Tribu : La légende des clans [Tome 1]

Chapitre un (1/2) ✅

Royaume d'Anatolie, ville d'Astra, sud-ouest du Territoire

Diana releva la tête et respira fortement pour reprendre son souffle. Elle était dans un sacré état. Les quelques hématomes qui parsemaient sa peau ébène, la douleur qui se faisait ressentir dans chacun de ses muscles au moindre geste et la fine pellicule de sueur qui la recouvrait entièrement étaient le témoignage de ses efforts des quinze dernières minutes. En bonne princesse anatolienne qu'elle était, elle devait faire abstraction de tout cela et tenter de se détacher du rythme de son cœur qui perçait dans ses tympans. Le combat était loin d'être terminé et si par malheur elle l'avait oublié, son adversaire qui se tenait à quelques mètres devant elle, allait lui rappeler de la plus brutale des façons.

La chose qu'elle devait affronter était loin d'être banale. Encore une fantaisie des juges, pensa-t-elle. Le monstre était entièrement fait d'eau et tenait en place grâce à la force vitale qu'elle connaissait que trop bien. De près tout comme de loin, elle pouvait associer son ennemi à un animal bovin. Un étrange mélange entre le sanglier et le taureau. Mais elle n'était pas ici pour un quelconque devoir de zoologie, mais pour détruire ce monstre. C'était son épreuve après tout.

Elle avait beau se battre contre lui depuis des minutes, appliquer tous les rudiments du combat anatolien, se servir de sa force vitale, de ses armes... Cette créature semblait être invincible et indestructible. Après un salto salvateur, elle avait réussi à échapper à « l'animal », mais maintenant, elle ne pouvait plus fuir. Elle avait utilisé les quelques secondes de répit que la chose lui avait laissé, le temps nécessaire pour que la bête s'aperçoive qu'elle n'était plus dans son champ de vision. Hélas, maintenant, le temps était un luxe qu'elle ne pouvait plus se permettre. Le monstre s'apprêtait à décharger sur elle à toute vitesse, si elle en jugeait la posture d'attaque qu'elle prenait.

Diana expira fortement. Que devait-elle faire ? Quelle était la solution ? Que devait-elle faire, bon sang ! Personne ne lui viendrait en aide. Elle essayait de se rassurer sur son sort. La bête bien qu'effrayante ne pourrait pas la tuer. Les juges ne pouvaient se permettre d'annoncer à son père, le roi d'Anatolie, la perte de sa fille cadette. Mais la perspective de recevoir un coup brutal de son adversaire peu commun ne l'enchantait guère, à cela, s'ajoutait la honte d'avoir lamentablement échoué. Ses armes étaient bien trop loin, tout comme son bouclier.

Le bruit de la bête commençant à courir dans le sable de l'arène la fit tressaillir. Elle devait au moins se rendre à l'évidence, courir pour sauver sa peau ne lui serait d'aucun secours, elle était beaucoup trop épuisée et le monstre la rattraperait en un temps record qui la fera pâlir de honte. Un anatolien ne fuyait jamais ! Encore moins un membre de la famille royale. Pourtant, en ce moment même, elle aurait bien voulu envoyer valser ses leçons d'honneur et de morale, car ceux-ci allaient sans doute la conduire à l'officine du palais incessamment sous peu.

Inévitablement, la bête était plus qu'à quelques mètres d'elle ! Les bruits de sabots liquide marquant le sable d'une tâche sombre se faisaient de plus en plus nombreux sur son passage et l'heure de la honte par la même occasion avançait pour la princesse. Le monstre était à quelques centimètres d'elle. Comme un geste désespéré, elle porta sa main devant elle en direction de la bête qui immédiatement après entra en contact avec le bout de ses doigts.

Sur le moment, Diana ne sut ce qui lui arrivait vraiment et pourquoi son adversaire s'était soudainement arrêté au lieu de continuer son attaque. Elle se sentait toute chose, elle voulait retirer ses mains du monstre d'eau, mais elle en était incapable, malgré elle ! Une énergie inconnue traversait son bras pour gagner son corps entier et la mettre dans un état proche de la transe. Elle ne se maîtrisait plus et impossible pour elle de crier ou appeler de l'aide afin qu'un mage aguerrît vienne la sortir de là. Pourtant, elle devait bien quitter cette position, elle avait l'impression que cette chose aspirait son énergie, à moins que ce soit l'inverse. D'un vif coup d'œil, elle vit que l'animal d'eau disparaissait et que c'est elle qui était responsable de ce phénomène ! Elle aspirait l'énergie !