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Je n'en peux plus. J'ai l'impression que tout mon corps va exploser. Ma tête semble prête elle aussi à éclater dans la minute. Il s'est passé une semaine depuis que j'ai vu Anna. Il ne reste plus longtemps avant la fin des vacances. Noël est passé. C'est la deuxième année que ma mère et moi passons les fêtes de fin d'année sans mes grands parents. Il n'y aucune chance que tout revienne comme avant, après la réactions de ma grand-mère. Je me tape la tête sur mon bureau. J'ai travaillé toute la journée, avec pour seule pause le déjeuner. Et il ne fait pas encore nuit.

- Adil ? Crie ma mère depuis la cuisine.

Je soupire. En ce moment, même sa voix m'énerve. Tout m'angoisse et me crispe, jusqu'à mon propre reflet sur un miroir. Je me lève en balançant ma chaise plus loin.

- Quoi ?! Je hurle avant même d'entrer dans la pièce.

Ma mère est dans la cuisine. Mais elle n'est pas seule. Un homme, grand et mince, est à ses côtés, la main posée sur sa taille comme pour marquer son territoire. Une nausée me vient instantanément. Ma mère m'observe d'un oeil inquiet et fatigué.  Je pose la main sur ma bouche.

- S'il te plaît Adil, murmure ma mère, laisse moi t'expliquer...

Et comme pour m'énerver encore plus, cet inconnu me fait un sourire. Une envie de lui balancer mon poing dans la figure me remplit l'esprit. Ses yeux sont noirs sans qu'on distingue la pupille. Son visage semble accueillant mais je n'y crois pas. Ses cheveux sont longs jusqu'au épaules, blonds mais très fins. Il est mince mais pas maigre, ses épaules sont assez étroites. Ses mains sont fines et manucurées. L'imaginer en train de tripoter ma mère me donne encore plus envie de rendre tous les repas de la journée. Soudain, il me tend la main. Je sursaute. Si il croit que je vais la prendre, sa main...

- Je m'appelle...commence-t-il.

Sa voix m'insupporte dès qu'il ouvre la bouche.

- La ferme toi ! Je lui crache au visage, haineux. 

Je ramasse mon skate et prend mon blouson sans manche. L'atmosphère est lourde, très lourde. Je lance un regard noir à ma mère. C'est une sorte de trahison pour moi. Après mon enfance, comment ose-t-elle me faire endurer ça maintenant ? Je sors en trombe et dévale les escaliers le cœur eu bord des lèvres. Je titube. J'ai une envie soudaine de vomir. J'inspire et expire longuement pendant une minute. Mais je ne suis toujours pas calmé. La porte s'ouvre d'un coup et je ne lève pas la tête. Oh non, il manquait plus que ça.

- Coucou ! Lance une voix joyeuse. Tu vas bien ? Tu tombes à pic on voulait te proposer un cinéma.

Je lève alors la tête en ravalant ma nausée. Mais je n'essaye même pas de sourire. Noémie se trouve devant moi, tout sourire en robe rouge vif. Je cligne des yeux. Anna est à ses côtés, qui semble d'une humeur maléfique avec ses vêtements noir et ses cernes. Elle me lance un regard las.

- Je n'ai pas le mood cinéma, je lâche sèchement. 

Noémie se frotte les mains. Anna lève les yeux au ciel. 

- Oh, d'accord, fait Noémie. Hé bah, on se voit la prochaine fois alors !

- Je t'avais bien dit, susurre Anna. Allez on s'en va. 

Je plisse les yeux. Puis je me faufile entre elles et bouscule Anna au passage. Elle me rattrape le bras in extremis. Sa poigne est ferme. Ma nausée revient à mon grand regret.

- T'as un problème Adil ?

Je la regarde dans les yeux sans ciller. Maman et maintenant toi ?

- Tu sais quoi ? Lâche Anna en gardant sa main sur moi. J'en ai marre. J'essaye d'être sympa et de commencer une amitié avec toi...tu gâche tout punaise. Je sais rien sur toi.

Noémie lui touche doucement l'épaule. 

- Anna arrête, il a peut-être besoin de quelques temps. Tu vois bien qu'il est pas bien ! Laisse le !

Mais celle-ci l'ignore royalement. Je baisse la tête. Ne vomis pas, vieux, c'est pas le moment

- J'ai découvert que t'était en contact avec des dealers, des prisonniers, continue-t-elle inlassablement. Tu m'as jamais dit que t'avais un casier, même léger, t'es un pu**** de criminel. Et puis t'as essayé d'en finir, t'as tenté de te suicider. Combien de temps tu comptais cacher ça ? J'suis censé me dire que tout va bien ? Que t'es un mec super c'est ça ?

- Anna mais ça va pas ! S'écrie Noémie, choquée. 

Je déglutis et serre les dents. Elle me ramène vers elle. Son visage impassible n'est qu'à quelques centimètres du mien. Je la regarde dans les yeux. Mais à l'intérieur de moi, j'éclate en sanglot. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me dise ça.

- T'as terminé ? Je lui lance vivement. 

Ses yeux trahissent de la colère. Cette fois-ci, son regard me fusille le cœur.

- Dis moi que c'est pas vrai Adil, dit-elle doucement. Dis moi que c'était des mensonges.

Je la pousse brutalement. Elle fronce les sourcils, surprise et se rattrape sur sa meilleure amie. J'enfile mes gants sans lever les yeux. Noémie secoue la tête.

- Je ne peux pas, je réponds clairement. Tout ce que tu as dit est vrai. 

Puis, comme un lâche, je fuis, avec mon skate rapidement. J'y arrive plus mentalement. C'est comme si mon cœur se déchirait à chaque mètre que je parcours. Mais mes larmes ne coulent pas. Pas encore. 

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Il n'y avait personne quand je suis rentré. Finalement, je suis rentré au bout d'un quart d'heure. J'ai vomi pendant au moins une demi-heure. Puis, épuisé, je me suis endormi. Quand je me réveille, il fait nuit. Je me roule sur le côté et passe la main sous mon lit. Une boîte y est cachée depuis qu'on a emménagé. Je l'ouvre et y trouve mon paquet de cigarettes. J'en prends une et referme tout. L'avoir à la bouche me procure un sentiment étrange, entre tristesse et soulagement. Mon corps roulé en position foetal et mon visage encore humide de larmes ne me dérange plus. C'est reparti pour une dixième dépression

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-Bipolaire Insensible-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant