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Avertissement : Ce passage pourrait choquer. Ne pas lire si vous êtes sensibles. Scènes choquantes et violentes. Pour rappel : tout cela n'est que fiction.
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Une goutte, puis deux. La vue de ces deux gouttes d'un rouge vif m'hypnotise. Le temps semble s'arrêter pendant que d'autres gouttes tombent. Je souris, surement un sourire sadique, meurtrier et pourtant, j'en suis fier. Je continue à faire glisser la lame sur mon poignet, lentement comme pour savourer l'instant. La douleur a disparu. Le sang coule, encore. Je m'arrête pour prendre encore une autre pilule. L'effet est presque instantané. Allongé sur le sol dur, je fixe les nuages fins qui décorent le ciel. C'est beau mais je n'aime plus la vie. Vivre n'est que douleur et haine. L'oublier serait bien. Mourir serait mieux. Je me redresse et inspecte mes poignets. Deux coupures rouges sur le droit, une seule sur le gauche. Je reprends mon cutter et me coupe la peau sur mon poignet gauche. Le sang commence à apparaître ; l'extase aussi. Je place mon bras au niveau de mon visage, loin de mon corps, juste pour regarder mon sang couler. Ce sang qui vient d'un monstre, mon père et d'un ange, ma mère. Des larmes coulent le long de mes joues, toutes roses à cause du froid, mais je ne sais plus si c'est de douleur ou de plaisir. Au dessus de moi, les nuages se condensent. Je ferme les yeux et me rappelle. La douleur...
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Le placard est très étroit. Du haut de mes 7 ans, je n'y rentre plus comme avant. Aujourd'hui, j'y suis parce que j'ai renversé de l'eau sur des dossiers. Cela n'empêche pas la lecture, mais il n'a rien voulu savoir. Cela fait déjà une bonne heure que j'y suis. J'ai déjà envie d'aller aux toilettes. Je distingue des cris. C'est pas bon signe en tout cas. Soudain, je l'entends ouvrir la porte violemment, taper du pied et jeter quelque chose par terre. Je ferme les yeux. Il approche, je le sent. Il ouvre la porte. Je lève la tête et voit son visage rouge de colère, ses yeux injectés de sang haineux et il empeste l'alcool avec un mélange de tabac.
- Dégage ! Me hurle-t-il.
Je me précipite en dehors de cet enfer mais je n'ai pas le temps de m'enfuir. Il me rattrape par ma capuche et me donne un coup de pied dans les fesses. Je ne crie pas. Pas tout de suite. C'est lorsqu'il me redonne un coup, plus fort cette fois, que je hurle. Ma mère arrive alors et se fige. Ses cheveux sont ébouriffés et sa chemise presque toute déboutonnée. Elle ne porte même plus de robe, juste son collant noir. Il me lâche et grogne.
- Fais ce que j'te dis d'faire où je continue avec la ceinture, menace-t-il à ma mère. Ou tu préfères...
Ma mère n'hésite pas. Elle me tire vers elle et me serre contre son ventre.
- Laisse-le en dehors de ça, sanglotte-elle. Je ferais ce que tu veux mais laisse Adil.
Je l'imagine encore avec son sourire sadique. Elle me repousse tendrement en dehors de la chambre et me pose un baiser sur le front. Mes yeux sont encore pleins de larmes lorsqu'elle ferme la porte. Au début, il y a un silence, puis je l'entends pousser ma mère contre la porte. En même temps, il verrouille la chambre. J'ai peur.
- Tu sais ce que tu as à faire, hein. Crache-t-il.
Je m'écarte de la porte. Lentement. Puis le cauchemar de ma mère, de moi, de nous, commence. Il lui fait son affaire pendant qu'elle crie mais ne se débat pas. Son cri résonne dans ma tête comme un rappel.
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J'ouvre les yeux, haletant. Il a déjà commencé à pleuvoir et je n'ai même pas remarqué. Je suis allongé sur le sol et, désormais, mes poignets me font mal. Je ne sais même pas si je pleure car les gouttes me frappent le visage. Je hurle. Je hurle de douleur mais surtout de rage. Puis, épuisé, je me lève lentement. Je titube jusqu'à la porte des escaliers. Je descends les premières marches. Tu sais ce que tu as à faire hein. Je m'appuie sur le mur. Fais le ! J'inspire encore une fois, sans succès. Ta mère c'est une put***, alors tu la boucle. Je frappe d'un coup le mur. T'es qu'un raté, comme ta mère. Je frappe encore une fois, plus fort, plus vite. Je me met en garde, comme dans un vrai combat et je frappe sur le mur. Sur mon ombre. Au bout de quelques frappes, je regarde mes mains ensanglantées. J'ai l'impression de ne plus rien ressentir. Mais même vide, vide de pensées et vide d'émotions, je pense à Anna. Je pense à celle qui m'a fait souffrir aussi. Mon corps se remet à fonctionner ; je descend les marches sans m'arrêter. Arrivé devant la porte, je souffle. Ma mère est surement là et je ne peut l'éviter. Mes mitaines aux mains pour cacher mes blessures, j'entre. Elle se retourne, les yeux rouges. Son frère aussi est avec elle. Elle se précipite vers moi et me gifle. Je cligne des yeux, complètement sonné. Malo, à mes pieds, gémit tristement.
- T'étais où ?! S'indigne-t-elle. Ça fait plus d'un jour que tu n'es pas rentré à la maison ! Tu te rends compte ?! J'étais tellement inquiète. J'ai cru que...
Elle se remet à pleurer en me serrant fort dans ses bras. Je referme mes bras autour de sa taille et fixe mon oncle. Il garde les bras croisés et fixe mes mains avec des yeux sévères. Il se doute que je ne suis pas juste parti au skatepark. Je me dégage de son étreinte. Puis je la contourne et rentre dans la salle de bain en veillant à fermer la porte à clé. Je vomis silencieusement au dessus du lavabo, puis je reste un moment sans bouger. Après avoir nettoyé les dégâts, je sors de la pièce pour me réfugier dans ma chambre. Je ferme aussi ma chambre à clé, avec mes mains encore tremblantes. Puis, épuisé, je m'allonge sur le ventre, au dessus de mes habits éparpillés balancés plus tôt sur mon lit. Je ferme les yeux. Je faufile ma mains sous mon lit et sort ma boîte. Je sors une cigarette du paquet se trouvant à l'intérieur et la met entre mes lèvres. Je soupire. Mes yeux hésite sur mon briquet abîmé. Je le touche du bout des doigts.
Je meurs de l'intérieur.
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-Bipolaire Insensible-
Romance- Deux âmes perdues qui se rencontrent dans un univers vacillant. Adil, 17 ans, diagnostiqué bipolaire sévère, se retrouve perdu dans une nouvelle ville avec sa mère. Après dépressions et agressions, il espère retrouver la joie de vivre, à nouve...