Chapitre douze (4/4) ✅

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Diana n'avait pas vu ce qu'Alpha venait de surprendre et elle prit ce « non » pour une attaque personnelle qu'il lui était destinée.

– Insinuerez-vous que je suis une menteuse ! invectiva-t-elle.

Ne sachant pas trop quoi faire, le jeune homme aux regard azur, la prit violemment par la taille et l'emmena derrière la bâtisse d'une maison qui se trouvait sur leur chemin. L'Anatolienne horrifiée par son geste trembla de rage.

– Je ne vous permets pas de...

Il lui boucha la bouche. Un mot de plus et ils seraient repérés. Si elle était toujours aussi impulsive, le trajet promettait d'être long et plein de rebondissements.

– De grâce, la supplia-t-il. Parlez moins fort, lui intima-t-il.

Quand il constata qu'elle était calmée, il retira sa main de ses lèvres qui lui parurent étrangement douces sous son contact. Il se gifla mentalement pour ne rien laisser paraître de son trouble passager. Il lui montra la direction dans laquelle il avait regardé il y a quelques secondes. Calmée, la princesse découvrit une scène inquiétante. Le cheval d'Alpha était toujours là, mais des hommes armés vêtu sombrement, encerclaient l'entrée de la bâtisse vide. Même dans le noir, Diana put reconnaître sans mal de qui ces hommes recevaient leurs ordres, les armoiries étaient reconnaissables.

Le dragon sur fond rouge lui rappela en un éclair ce qu'elle avait vécu et à quoi elle avait échappé. Fouettée par ses souvenirs, la princesse se réfugia derrière le mur de la maison qui leur servait momentanément d'abri espérant trouver le réconfort qu'il lui fallait.

– Il m'a trouvé, trembla-t-elle.

– Qui ?

– L'ambassadeur montaudréen... Cromway.

– Comment ça ?

– Peu importe, lâcha Diana abrupte. On ne peut pas rester ici, il ne faut pas qu'il me retrouve, dit-elle précipitamment. Nous devons rentrer à l'auberge.

– Si ces hommes sont ici, je pense qu'on a été suivi depuis l'auberge Diana. Qui ne dit pas qu'un comité d'accueil nous attends aussi là-bas ?

Le prince avait raison et elle se sentit stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt. Mais alors quelle solution leur restaient-ils ? Elle qui pensait qu'en quittant l'Anatolie elle serait libéré de l'emprise que Comway avait réussi à avoir sur sa vie, force était de constater qu'elle s'était fourvoyée.

– Quoiqu'il en soit, nous avons besoin du cheval, chuchota Alpha.

– Vous voyez bien qu'ils nous attendent, vous pensez qu'il vous suffit d'aller les voir la bouche en cœur et de leur demander gentiment de nous le rendre et de nous laisser partir en paix ?

– Tenez-vous prête, donna le prince pour unique explication.

Médusée, Diana ne put que lui obéir. Elle était complètement désemparée. Elle-même ne voyait pas comment ils allaient pouvoir s'échapper de ce guêpier vivant. Mais elle devait se reprendre. Capturée, elle n'aurait aucune chance d'obtenir les réponses à ses questions et morte, ses chances étaient plus que nulle. Elle dut se résigner et laisser Alpha se battre pour eux deux. Elle aurait pu l'abandonner ici remarque, mais pour se rendre où exactement ? Elle lui avait donné la carte dans le couloir. Elle n'avait que la bourse, et même si le mage avait été généreux, cet argent ne la conduirait pas bien loin. Et elle n'était pas une lâche !  D'une façon assez étrange, elle et Alpha étaient liés. Elle ne pouvait pas l'abandonner. 

Résignée, elle épia la scène qui se jouait droit devant elle. Alpha s'avança prudemment de la bâtisse vide. Il était assez près des cavaliers, mais assez loin pour que ceux-ci ne le voient pas. Elle le vit dans l'obscurité poser ses deux doigts au niveau de sa bouche. Un son aigu, ou plutôt une mélodie brève retentit dans l'obscurité. Le cheval d'Alpha se mit au galop dans sa direction. Bien entendu, cela attira l'attention des gardes. Une poignet décida de suivre l'étalon juché sur leurs montures respectives. C'est ce moment qu'Alpha choisit pour sortir de la pénombre. Elle le vit encercler de ses bras l'air ambiant, puis il fit un autre geste similaire, un dernier et dirigea ses mains en direction de leurs adversaires qui furent les victimes d'une bourrasque de vent assez puissante pour effrayer leurs chevaux, les repousser et les hébéter un peu.

C'était le moment !

Alpha monta sur le dos de son cheval et partit au galop. Derrière eux, leurs poursuivants s'apprêtaient à suivre la cadence. Bien vite, le prince arriva à son niveau et lui tendit la main. Pas le temps de s'accrocher convenablement, elle puisa dans ses ressources physiques pour trouver la force d'empoigner le bras d'Alpha et se propulser sur le dos de l'animal. Une fois l'exploit réussit, ils partirent au galop.  

D'un vif coup d'œil, Diana remarqua que leurs poursuivants n'avaient pas l'intention de les laisser partir. Les bruits de sabots devinrent bientôt la seule musique de la nuit, ponctués par les hennissements des chevaux à qui on demandait plus d'effort qu'ils ne pouvaient fournir.

Le couple emprunta des rues au hasard, cognant des caisses, effrayant des passants de nuit et tout cela en faisant un bruit d'enfer ! Au bout de quelques m, ils mètres, ils pensaient avoir semé les gardes, mais pas du tout ! Les bougres les suivaient toujours. Les pas de courses des sabots se rapprochaient de plus en plus à une vitesse vertigineuse. Soudain, à proximité de sa joue, Alpha sentit un vif coup chaud et vit une lumière rouge foncer droit sur un sac de grain qui brûla à l'instant. Puis d'autres flèches enflammées suivirent.

Heureusement pour eux, leurs assaillants rataient leur cible. Diana comprit que si elle ne faisait pas quelque chose, ils allaient griller sur place. Dans la cohue et l'action, elle tenta le tout pour le tout. Elle ne pouvait pas demander à Alpha d'aller moins vite donc elle devait faire avec. Elle se concentra, chercha en elle cette force qui demandait à se lier à elle. Lorsque le contact s'établit, elle matérialisa devant elle, un champ de force puissant qui envoya bouler les archers de feu.

Elle resta hébétée quelques instants par son geste. Elle avait déjà matérialisé des champs de force par le passé. Mais jamais de cette ampleur. Qu'avait-elle fait et comment...

– Diana ! l'appela le Bellevuain.

Cela suffit à la ramener dans le monde des vivants.

– Où allons-nous ?

– Dans la forêt ! cria-t-elle pour se faire entendre. Ils ne nous suivront jamais là-bas.

La forêt en question ne fut pas très difficile à repérer. Les grands arbres étaient visibles au loin et l'absence de vie humaine à proximité confirma à Alpha que c'était bien là. Sans se poser de questions, il fit galoper son cheval à perdre haleine et ils s'enfoncèrent dans la forêt laissant les gardes montaudréens pantois et sans ressources.

Ils avaient tous vu les deux jeunes gens entrer dans l'amas de verdure, mais ce qui devait à la base être une simple histoire de capture se révélait être bien plus compliqué. Ils ne s'étaient pas attendus à ce que leurs proies se servent de leur pouvoir et encore moins à cet itinéraire.

Le garde de Cromway qui avait eu le projet de cette capture nocturne, juché sur son cheval s'énerva de la lâcheté de ses compagnons.

– Alors quoi ! Qu'est-ce que vous attendez ! Rattrapons-les ! Il nous faut la princesse.

– Camarade, l'interpella l'un d'entre eux. C'est la Forêt sombre. Je ne crois pas en ces légendes mais... les chercher dedans en pleine nuit ne nous servira à rien.

Le Montaudréen bouillonna de rage. Encore une fois, la princesse lui échappait et sa promotion partait avec elle. La peste !

Désemparé, il ne put rien faire d'autres à part regarder la forêt derrière lui qui le narguait de son feuillage sombre et inquiétant.

Tribu : La légende des clans [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant