-Bipolaire Insensible-

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Deux jours avant Noël. La catastrophe. Je déteste Noël. Je sais déjà comment se résumera le réveillon : une multitude de personnes bourrées et soit disant joyeuses vont chanter et danser pendant que je serais dans un coin de la pièce, à me focaliser sur les vieilles chansons. Puis après ça sera l'entrée de la nourriture, le plat, et tout va éclater. Des oncles feront des blagues idiotes et racistes, des tantes rigoleront sur le sort des enfants, les cousins seront ensemble à jouer à la console ou à écouter du rap débile et les grands-parents seront les maîtres de la fête ennuyeuse. Je peux encore supporter toutes ces festivités mais lorsque le lendemain l'heure des cadeaux arrivent, je bouillonne littéralement. Les cadeaux sont toujours les mêmes pour moi chaque année, et aucun ne m'a vraiment plu. A une exception près : mes frères. Les seuls êtres-vivants capables d'avoir assez de jugeote pour comprendre qu'un fer à lisser ou un lot de toilette ne m'interessent pas. Bref, je suis déjà dans un mood impitoyable.

- Alors, Anna, prête pour le réveillon ? Lâche mon frère en distribuant les cartes de poker. T'es déjà dans le mood apparemment.

- Tu parles...je grommelle.

Mes frères échangent un regard complice. Je fronce les sourcils.

- Je suis sûr que si on se pointe avec ton petit ami, ton sourire va revenir, glousse Tom. Pas vrai Léo ?

Je me redresse lentement. Ah, c'est donc ça. Léo cache son sourire avec ses cartes et Tom me défie du regard. Je serre les lèvres. Je regarde encore une fois mon jeu sans conviction ; je vais perdre, c'est certain. Autant accélérer la défaite. Je me racle la gorge à mon tour.

- Va falloir m'expliquer qui est ce petit ami, je rétorque d'un ton calme. Parce que je suis pas au courant, en fait.

- Relax, Anna, soupire Léo d'un ton morne. C'était une blague !

- Je parlais d'Adil, lance mon petit frère. T'as l'air d'être super bien quand t'es avec lui. Et puis il est grave mal à l'aise et tout...'fin je sais pas c'est louche.

Je pose ma carte sur la table. Un valet. Toujours aussi nulle...

- Nan, il n'y a rien.

Mais mon cœur en dit le contraire. Oulà, on se calme ! J'ai encore le souvenir de son corps contre le mien, de mes doigts sur son dos. Je secoue la tête pour effacer ces images quoique magnifiques. Léo se racle la gorge. Tom me regarde d'un air fatigué. Je cligne des yeux plusieurs fois.

- Je le sens pas celui-là, fait-il en balançant une carte sur la table. Il n'est pas net.

- Depuis quand je te demande ton avis ? Je proteste. Je ne regarde pas tes fréquentations...pas très nettes d'ailleurs, j'ajoute en lui lançant un regard glaçant.

- Anna, tu devrais déjà lui demander d'où il vient avant de lui faire confiance. Son père...

- ...est un meurtrier, je finis sans le regarder.

- ...est en prison, continue-t-il. Et il n'a pas laissé que des souvenirs, si tu vois ce que je veux dire. Ton ami s'est mis dans des situations très louches, avant de venir ici. Il a été en lien avec des dealers, des violeurs, des assassins, des gens dangereux ! Et il a un casier, Anna, ajoute-t-il en me fixant lourdement.

Je me fige. Un casier. Je ne veux pas y croire mais une partie de moi n'est pas surprise. Ces paroles me rappelle l'homme costaud qui avait frappé Adil il y a un mois. Je repose mes cartes sur la table et me lève brusquement, le visage tiré. Tom me retient par le bras. Léo appuie ses mains sur la table, son regard fixé sur le mien.

- J'ai perdue, je lâche. Ça sert à rien que je continue de jouer.

Je me dégage de l'emprise de mon frère et sort du salon. Un casier. Je n'arrive pas à y croire donc il faut que j'en ai le cœur net. Des recherches s'imposent. Je me précipite vers ma chambre avec mon téléphone dans les mains. Je m'assois lourdement sur ma vieille chaise de bureau. J'allume mon ordinateur. Je ferme les yeux quelques secondes. Es-tu sûre de ce que tu fais Anna ? Une demie minute plus tard, mes doigts tapent frénétiquement sur le clavier. Je fait défiler la page Google sans savoir quoi chercher. Je ferme l'onglet d'un clic et renverse la tête en arrière. Qu'est que Léo m'a raconté ? Qu'est ce qu'Adil m'a avoué ? Il y a forcément quelque chose sur son père. Mes émotions  s'entrechoquent tandis que je tape une nouvelle recherche. Une dizaine d'articles apparaissent d'un coup. Je soupire. J'entends vaguement mes frères parler dans le salon. Bon. Je n'ose pas regarder les titres. J'ai l'impression que si je lis tous ces articles, je viole totalement l'intimité d'Adil et de sa mère. Mais pourtant, je brûle d'en savoir plus. Il le faut. 

Un père, psychologiquement atteint abuse de son fils

Une famille tiraillée par un père de famille

Cet enfant bipolaire, devenu victime de son père, tente un suicide

Je cligne des yeux. Qu'est ce que...?! Mon cœur se compresse. Une fois que j'ai accès à ces informations, je ne peux plus reculer. Je clique sur le deuxième lien. 

Mer**, c'est pire que je l'imaginais...!

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