Chapitre dix (2/4) ✅

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Le soir était tombé rapidement sur les tours du palais-royal et l'agitation dans le couloir commençait. Ce soir avait lieu un bal et juste après une soirée d'appartements. Celles-ci étaient réservées aux jeux de société et d'argent où l'on pariait gros. Beaucoup de courtisans en étaient friands, mais ces festivités ne réjouissaient aucunement le prince bellevuain, qui ne s'était pas déridé depuis ce matin.

Suite aux informations fiables qu'il avait reçues de sa sœur aînée, Alpha en avait parlé à ses meilleurs amis et ils étaient tous les trois tombés d'accord : ils ne pouvaient rien faire à la situation. Et même si ils le pouvaient à quoi cela servirait-il ? Le professeur Ying était vu comme un traître et trop d'indices allaient dans ce sens. Le prince avait tenté de plaider la cause du scientifique bellevuain une ultime fois devant ses amis. Ceux-ci lui avaient fait remarquer, qu'on ne connaissait jamais complètement nos proches.

Toute la journée, Alpha avait fait tourner cette remarque dans son esprit. À présent qu'il y avait bien réfléchi, il s'avouait vaincu. C'était vrai, il ne connaissait pas le professeur Renvan Ying. Les plus lointains souvenirs qu'il avait de lui, c'était lorsqu'il était âgé de six ans, donc quand celui-ci avait pris ses fonctions au palais. Il avait beau chercher dans son esprit, une fois où il avait croisé un membre de la famille de l'homme ou si celui-ci lui avait parlé de là où il avait grandi... Rien, le néant le plus total, seulement quelques informations évasives qui auraient pu correspondre à n'importe quel village du continent.

Une nouvelle idée s'était matérialisée dans son esprit... Et si Renvan Ying était anatolien ! Si il s'agissait d'un espion qui communiquait régulièrement avec sa mère patrie. Cela expliquait tous ces secrets et sa fuite. On l'avait prévenu qu'il avait été découvert, et il était parti sans laisser de mots ou de traces.

C'est l'hypothèse qu'Alpha avait décidé de croire. Renvan était un traître et il devait ne plus penser à lui, même si cela impliquait d'occulter tous les bons souvenirs qu'il avait du quadragénaire.

Le soir étant venu, lui et Tim s'étaient réunis dans sa chambre pour discuter de la première journée à la cour de son ami. Dave les avait abandonné pour les bras d'une jolie femme, ce qui n'était guère étonnant. Le fils du générale avait fait forte impression lors de la pêche au canard et il avait dû s'absenter pour honorer ses engagements auprès de quelques-unes de ses dames. Ses amis ne pouvaient s'empêcher de penser que tout cela finirait par des pleurs et des gifles, car c'était presque tout le temps de cette façon que se terminaient les idylles de leur ami.

On frappa à la porte et un valet entra avec une assiette en argent sur laquelle était posée une enveloppe brunie, qui ne ressemblait en rien au papier habituellement utilisé à la cour.

— De qui est ce courrier ? questionna Alpha.

— Un enfant de cuisine voulait vous l'apporter, Votre Altesse. Il paraîtrait que c'est de la part d'une dame, expliqua sur un ton maniéré le serviteur, et que c'est urgent. Vous deviez la recevoir en main propre. J'ai voulu la jeter pour éviter à Son Altesse, du soucis, ou prévenir la garde, mais...

— Cela ira, coupa Alpha, merci.

Après une révérence sèche, le valet quitta la pièce sans un bruit. Le prince suivit de près par son camarade d'internat, s'empara de l'enveloppe et l'ouvrit pour en découvrir le contenu. En temps normal, tout ce qui concernait le courrier de ses « admiratrices », des valets s'en occupaient personnellement. Il n'avait même pas à les lire. Il lui arrivait quelques fois de signer les lettres ou d'autoriser ces fameux écrivains de « courrier du cœur » d'utiliser son eau de toilette pour parfumer les missives, mais rien de plus.

Donc l'une d'entre elle, avait été plus courageuse que toutes les autres. Elle devait travailler au palais, si elle avait pu remettre sa lettre à un employé du château. Rien que pour cela, ses mots méritaient d'être lu. Pourtant, quand il commença à lire les premières phrases, il fut surpris de lire autre chose que des mots doux.

Tribu : La légende des clans [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant