Chapitre 39, Chapitre final

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Contrairement à ce que tout le monde attendait, Eren ne fut pas le premier à verser des larmes. En effet, Jean pleurait à chaudes larmes depuis de longues minutes accompagné de Sacha. Tout deux se tenaient devant son corps qui était à présent figé dans le temps. Leur tristesse était pourtant loin d'en être à son point culminant, ils ne réalisaient pas encore qu'ils ne la reverrait sûrement pas en mouvement de sitôt. Il y avait un long silence qui ne fut ponctué que par les sanglots incessants des amis de celle qui se trouvait maintenant dans une prison de cristal. Sans crier gare, un long cri de douleur parsemé de pointes de rage résonna. Tout le monde se tourna vers l'homme à l'origine de ce cri inhumain tant la douleur en était palpable à travers un son, un simple son. Contre toute attente, le caporal-chef originellement réputé pour tout encaisser, tout subir sans broncher ni jamais se plier, se trouvait là : à genou sur le sol et frappant ce dernier si fort qu'il manquait de casser son poignet droit.

La brunette qui se retrouvait maintenant à la tête du bataillon tenta de le rassurer et de l'aider mais elle savait pertinemment que rien ne changerait la douleur que ressentait cet homme, pas même le temps.

Eren s'approcha de la jeune fille et posa sa main sur la glace qui le séparait de son doux visage.

Il chuchota d'une voix à peine audible :

« - Je les tuerai tous jusqu'au dernier, je te le promet. Je vous vengerai toutes les deux, les deux femmes que j'aimais et que je chérissais le plus. Je te récupèrerai même si je dois briser ce cristal de mes propres mains. »

Il ne ressentait plus la tristesse, simplement de la rage. Une rage pure, dure et si profonde qu'elle ferait bien des ravages dans les vies de nos protagonistes favoris, mais à ce moment-là ils ne le savaient pas encore. Le jeune assaillant se tourna alors vers ce qu'il restait du bataillon d'exploration et annonça fermement : 

« - Je vais la porter jusqu'au QG. »

Sans dire un mot de plus, le jeune brun se transforma, agrippa le cristal et repartit en courant se réfugier bien au chaud derrière les murs.

Plus tard, dans la chambre de Livai.

*Pdv Livai*

Je ne peux pas y croire. Dana avait raison lorsqu'elle disait que les histoires sont destinées à se répéter encore et encore. Si j'avais su que tout se passerait de cette façon, je ne me serais jamais autant attachée à elle, à cette merveilleuse femme qui m'a donné une fille tout aussi merveilleuse. Toutes ces années je n'avais cessé de me dire que c'était de sa faute si j'avais perdu Dana, que c'était à cause d'elle si j'étais aussi malheureux mais je me voilais tout simplement la face. Dana était tout mon contraire en bien des domaines, elle avait su sauver et protéger notre fille et ce même au péril de sa vie.

Je ne peux m'empêcher de passer cette scène en boucle, impossible de dormir paisiblement après tout ce qu'il vient de se passer. Je fixe l'horloge au mur et les heures passent, la lune monte de plus en plus haut dans le ciel puis entame même sa descente avant que je ne décide de me lever. Je prends la cape d'Erwin, il aurait voulu m'accompagner s'il avait su que j'allais lui rendre une visite.

Je marchais dans la pénombre mais je connaissais à la perfection  l'endroit où j'allais. Nous avions passé les dernières nuits dans notre ancien QG, celui où ma vraie vie avait réellement commencé, le QG où j'avais connu le bonheur, le QG où Tova était née... J'arrivais enfin dans l'endroit de ma convoitise, devant moi de l'herbe verdoyante en parfait état avec une simple pierre dressée au dessus.

« Salut Dana. Je sais que ça fait une éternité que je ne suis pas revenu te voir. Depuis que j'ai revu notre fille en fait... Cette absence fait peut être de moi un mari indigne mais je m'en moque. Le temps à beau passer j'ai toujours autant besoin de toi et tu me manques toujours autant. Et là je suis dans une phase où j'aurais vraiment aimé que tu sois là... J'ai tout perdu dans cette expédition. Tout ça pour apprendre que c'est une bande d'enfoirés qui nous balance des titans et nous haïssent sans raison. Parce que oui il y a un monde derrière ces murs, un monde beaucoup plus avancé que le notre. Tu n'étais pas complètement givrée en fin de compte.

J'esquisse un sourire en m'agrippant aux souvenirs qui remontaient.

Erwin est mort. Tu sais mieux que quiconque que nous étions loin d'être les meilleurs amis du monde au début, lui et moi, mais après ta mort il a été tout le soutien dont j'avais besoin. Il a été super avec Tova alors que moi je n'osais même pas la regarder en face. Il est mort en héros tu serais très fière de lui.

J'ai aussi perdu Tova. Elle n'est pas morte alors tu ne la retrouveras pas toi non plus. Elle est prisonnière de son pouvoir cristallisant. Tu ne peux même pas imaginer à quel point ma culpabilité me ronge. J'étais là et je ne pouvais rien faire, j'étais effrayé à l'idée qu'il lui arrive le moindre mal, je voulais à tout prix la protéger de tout sans arrêt malgré ma colère j'ai même été jusqu'à détraquer son réveil pour ne pas qu'elle participe à une expédition, tu te rends compte ? Et quand le vrai danger est arrivé je n'ai même pas pu bouger d'un pouce. Elle n'est pas morte mais je me demande si ce n'est pas pire que la mort, l'idée de savoir qu'elle est encore là, qu'il y a encore un espoir pour qu'elle revienne un jour me prend aux tripes et me tord les boyaux. J'aimerai que tu sois là pour que tu puisses voir à quel point elle a grandi, à quel point elle te ressemble en tout point. J'aimerai pouvoir vous ramener toute les deux pour qu'on puisse être heureux tous ensemble, comme avant. »

Les larmes me montent et, pour la première fois de toute ma vie je ne les refoule pas et je les laisse m'envahir. Je fais volte-face en adressant un dernier regard à la tombe de ma femme et je me dirige vers le QG.


*Pdv Jean*

Cela faisait des heures que je pleurais à chaudes larmes, silencieusement dans mon lit. Dans un élan de courage,  je me lève et je prends les escaliers descendant au sous-sol. Le Cristal scintillait dans le noir profond de cette vieille cave. Maintenant qu'elle se tenait devant moi je n'avais qu'une seule envie : faire demi-tour.

Du coin de l'oeil j'aperçus une silhouette irrégulière assise sur une chaise dans un coin de la pièce qui était moins éclairé que les autres. Sûrement Éren. Ce mec était loin d'être mon ami alors je ne m'étais pas renseigné sur son état mais des rumeurs circulent comme quoi il aurait complètement déraillé depuis que Tova était bloquée la dedans. On raconte même qu'il compte embarquer pour Mahr pour aller exterminer tout ceux impliqués de près ou de loin dans l'affaire des titans.

Je m'approche encore plus près et je suis obligé de recouvrir ma bouche pour étouffer les sanglots naissants au plus profond de ma gorge.

« Une chose est certaine, tu auras été une vraie chieuse jusqu'au bout. On s'était fait une promesse et je sais que tu es assez têtue pour la tenir alors bouge toi et casse cette merde.

- Ça c'est sûr.

Je me tournais vers la voix qui surgissait de derrière moi. Le caporal se tenait droit comme un pic et Eren avait disparu.

Je suis navré Caporal.

- Tu étais comme son frère j'espère que tu le sais Kirstein.

- Oui caporal. »

Je retournais dans ma chambre précipitemment, intimidé par tant de prestance que représentait le caporal-chef. Il me paraissait encore plus dangereux maintenant qu'il était dévasté. 


*Pdv omniscient*

Le noireau s'approcha lentement de la nouvelle enveloppe de sa fille. Ses pas étaient lourds et lents. Il fixa durant de longues secondes le visage fermé de Tova. Ses yeux étaient clos et ses traits paraissaient étrangement détendus. Dans un dernier élan de culpabilité et de tristesse, les larmes apparaissaient et dégoulinaient le longs du visage si austère du Ackerman. Il les sécha d'un revers de la main, reprit subitement son air sérieux puis annonça d'une voix ferme : 

"Je trouverai un moyen de te sortir de là. "

Sans repère. (Fanfiction SNK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant