Un défi de taille (partie 1) ║Johnlock║

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Sherlock était là, allongé dans son lit, les yeux rivés sur le livre qu'il tenait en mains. À la faible lumière de sa lampe de chevet, il s'imprégnait avec délice de chaque mot écrit sur les pages blanches, qui expliquaient avec efficacité et parcimonie la complexité de la coagulation de la salive après la mort.

Lecture des plus intéressantes, entre autres.

Tellement intéressante qu'il n'entendit rien de l'homme qui s'affala avec lourdeur sur le matelas à côté de lui, tête la première dans le coussin. Ce n'est que lorsque celui-ci émit un gémissement, où l'on pouvait discerner toute la souffrance et la fatigue du monde, qu'il daigna lui prêter une once attention.

«- Tu as enfin réussi à calmer Rosie ? interrogea-t-il d'une voix calme, sans pour autant lever les yeux du bouquin.

- Après trois histoires, deux biberons et au moins dix berceuses, elle a bien voulu m'accorder un moment de grâce.» geignit John dont la voix était étouffée par le coussin.

Alors, dans un extrême effort, le médecin déboutonna sa chemise pour la ôter, et retomba immédiatement dans l'oreiller, qui était beaucoup trop doux et délicat pour le quitter.

Il était exténué comme jamais il ne l'avait été auparavant. S'occuper de Rosie était un défi incommensurable, bien pire que la guerre, croyez-le ! D'autant qu'il était seul pour en prendre soin, car un certain sociopathe de haut niveau ne voulait pas bouger son cul de drama queen pour l'aider.

Mais à vrai dire, cela ne l'étonnait pas réellement venant de la part de Sherlock...

En parant du loup, ce dernier avait quitté des yeux son petit bijou de papier. Son regard était à présent posé sur le dos nu de son cher compagnon juste à quelques centimètres de lui. Ce corps, dont les épaules se creusaient, laissait apparaître des muscles fort luisants et bien bâtis (quoiqu'il avait pris quelques kilos après leur mariage, remarqua Sherlock).

Il n'empêche que, irrésistiblement attiré, le détective s'approcha de l'être en question avant de lui embrasser la nuque avec tendresse, tandis qu'une main baladeuse lui effleurait le bas du dos.

«S'il te plaît, Sherlock... supplia le médecin dans une prière presque inaudible tant il était exténué. Je suis fatigué, et j'ai qu'une envie là : c'est de dormir

Mais le sociopathe n'eut pas même le temps de protester que l'on entendit des hurlements stridents et puissants raisonner dans tout le 221B. Il semblerait que Rosie faisait encore des siennes.

«Mais c'est un coup à se suicider, ça !» se démoralisa le blond en se relevant contre sa volonté.

C'est qu'il regrettait la guerre, c'était moins épuisant !

«C'est toi qui a choisi de la faire, John.» rappela Sherlock en se penchant sur le sol pour se saisir de son livre afin de continuer sa lecture.

Il savait que John allait en avoir pour un moment, alors il devait trouver de quoi s'occuper encore un moment. Et, même s'il ne se l'avouerait jamais, le sociopathe avait du mal à dormir sans sentir la présence de son médecin à ses côtés.

Alors il attendit. Il entendait toujours les cris incessants de la fille, et les plaintes suppliantes du père. Lorsque, au bout d'une demi-heure tout de même, le silence reprit ses droits sur l'appartement. Sherlock soupira de soulagement. Enfin.

Un peu plus tard, l'ex-soldat revînt dans la chambre, ses cernes bien plus creusées qu'un peu plus tôt, l'œil sautant par un manque cruel de sommeil.

Il pouvait entendre son lit l'appeler «John, vient te coucher et dormir pendant toute une nuit». Oh oui, cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas dormi une nuit complète sans se lever pour se presser auprès de son enfant capricieuse.

Mind and Heart [Recueil OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant