Tribu : La légende des clans [Tome 1]

Chapitre onze (5/5) ✅

— Tout cela est irréel. Je vais me réveiller... Je... C'est pas possible, souffla-t-il en se prenant la tête entre les mains.

Sans vraiment s'en rendre compte, il s'était laissé choir au sol, le dos contre la porte. Il resta dans cette position quelques minutes avant d'entendre des pas de bottes de l'autre côté du battant. Il devait y avoir deux paires. Difficile à réellement évaluer. Elles marchaient au même rythme. Quelques mots furent prononcés derrière la porte puis le bruit de pas se fit entendre et s'éloigna du couloir.

Alpha soupira. Ce n'était pas la première fois qu'il entendait un roulement de garde. Il en avait l'habitude. Il y avait toujours des gardes derrière sa porte pour le préserver du danger. Il observa sa chambre songeur. Cette pièce dans laquelle il se sentait à l'abri et bien. Cette chambre qui représentait son statut, mais là où il pouvait être lui-même.

C'était les mêmes gardes, la même chambre, mais lui... Il ne se sentait pas comme d'habitude. Il se sentait comme prisonnier et il l'était d'une certaine façon. Son père avait respecté sa parole. Il n'avait pas le droit de sortir sans permission et il n'avait pas non plus le droit de recevoir de la visite. Sa honte était d'autant plus grande que le palais tout entier était au courant de son sort.

Lui ? Un traître ? Jamais ! Et pourtant, il avait bien menti. Oui, il avait obéis au professeur, mais il avait eu le choix jusqu'au bout de ne pas le faire. À présent, il en payait la conséquence. Pourtant, au fond de lui, il savait qu'il était innocent. Il voyait que quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire. Si il avait n'importe quoi en mesure de le prouver tous ses ennuis seraient terminé... enfin... Si il réussissait à réunir assez de preuves avant l'exécution de Renvan Ying, en admettant que cela soit possible.

Mais même si il ne parvenait pas à le faire avant, il mettrait tout en œuvre pour aller au bout de son objectif. La réputation tout comme l'honneur du professeur devait être restaurée. Hélas, plus facile à imaginer qu'à faire. Comment allait-il réussir cet exploit, maintenant que lui aussi allait devoir affronter la terrible épreuve du procès pour la seconde fois.

Il tenta de se calmer et de se rassurer. Il était une Altesse royale, et à part ce mensonge, les juges n'avaient rien contre lui. Sauf si ils commençaient à lui poser des questions de plus en plus précises sur ce que le scientifique lui avait dit. Techniquement, il n'y avait rien dans ses propos qui pourraient l'incriminer davantage, mais pour une raison inconnue, le prince avait l'étrange sentiment que ce qui avait été dit dans le cadre de sa conversation avec Ying devait être révélé qu'à un nombre restreint de personnes dont les deux juges étaient exclus d'office.

Si il perdait le procès, son père le ferait sûrement exiler à Efantine. Cette terre inhospitalière, humide, aux hivers longs et aux étés rigoureux. Il serait laissé dans un château de campagne avec des serviteurs à son service et le confort qui allait avec. Compte tenu de l'idée qu'il se faisait de la Cour bellevuenne, ce ne serait pas plus mal. Il sera certes approché par des nobles hypocrites vivant là-bas, désireux de voir le fils du roi exilé pour trahison, mais au moins là-bas, il pourrait mener sa vie comme il l'entendait. Plus d'école d'armes, plus de protocole, plus de cérémonies ennuyeuses, plus de devoirs royaux...

Mais surtout, plus de famille et d'amis, se rappela-t-il amèrement.

La capitale avait bien des défauts, cependant, lorsqu'il repensait aux plaisirs de la vie qu'il savourait ici, le poids de la balance penchait plus du côté positif que négatif. Pourtant, c'était la meilleure solution. En exil, il pourrait poursuivre son but : prouver l'innocence de celui qui lui avait tant apprit et de cette façon, venger sa mort. Certes, les choses ne seraient pas aisées. Ils seraient dans l'obligation de trouver un moyen d'échapper à ses geôliers sur place pour revenir sur le continent.