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« Qu'est-ce que tu fais ? demanda Zayn à Louis en se penchant sur les feuilles qu'il lisait avec une concentration totale. »

Ils étaient assis dans la cuisine, autour de l'îlot central, en buvant un café qui commençait à refroidir entre les mains de l'ancien ténor qui donnait plus d'attention à sa lecture. 

« J'apprends les paroles de l'opéra dans lequel Harry joue. 

- Tu apprends les passages de Harry ou... ? soupira son meilleur ami.

- De tout le monde, mentit Louis en lui lançant un regard noir. Tu penses que j'apprends celles de Mattia ?

- Non, mais ça ne m'étonnerait pas de toi. »

Louis leva les yeux au ciel et remit son attention sur les feuilles éparpillés devant lui. Il en avait tellement bien pris soin qu'elles n'avaient aucune pliure, et sentaient encore l'encre fraîche. 

« Sinon, commença Zayn. J'ai vu Liam il y a pas longtemps. 

- Et ? demanda Louis sans regarder Zayn qui attendait une autre réponse que celle qu'il venait de recevoir avec dédain.

- Il m'a dit que tu t'intègres bien avec l'équipe, il aimerait te parler, mais tu as l'air de l'éviter comme la peste.

- C'est ce que je fais, avoua l'ancien ténor sans le cacher, je ne vois pas pourquoi je lui parlerais. De toute manière, je dois y aller.

- Louis, attends, tu ne veux pas que je t'y emmène ?

- Non, je vais prendre le métro.

-Lou... » 

Son meilleur ami n'eut pas le temps d'ajouter un mot, que l'assistant du plus grand ténor du monde s'en était enfui en empoignant sa veste en jean rembourrée de polaire. Il n'avait pas voulu entendre les quelconques explications de Zayn. Il n'en avait que faire. Il avait décidé que cette journée allait être bonne, car il avait une idée en tête qu'il ne comptait pas laisser passer comme ça. 

L'Opéra Bastille était plus prêt de là où habitait Zayn que le Palais Garnier et Louis avait voulu passer un trajet seul, avec ses propres pensées. Ses écouteurs diffusaient une chanson du groupe Neighbourhood, un de ses groupes préférés. Il chantonnait du bout des lèvres pour ne pas qu'on l'entende. Il se sentait apaisé, le corps et l'esprit en paix. Il avait passé la soirée à écouter des airs d'opéra, et avait raconté en détails les représentations auxquelles il assistait à Zayn, les yeux remplis d'étoiles. Voir Harry chanter à pleins poumons de cette manière, entouré d'un chœur qui venait répéter ses lamentations lui faisait du bien. Au fond, il aurait voulu être à sa place, mais il était tellement heureux de le voir jouer dans une pièce comme celle-là, qu'il n'y pensait pas trop, plutôt préoccupé par si le ténor avait tout ce qu'il lui fallait. Il faisait tout pour Harry, il s'en réjouissait, mais parfois Harry lui demandait de ralentir, de prendre une pause, alors il prenait des après-midi avec Niall dans les ateliers du Palais à l'aider de quelconque manière. Il n'était pas payé pour rester avec Niall, mais il ne se voyait pas à rester des demi-journées seul dans l'appartement vide de Zayn tandis que ce dernier était à son travail. Parfois, il s'asseyait dans un fauteuil et observait le travail des couturiers, un café en main, juste être présent dans le milieu qu'il affectionnait tant et pouvoir se dire qu'il en faisait enfin parti après des années. 

En passant les portes en verre de l'entrée, il vit Jérémy au loin, son pouls accéléra un instant, mais il fit en sorte de ne pas se diriger vers lui et emprunta un couloir à l'opposé.

La répétition se déroulait dans la scène de spectacle et non sur les scènes de répétitions qui se tenaient à l'arrière, en mettant un pied dans la grande salle, il aperçut Harry Styles qui semblait l'attendre assis à un siège, des papiers à la main, en consultant son téléphone. Louis aimait comment il s'habillait, en décalage avec tout le monde comme s'il sortait d'un film des années 80, alors que lui portait tout le temps du noir ou du bleu. Il s'assit au siège orange à ses côtés. Harry se tourna vers lui, lui tendant un des papiers que Louis prit avec délicatesse, leurs doigts s'effleurant. Ce dernier profita de ce contact furtif pour sentir la peau douce de Harry avant d'inspecter le papier. C'était un ticket d'une couleur beige avec des écritures argentées, annonçant le ballet du Lac des Signes au Palais Garnier, Louis ne comprit pas immédiatement pourquoi il lui donnait ce billet. Harry le comprit en le voyant froncer des sourcils et répondit à son interrogation muette : 

Une nuit à l'opéra | Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant