Épilogue

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Le premier jour après la fin (Décembre)

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Le premier jour après la fin (Décembre)

~ Sur le toit - Osaka ~

Les pieds pendant dans le vide, les deux jeunes gens étaient tellement serrés l'un contre l'autre que d'en bas on aurait presque pu croire qu'ils n'étaient qu'un. Il faut dire que l'air de décembre les avait laissé frigorifié et qu'ils n'avaient trouvé que cette solution pour ne pas avoir trop froid.

La tristesse se mêlait à la joie autour d'eux pour former une aura étrange autour d'eux. Presque aussi étrange que leur relation. Ni en couple, ni de simples amis, elle oscillait entre simple et compliqué. Leurs amis avaient abandonné l'idée de les comprendre. Le plus important était qu'ils se comprennent eux-mêmes. Et c'était avec une dextérité surprenante qu'ils y arrivaient.

Le visage d'Héloïse était tourné vers l'horizon, elle observait le ballet incessant des voitures qui passaient sous eux, elle observait les lumières de la ville qui s'allumaient une à une, elle observait le soleil qui disparaissait à l'horizon, derrière les montagnes.

Tout son être était tourné vers le futur. Elle avait enfin fini par laisser derrière elle ses problèmes, elle était enfin prête à tourner une page de son histoire.

Ken, lui, avait les yeux fixés sur Héloïse. Son regard scrutait chaque centimètres de son visage, s'attardant sur ses yeux émeraude, passant par son nez droit, ses joues qui avaient depuis longtemps perdu leur rondeur enfantine qu'il avait connue et s'arrêtant sur ses lèvres ourlées de rouge auxquelles étaient accrochés quelques mèches de ses cheveux noirs de jais.

Il sourit et déposa un baiser sur sa pommette ce qui la sortit de sa contemplation silencieuse. Elle se tourna donc vers lui pour enfouir son nez froid dans son cou, le faisant grogner.

Elle rigola. Son rire avait la douceur du printemps et il vint les réchauffer sur ce toit froid.

Leurs regards s'ancrèrent alors dans celui de l'autre et le temps s'arrêta.

Rien n'aurait pu venir troubler ce moment, et lorsque Priya arriva sur le balcon pour les voir ainsi, elle ne s'attardât pas et repartit dans l'instant. Après avoir souri, attendrie, en voyant le thermos de café et la boîte de macarons à côté d'eux.

Puis Ken finit par poser ses lèvres chaudes sur celles froides d'Héloïse, et soudainement, ils n'avaient plus froid. Ils se détachèrent et d'un commun accord se détournèrent du vide pour boire leur boisson et manger leurs macarons de toutes les couleurs.

Comme à leur habitude, le silence était maître entre eux. Déjà dix ans plus tôt ils n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre, un simple regard suffisait. Si bien que lorsqu'ils parlaient, leurs propos arrivaient à rester calme et posé. Il fallait tout de même retrancher à ça la fougue de la jeunesse et le besoin pressant des adolescents de parler pour ne rien dire. Le silence fait peur à 17 ans. Il est synonyme de gêne, de peur, d'ennui. Et si Héloïse et Ken étaient différents de leurs amis sur ce point là, il ne fallait tout de même pas trop leur en demander. C'est pourquoi lorsqu'ils se retrouvaient tous ensembles avec leurs amis, les deux compères parlaient sans s'arrêter. Comme pour compenser le silence qui les entourait lorsqu'ils étaient juste à deux.

Sur le toit, Ken avait les mains resserrées autour de son gobelet fumant et les yeux perdus dans le vide. Héloïse posa donc une main sur son épaule afin d'attirer son attention.

« Tu penses à quoi, demanda-t-elle.

- À toi. »

Elle rougit et lui donna un léger coup dans l'épaule, le faisant sourire.

« Récite moi quelque chose, lui demanda-t-il soudainement. »

Surprise, elle ne dit rien pendant un moment avant de prendre une inspiration et de lui glisser ces mots à l'oreille.

« Ô temps... Suspends ton vol, et vous, heures propices, suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices, des plus beaux de nos jours.

- Lamartine, murmura le rappeur. Pourquoi ?

- Parce que je t'aime, dit-elle simplement.

- C'est pas une réponse, souria-t-il.

- S'en est une pour moi. »

De la musique retentit dans la rue et Héloïse se leva d'un coup avant de tendre sa main à Ken qui l'attrapa sans réfléchir.

« Alors monsieur le rappeur, montrez moi comment vous dansez ! »

Il éclata de rire et prit sa main pour la faire tournoyer autour de lui. Sa main trouva une place sur la hanche de la jeune fille. Tout comme ils avaient trouvé une place dans la vie de l'autre.

Et ainsi, ils comprirent que le bonheur ne se trouvait pas ici, mais dans un ailleurs lointain qu'ils se promirent de trouver un jour. Et plus rien ne leur importa d'autres que l'autre.

Ils ne vécurent pas heureux et ne firent pas d'enfants, mais au contraire vécurent tels des enfants, trop matures pour leurs âges et firent beaucoup d'heureux.

Ainsi finit ce récit, mais pas leur histoire. Leur histoire est infinie, elle n'a pas de limite. Leurs destins se sont officiellement liés et tenter de les séparer est désormais impossible.


Ken et Héloïse, Héloïse et Ken... Deux âmes réunies en une.


It Might Be my Fault // NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant