Chapitre 37

72 6 7
                                    

Je me hâtais de rejoindre les autres, ils devaient avoir besoin de moi pour gérer le colossal. En arrivant je vis Eren, il était assis sur le mur et semblait discuter avec Armin. Je connais ces deux-là et je comprends immédiatement qu'Armin a un plan. Ils n'ont pas l'air besoin de moi alors je décide de me hisser sur le mur discrètement. Mon visage se ferma immédiatement alors qu'une vision de pur horreur s'offrait à moi.

Des cadavres par centaines. Tous au sol, anéantis, avec pour arrière plan un soldat tournant telle une toupie dans les airs pour anéantir le bestial. Je vois des morceaux de bras du bestial voler en éclats avant de retomber lourdement sur le sol. Je vais me rapprocher. Lorsque j'entame ma longue traversée je me sens mal. Toutes ces personnes ne sont pas mortes pour rien, nous allons apprendre tellement de choses dans cette cave que ce n'est pas possible, elles ne peuvent pas être morte juste dans un dernier excès de folie du major. Il est impossible de ne pas marcher sur un soldat même si aucun corps n'est entier, ils sont tous en charpie.

« - Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? »

Je me penche sur un corps. Il est percé par des impacts ronds de diverses formes et des pierres jonchent le sols à côté de lui. Cet enfoiré à décidé de les décimer à coups de grand lancer de cailloux... Peut-il vraiment y avoir une mort plus ridicule que celle-ci pour un soldat ? 

« - Tova »

Une voix faible était sorti de nulle part, elle prononçait mon nom dans un chuchot à peine perspectible. Je tournais la tête et reconnu une masse de cheveux blonde.

« - Major ?

- Tova...

- Ça va aller, ne vous inquiétez pas. Je vais aller chercher Livai, c'est lui qui a la seringue. On vous ramènera ! Reiner est hors service de l'autre côté du mur vous reviendrez en cuirassé et vous irez bien. Tout ira bien. 

Mon rythme cardiaque s'accélérait dangereusement et ma voix tremblait fortement.

- Non... Il empoigna ma veste, usant de ses dernières forces. Laisse la seringue pour quelqu'un d'autre je t'en prie.

- Mais vous allez mourir si on ne fait rien... je suis désolée mais je ne peux pas laisser cela arriver, je vous donnerai même le féminin s'il le faut.

Je me lève, résignée.

Tu es vraiment aussi entêtée que ta mère Tova...

Je marque un temps d'arrêt et fais volte-face.

Pardon ? Mais je croyais que vous ne l'aviez pas connu... 

- Pas en tant que major du bataillon... Je me suis fait muté ailleurs quand elle s'est mariée avec ton père. Ne me laisse pas mourir de mes blessures et tue moi en véritable soldat, je t'en prie.

- Non. C'est absolument hors de question.

- En tant que ton supérieur je te l'ordonne Tova.

Des larmes coulaient abondamment sur mes joues, je me plaçais aux côtés de cet homme qui m'avait tout appris. Dans ses yeux je pouvais lire de la détresse et une profonde tristesse. Je pense qu'un homme comme lui ne mérite pas une mort aussi pitoyable que de se faire agresser par un gros singe jetant des cailloux.

Pourquoi vous avez été si gentil avec moi si c'était pour me mettre dans une situation pareille ? 

Il ne répond pas 

- Je vais le faire parce que vous êtes mon major et un exemple pour moi mais plus jamais je ne pourrais me regarder dans un miroir. Cet acte me hantera jusqu'à la fin de mes jours. 

- Tu lui ressembles tellement, je l'aimais tellement et tu es tout ce qu'il reste d'elle.

Je ne réponds pas. présentement je ne peux rien faire d'autre que de pleurer. Je savais que nous perdions des proches mais je n'aurais jamais imaginer que le major mourrait sans avoir vu la cave des Jaegger, sans avoir atteint son objectif de toute une vie. Il désirait plus que tout au monde poursuivre l'oeuvre de son père avant lui et percer à jour le grand secret des titans, le grand secret de notre malheur. Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui vais mettre fin à tout cela :  à ce rêve inachevé et à cette grande vie de sacrifice. Je sais pertinemment que je m'en voudrais toute ma vie et je suis à la limite d'espérer devoir passer le féminin pour me débarrasser des remords qui feront surface une fois mon acte commis. Je m'apprête à tuer Erwin Smith. 

Au revoir Tova...

Je place alors ma dernière lame sur son coeur, je n'arrive pas à croire ce que je m'apprête à faire. Dans un souffle et dans un sanglot qui sera le premier d'une longue liste je prononce mes dernières paroles et je passe à l'action. 

Au revoir, Erwin. »

Je pousse de toute mes forces ce qui m'arrache un cri de douleur. Je sens mon sang battre abondamment dans ma poitrine comme une mélodie dramatique. Il bat la mesure encore et encore alors que je me recroqueville sur moi-même pour pleurer tant et plus. Mes battements de coeurs d'accélère alors que ceux d'Erwin ne se font plus entendre, en sa poitrine seul règne le silence désormais. Un silence assourdissant. Un silence vrombissant. Un silence qui se transformait peu à peu en vibrations sourdes.

Je me suis redressée dans un réflexe et une rapidité que je ne me connaissais pas pour reposer ma tête sur la poitrine du major. Rien alors que j'aurais juré avoir ressenti des vibrations provenant de son torse. En levant le tête je me rendis compte qu'il se tenait derrière moi, me regardant comme la suite de déception que j'étais à ses yeux. Il me tend une main que je saisis dans la foulée puis me prend dans ses bras contredisant toutes les attentes que j'aurais pu avoir.

« - C'est du grand Erwin ça, mener ses hommes à la mort pour être le seul à survivre et demander à un autre soldat de le tuer. »

Je souris légèrement, il avait totalement raison. Il n'y avait que lui pour survivre à quelque chose de pareil. Je me décolle rapidement, gênée par ce contact prolongé et inhabituel. Je fixe mon regard vers l'horizon. De multiples cadavres de titans jonchaient le sol, mais je ne vois pas celui du bestial.

« - Alors le bestial ?

- Tch. Il m'a échappé de peu, celui à quatre pattes à débarqué sans prévenir pour récupérer le mec à l'intérieur. J'aurai voulu le garder pour sauver un de nos condamnés. 

- Tu es blessé ?

- Pas du tout. Pour un titan primordial pouvant faire apparaitre des titans de partout, il n'est pas très fort. »

Je ris, quel égo ! Même si je sais au fond de moi qu'il a totalement raison, il est sorti du combat sans aucune blessures alors qu'il s'agit quand même du titan bestial ! Il est vraiment impressionnant.

« - Aller, on va faire le tour des survivants »

Nous tournons en rond durant environ une heure à la recherche de survivants mais il n'en restait pas. Nous étions seuls. Je n'arrivais pas à croire qu'il y avait eu tant de pertes. Lorsque Jean plaisantait il y a quelques mois en disant qu'ils cherchaient de la chair à canon, il ne rigolait donc pas. C'était la pure vérité, ces gens pensaient sauver l'humanité et étaient morts pour que le bestial nous file entre les doigts. Le soleil pointait maintenant le bout de son nez, illuminant ce doux massacre. Sous cette lumière, on aurait presque dit que ce paysage était digne des plus belles aquarelles du monde extérieur aux murs que j'avais vu dans les livres d'Armin.

« - Oi ! On va retrouver les autres, tout le monde est mort ici. »

Je fais un signe approbateur de la tête et rejoins mon père à quelques mètres de moi après avoir lancer un dernier regard en direction du major. L'idée même de penser à mon acte me dégoutait du plus profond de moi-même. La voix sourde de Livai me fit sortir de mes pensées. 

« - Tu as du gaz ? J'ai tout perdu contre le bestial.

- Oui, tu peux prendre mes bonbonnes et me porter moi de l'autre côté. »

Je dévisse nerveusement mes réserves de gaz, et si l'autre côté offrait une vue aussi déplaisante que celle que nous avons ici ? 

Sans repère. (Fanfiction SNK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant