes.
Une femme moins âgée, une cicatrice sur le long du visage, habillée de haillons rétorqua en bousculant ses camarades tout en s'approchant de l'orateur :

- On a qu'à se servir dans des provisions des autres au lieu de chasser comme des cons !

Ses compagnons poussèrent alors des cris d'espoir et de satifaction niés.
Anton sur l'éstrade en face d'elle, prit son visage dans sa main en soupirant :

- On en a déjà parler Anna... Nous ne sommes pas des pillards !

Finit l'homme tout en se redressant et serrant le poing.
La femme baissa la tête et se tus parmi ses camarades. Un homme d'une trentaine d'années parressant plus sage prit la parole :

- Anton, on a quasiment plus de vivres, il va falloir soit voler, soit chasser dans la neige... et personnellement je préfère voler au chaud que chasser au froid.

Plusieurs de ses confrères et sœurs hochèrent la tête en accord et en chœur.
Anton baissa la tête et reprit :

- Vadim, je comprends tes doutes, je sais que vous avez peur, comme moi, mais voler n'est pas la solution, nous sommes plus que des voleurs, nous sommes des anciens soldats pour la plupart de nous; ou des survivalistes aguerris. La chasse est notre domaine.

Vadim monta sur l'éstrade avec Anton :

- Anton, mes frères et sœurs, j'étais en reconnaissance il y a de cela 3 jours, j'ai trouvé une grotte à l'ouest, pleine de vivres et de matériel... Anton, il nous suffirait de nous servir, il y a seulement une personne qui l'habite, un vieux qui n'en a pas besoin.

Anton soupira puis hocha la tête.

Plus tard, il s'éloignait alors de la grande place, et ouvrit une porte pour retrouver ce qu'il avait de plus cher.
Toutes les planches formant des murs étaient d'un assemblage assez approximatif, se faisant, on pouvait apercevoir ce qui se cachait derrière : Une femme à la chevelure blonde entre-mélée, un nourrisson dans les bras; leur teint pâle donnait à la pièce un semblant d'aura lumineux grâce à la lanterne au chevet du lit sur lequel ils étaient assis. Anton s'approchait doucement, non par peur, mais par fatigue, il longeait le mur de bois noirâtre, arrivait devant son lit. La femme à la chevelure dorée releva la tête et sourit à Anton :

- N'est-il pas magnifique ?

Anton qui ne pouvait pas s'empêcher de sourire, hocha la tête comme hypnotiser par la beauté de la scène :
La femme fronça légèrement les sourcils et reprit :

- Qui a-t-il Anton ?

Celui-ci cligna des yeux plusieurs fois, sortant de son rêve :

- Rien, nos hommes n'écoutent plus, ils ont peur, ils doutent et ils n'ont qu'un seul bouc-émissaire... Ils veulent attaquer le foyer d'un ermite je crois. Ils ne croient plus en moi...

Il baissa la tête avec honte, mais la femme assise prit son menton de son index et son pouce et lui releva :

- C'est eux qui t'on choisis, ils croiront toujours en toi.

- Elena... Ils n'ont plus besoin de moi, je commence à croire que nous devrions nous en aller avec Alexandr.

- Mais pour aller où ?

Leur deux visages étaient tous deux inquiets et tendus.
Anton s'assit alors à côté de sa femme et la prit dans ses bras, il murmura :

- Je n'en sais rien, demain je me battrai à l'est.

La femme sourit mais au fond, son inquiétude prenait le dessus. Le lendemain, elle se réveillait seule avec Alexandr, et n'attenda que quelques minutes avant que son homme ne revienne. Il revenait "victorieux", ou plutôt sans s'être battus, les vivres les attendaient là, tout s'était un peu trop parfaitement déroulé, et les hommes étaient fiers d'eux et de Vadim surtout. Ils fêtèrent cela au midi jusqu'au soir mais Anton lui préférait la compagnie de son fils :

- Un jour tu seras un grand homme mon fils, tu seras bon et fort... Moi je n'ai pas réussi, mais tu as tout le temps de le faire.

Telle était la pensée d'un humble homme.
Quand il fit nuit, la fête devenu de plus en plus calme, des gens disparaissaient, sûrement partis dormir...
Pourtant les lits étaient tous vide, ou plutôt plein, de sang frai.
C'était une ombre, elle emportait avec elle tout ce qu'il y avait sur son chemin. On pouvait seulement entendre des cris étouffés et des grincessement de lames sur le cuir et la chair. Cependant, les hommes étant tous saouls, ils n'entendaient plus rien. Anton quant à lui entendit le cris d'une seule personne et la plus importante. Il ouvrit un tiroir, en sortit un berceau et un revolver, Alexandr était en sécurité avec lui. Le chien relevé en un craquement de rouille, il attendait que ce qui arrivait, surgisse. Malheureusement, il n'eut point le temps de réagir... et l'ombre s'approchant maintenant de l'homme au sol, s'arrêta en remarquant le nourrisson. Il comprit alors que le père était l'homme sans-vie par-terre, mais nuls regrets ou remords. Ce fantôme pouvait néanmoins sauver une vie : et c'est ce qu'il fit.
Il rentra chez lui un nourrisson dans les bras avec ses vivres regagnés, l'ermite n'allait plus être seul maintenant.

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