Chapitre 2

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La nuit est tombée et avec elle, les espoirs des parents des jeunes recrues qui s'apprêtaient à faire leurs choix. La seule option pour espérer avoir une vie prospère était les brigades spéciales. Seulement, seuls les dix premiers du classement final de la brigade d'entrainement auraient cet honneur. Dans notre cas, cela concerne parmi mes proches Sacha, Chrysta, Mikasa, Eren et surtout Jean et son ami Marco. Eux pourraient choisir la sécurité. Néanmoins, je sais au fond de moi qu'ils n'en feront rien. Pour ma part, je suis arrivée 12ème au classement. Je suis dans les meilleurs au corps à corps et au contrôle de la tridimensionalité mais il faut croire que ma façon de parler et mon tempérament plutôt solitaire n'ont pas joué en ma faveur. D'autre part, je ne veux exploiter mon plein potentiel qu'une fois dans le bataillon, je ne veux pas que mes amis et futurs alliés pensent que j'ai eu un traitement de faveur par rapport au rang de mon père.

Nous marchons dans le noir. Sur notre passage, les trottoirs sont usés de larmes. Il s'agit des larmes des parents pleurant les futurs soldats. Parmi eux, certains n'approuvent pas le choix de leurs enfants, cela ne m'étonne pas. Je me demande qu'aurait été la réaction de maman si elle me voyait ici, prête à me sacrifier et à me dévouer corps et âme pour être digne de son héritage et surtout,  je me demande qu'elle sera la réaction de mon père lorsque je me tiendrais devant lui après tant d'années.

Nous arrivons, les pleurs et les supplications des passants ne sont plus que des bruits de fonds très largement recouverts par le tambourinement de nos coeurs dans nos poitrines. Nous y sommes, nous sommes prêts à le faire. Peut-on vraiment être prêt? Après tout, nous ne sommes encore que des gamins de 17 à 19 ans - il me semble que je fais parti des plus jeunes. L'estrade est impressionnante, telle que je l'avais imaginée. Un homme très grand et très beau se tient devant nous. Il en impose. Il est accompagné par deux gringalets qui passent pour des guignols à côté du grand et beau blond.

C'est ainsi que je l'ai vu, mon très cher père. Cheveux corbeaux, visage fermé et non souriant, regard aussi noir que la mort : nous sommes les mêmes. Il regarde ses pieds, il évite tout contact avec les nouvelles recrues mais je distingue malgré tout d'immenses cernes violettes creusant profondément sa peau. Seul un aveugle ne pourrait pas voir que nous sommes parents. J'entends des murmures parlant de lui, des filles qui sont encore une fois tombées sous le charme. C'est extrêmement gênant. Il faut savoir que mes parents m'ont eu très jeunes, cela ne m'est donc pas anodin d'entendre des gamines de mon âge tomber raide amoureuse du regard de braise de mon paternel. Cela ne m'avait jamais vraiment gênée... quand maman était encore là... L'homme blond s'avance et prend la parole.

« - Bonsoir à tous. Je me présente, je suis le major Erwin Smith. C'est moi qui contrôle les escouades du bataillon d'exploration de la porte Sud. Le bataillon d'exploration est de loin la faction défendant la plus noble cause de l'armée. Nous nous sacrifions pour nous défendre des attaques des titans et nous explorons l'extérieur pour en apprendre toujours plus sur leur histoire, nous partons à la conquête de territoire et j'en passe. Je ne vais pas vous mentir, faire parti de ce régiment n'est pas toujours facile. Il faut donner son corps, son âme et son coeur chaque jour pour aider l'humanité à s'en sortir et à progresser. C'est pourquoi si vous décidez d'entrer dans le bataillon d'exploration vous devez être prêts non seulement à donner tout ce que vous avez mais également à sacrifiez votre vie. Je vais maintenant laisser place au choix. Si vous vous en allez, ne vous sentez pas lâches, c'est une bonne chose que vous partiez maintenant parce qu'une fois sur le terrain on ne peut pas se permettre d'abandonner, alors partez maintenant ou ne déchantez plus jamais. »

À la fin de ce discours, j'ai la boule au ventre. Je sais ce qu'il va se passer une fois que tout le monde sera parti. Le major Erwin va faire l'appel et à ce moment là je verrai mon père. Le temps semble étrangement s'accélérer. Je vois une foule de jeune s'enfuir en marchant, d'autres partent même en courant. Seuls une poignée de courageux restent plantés là, comme s'ils avaient toujours été là, parmi ce décor. Je regarde Jean, je le vois complètement tiraillé. Il se tient debout au milieu de nous, les jambes tendus et les oings serrés. Le connaissant, je sais parfaitement que chaque muscles de son corps est contracté au maximum : il hésite. Je lui fais un signe de la tête et un regard doux lui faisant comprendre que si ce n'est pas ce qu'il veut, il peut partir. Il reste néanmoins. Le blond reprend la parole.

Sans repère. (Fanfiction SNK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant