Chapitre 22

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La nuit était sombre et froide. Il n'y avait pas le moindre bruit dehors. Dana se leva et posa une lettre qu'elle avait écrite la veille à l'intention de son époux sur le grand bureau de la chambre. Elle pris sa fille dans ses bras et parti s'équiper en vitesse pour franchir le mur. Elle ne ressentait ni froid, ni peur, mais elle tremblait malgré tout. Quelques instants plus tard, elle était à l'extérieur. Elle n'avait rien oublié et son plan s'était déroulé jusque là à la perfection. Sa fille endormie ne parlait pas, elle dormait à point fermé malgré les secousses dans les airs provoquées par l'équipement tridimensionnel et le froid glaçant de cette sombre matinée de décembre.

Elle arriva dans un endroit isolé de tout, il n'y avait aucun arbre à des kilomètres à la ronde. Elle allongea sa fille sur le sol et sans réfléchir elle pris la seringue de liquide bleuâtre et visqueux dans sa main.

« Je te demande pardon ma chérie mais je ne peux pas te laisser mourir et je ne peux plus vivre avec ça, c'est trop dur. Pardonne moi. Tu dois vivre Tova, vivre longtemps et bien. Je veux que tu sois heureuse, c'est mon souhait le plus cher depuis ta naissance. »

Si au début de sa phrase elle retenait ses larmes, elles coulaient désormais abondamment. Elle fit une dernière étreinte à Tova et lui fait l'injection de liquide cérébro-spinal. Les minutes de transformation passait longuement. Elle se sentait encore plus vidée que d'habitude mais elle était également excitée, bientôt tout serait terminé. Toutes ses souffrances auront disparues et c'est quelqu'un d'autre qui portera ce lourd fardeau.

Devant elle se dressait maintenant un titan de 15 mètres , elle était immense. Elle avait ses traits. Dana refusait de croire que c'était Tova malgré la ressemblance et le physique masculin, elle tentait de se convaincre qu'il s'agissait de quelqu'un d'autre pour ne pas se raviser et faire tomber l'intégralité de son plan à l'eau si pas du but.

Dana eu à peine de temps de regarder autour d'elle avant que sa monstrueuse fille ne l'attrape et ne la porte à sa bouche. Sa bouche était immense et ses dents paraissait affutées comme des poignards. Dana avait eu le temps d'apercevoir vaguement son homme qui la regardait de loin. Il pleurait et ne semblait pas croire ce qu'il avait vu. Il avait improvisé une cachette pour ne pas se faire dévorer à son tour ce qui rassurait sa femme. Il était paralysé par la peur. Il ne pouvait pas sauver son épouse sans tuer sa fille et s'il la sauvait Dana se laisserait mourir. Il était là impuissant, à regarder sa femme se faire dévorer par sa propre fille, qu'il reconnaissait à peine tant ce titan était hideux. Le sang jaillit et il y en avait partout, Tova avait fait un véritable massacre qui sonnait pour elle comme un merveilleux festin. Il ne pouvait rien faire pour arrêter cette boucherie.

Au bout de quelques heures, il sortit de sa cachette et le corps frêle de sa fille se tenait allongé là. Il la pris dans ses bras et retourna en vitesse au QG., Livai était complètement paniqué, désemparé. Le corps de Dana avait quant à lui disparu, il en conclut que Tova l'avait dévorée jusqu'à la dernière bouchée de chair et jusqu'à la dernière goutte de sang.

Une fois arrivée dans leur quartier, il l'habilla correctement, jetant ainsi ses vêtement déchirées et abimés, puis déboula dans le bureau du major. Il avait envie de tout retourner mais il ne le pouvait pas, ce n'était qu'un simple caporal. Le major lui expliqua le plan de Dana, il lui dit pour le sérum de retardement, il lui appris qu'il pourrait encore profiter durant plus d'années qu'initialement prévues de sa fille. Dana avait troqué quelques semaines pour donner à sa fille environ 18 ans de plus à vivre. Alors qu'ils étaient en train de s'injurier mutuellement, en surenchérissant sur la vacherie qu'avait lancé le précédent, une petite voix les coupa dans leur élan.

« Papa, on doit aller à la maison, maman nous attend pour dormir ».

Livai n'avait pas pu résister et avait giflé fortement sa fille. Il savait que ce n'était pas de sa faute mais c'était elle qui était source de son présent malheur. Si elle n'avait pas été malade, Dana serait encore en vie ; si elle n'avait pas été là, tout serait différent et ils seraient là tout les deux.  Tout serait comme avant. Il emmena Tova se coucher sans aucuns mots et attendit impatiemment la visite de Jaëger le lendemain, il avait visiblement des comptes à régler.

RETOUR AU PRÉSENT

« - Je lui ai balancé les paroles les plus méchantes que je tenais en mon âme quand il m'a avouer qu'il voulait lui aussi transmettre son pouvoir à son enfant. Il a déclaré que tu avais été guérie par la régénération lors de ta transformation et qu'il fallait espérer que ta maladie ne revienne pas avant que les effets titanesques ne soient déclenchés. Tova réfléchit une minute  ! On ne se remet pas d'avoir sa cage thoracique complètement brisée en seulement 2 semaines. Tu es le titan féminin. »

Je ne sais pas quoi lui répondre.

« - Je le savais déjà. »

Je regarde Eren, désemparée. Livai lui adresse un regard plutôt doux, c'est étrange pour cet homme, quelque chose ne va pas.

« - Je l'ai su pendant ta réadaptation, tu avais des épisodes de douleurs phénoménaux et des épisodes où tu pouvais courir aisément dans le QG et faire tous les exercices qu'Hange te disait de faire. J'ai compris qu'il y avait quelque chose d'étrange. Lorsque mon père m'a transformé j'avais l'impression d'être dans un rêve qui paraissait seulement très réel. Je ne me souviens pas exactement de la conversation que nous avions eu ce jour-là mais je me rappelle quelques unes de ces paroles. Il m'avait dit que je n'étais pas seul en ces murs à posséder ce qu'il me donnait. J'ai fait le lien il y a peu, quelques semaines à peine. »

Livai regarde Eren toujours avec son regard aussi compatissant, on dirait qu'il ne reste plus une once de sale caractère en lui ce qui est assez inhabituel.

« - Tova pourquoi tu ne réponds pas ?

- Eren, tu peux nous laisser une minute ? Je te rejoins après... »

Le brun me serra la main une dernière fois et hocha légèrement la tête en signe d'approbation et quitta silencieusement la pièce. Je regardais mon père dans les yeux pour la première fois depuis qu'il m'avait avouer tout ceci. On peut dire que cela faisait beaucoup à avaler...

« - Donc si je comprends bien... Tu me détestes parce que je suis le monstre qui a tué maman ?

Des larmes coulent maintenant sur mes joues.

- Non Tova, ne dit pas ça. Je ne te déteste pas ! Je...

Il n'ajoute rien pendant un instant.

- J'avoue que je n'ai pas eu des sentiments de bon père et je n'ai pensé qu'à moi ces 8 dernières années mais crois le ou non j'ai aussi pensé à toi. Avant que tu t'en ailles je ne supportais pas de voir ton grand sourire et ta bonne humeur parce que tout me ramenait à ta mère, c'est normal elle venait juste de mourir. Le jour où tu es partie sans rien dire à personne ça n'a été un soulagement que pendant quelques heures, j'étais très inquiet ensuite. Ce n'est pas toi que je déteste pour avoir tuer ta mère, je me déteste moi de ne pas avoir été là pour toi. Tu avais perdu ta mère et je refusais de tout te dire parce que tu n'étais qu'une enfant à l'époque. Tu étais toute seule pour gérer ça et tu as réagi exactement comme j'aurais réagi à ta place. Avec le temps j'ai appris à être fier de voir que ma fille était comme moi. Et maintenant j'aime voir ce grand sourire sur ton visage quand tu es au QG et j'aime savoir que tu as une vie à peu près normale.

Il pose sa main sur la mienne, ce qui m'étonne et m'arrache un léger sourire. C'est peut être rien mais pour l'homme qui se tient en face de moi je sais que c'est déjà énorme.

- À chacun de tes anniversaires j'ai pensé à toi. Je me demandais où tu étais sans arrêt et les mois qui ont suivi l'attaque j'étais dévasté à l'idée que tu aies pu être tuée. »

Je ne ressentais plus la même rancoeur envers lui. Il venait de me servir sur un plateau tout ce que j'avais toujours voulu savoir et tout ce que j'avais toujours voulu entendre. J'étais à la fois soulagée de connaitre la vérité, heureuse d'avoir retrouver en Livai un semblant de paternité et effrayée face à mon nouveau pouvoir.

Je remercie mon père et lui accorde une légère étreinte de sa main. Le seul contact physique (hormis lorsqu'il me mettait de sales raclées aux entrainements) en 8 ans. Je sors de la pièce et le laisse un peu seul, je sais qu'il en a besoin.

Les jours qui suivent vont être déterminants, il faut que je contrôle mon pouvoir pour éliminer toujours plus de titan et enfin être débarrassée de ces murs qui m'oppresse de plus en plus jour après jour.

Sans repère. (Fanfiction SNK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant