Tribu : La légende des clans [Tome 1]

Chapitre quatre (2/3)✅

Le comte Cromway patientait sagement dans le salon qui servait de salle d'audience privée. Silencieux, ne prenant même pas en considération les deux gardes postés à la porte qui l'observaient le regard vide de tout jugement ou sentiment, il admirait les lieux.

La pièce en elle-même n'était pas très grande en comparaison à la chambre qui lui avait été attribuée à son arrivée. Malgré tout, comme les autres pièces du palais, elle était magnifiquement décorée, comment aurait-il pu en être autrement ? Un tapis avec des motifs losangiques vert sapin et jaune pâles couvrait entièrement le sol. Les meubles étaient d'une grande magnificence dans leur réalisation tout comme dans ce qui les habillait. De grands tableaux aux cadres orientaux ornementaient les murs. Le comte put reconnaître sans peine sur l'un d'eux, les plages anatoliennes et sur un autre, le port de la capitale.

La lourde porte s'ouvrit sur une jeune femme au teint blanc de porcelaine, à l'apparence frêle avec des yeux bridés au regard sombre. Il reconnut la domestique de la princesse à qui il avait parlé plus tôt.

À sa suite, Diana, reconnaissable à sa grande beauté, sa grâce et ce léger air hautain qu'elle prenait en sa présence. Loin de vexer le diplomate, cela l'amusait et donnait à l'Anatolienne un plus à son charme. L'ambassadeur avait conscience que son statut lui demandait de rester professionnel en toutes circonstances. Malgré que la princesse soit sa cadette de plusieurs années, il ne pouvait s'empêcher de regarder d'un œil appréciateur qui se voulait discret, la femme qu'il avait devant lui.

- Comte, salua-t-elle avec un ton qu'elle se forçait à rendre aimable.

- Votre Altesse, dit-il à son tour.

Comme le voulait le salut traditionnel en Anatolie lorsqu'on s'adressait à un membre de la famille royale, Cromway posa ses bras en croix sur son torse, inclina le buste en avant et quitta cette position quand la princesse lui en donna l'autorisation. En se redressant, l'émissaire coula un regard à la princesse qui se voulait aimable, mais celle-ci fit comme si elle n'avait rien vu et se contenta de rester debout face au Montaudréen, l'informant explicitement qu'elle n'allait pas rester longtemps, dans le cas contraire, elle se serait assise sur l'un des nombreux sièges de la pièce.

Loin de se décomposer, l'ambassadeur qui en avait vu d'autres commença :

- Je vous remercie de m'accorder cette audience, Altesse. Je venais dans l'intention de vous présenter toutes mes condoléances pour votre maître. Je n'ai malheureusement pas pu vous les faire parvenir plus tôt. Durant la semaine, beaucoup de courtisans m'ont décrit un homme bon et savant. J'ose imaginer la tristesse que vous devez éprouver, dit-il compatissant.

- Oui... c'était un homme bon et très intelligent, articula Diana rapidement pour que le ton de sa voix ne la trahisse pas.

Ils n'étaient pas seuls dans la pièce, et même si cela avait été le cas, elle se refusait à montrer une partie d'elle-même à cet homme. Présenter des condoléances, tout le monde pouvait le faire, il était politicien et devait pertinemment savoir manier les mots dans ces circonstances. Elle ne devait pas se laisser charmer si facilement.

- Je ne sais, si le moment est bien choisi, se risqua-t-il, mais bientôt, je repartirai dans mon pays et j'espérais qu'avant mon départ, nous puissions faire plus ample connaissance.

- Dans quel but ? lança-t-elle trop sèchement.

- Dans un but purement diplomate, Votre Altesse. Au banquet, le temps nous a manqués. Vous étiez... fatiguée, si je ne me trompe pas, avança-t-il malicieux.

Au moins, il n'était pas bête et pour la jeune femme cela avait son importance. Il n'y avait rien de plus ennuyant que parler avec un simple d'esprit pour elle. Malgré cela, serait-elle prête à accéder à la nouvelle demande du Montaudréen ? Et pourquoi pas après tout. Elle pourrait toujours se comporter de façon désagréable avec lui, ainsi, il ne l'embêtera plus à l'avenir.