Une nuit à l'opéra | Larry Stylinson

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« Harry est avec Mattia et Niall, ils essaient leurs costumes pour les touches finales. Je ne sais pas si tu préfères être dans la même pièce que Mattia ou m'accompagner à Bastille ? 

- Je te suis.

- Cette fois-ci on ne va pas que dans les bureaux... On va voir la scène et peut-être... des gens qui te connaissent. »

Louis arqua un sourcil, amusé par ce que Taylor venait de lui dire. Pour lui c'était impossible que quelqu'un ne se rappelle de lui. Il avait déjà croisé une vieille dame qui s'était rappelé de l'avoir vu à la télé quand il chantait pour le match de foot, mais ça n'avait été que la seule personne. 

« Personne ne me connaît, répondit-il en attrapant sa veste avant de la suivre à l'extérieur. 

- Quand on est dans le Palais Garnier Louis, on ne croise que des gens qui sont dans le domaine de la danse classique, mais on quand on rentre à l'Opéra National, à Bastille, ce n'est plus pareil. Tu ne sais pas qui tu vas croiser, tu vas peut-être rencontrer les plus grands Barytons de ce siècle ou même du siècle dernier.

- Tous les figurants et le directeur de l'opéra dans lequel va jouer Harry ne m'ont pas reconnu, donc ce n'est pas en allant à Bastille que cela va être différent.

- Parce que l'on ne t'a pas présenté, voilà tout. À Bastille, ils sont plus curieux... »

Ils montèrent dans une voiture rouge criarde et s'engagèrent dans la rue. Louis resta pensif, il se demandait alors si Taylor n'avait pas parlé à quelqu'un de qui il était, quelqu'un qui se trouvait forcément à l'Opéra Bastille. Il n'ajouta rien, préférant observer les rues depuis la fenêtre, la radio en fond qui diffusait un air de Tchaïkovski. 

L'opéra Bastille était moins élégant que le Palais Garnier. Il avait été construit dans la fin des années 80, malgré de nombreuses manifestations contre cette construction, il avait été finalement inauguré en 1989. Ce fut là que Louis joua son premier opéra. Il avait eu un moment en soliste qui avait ému tous les spectateurs et son nom avait figuré sur la moitié des journaux et des magazines du pays, ce fut à cet instant qu'il fut nommé le petit ténor de France. La lumière du soleil se reflétait dans les vitres de la façade, rendant aveugle Louis qui suivait la silhouette de Taylor devant lui. Il était déjà venu avec elle, mais ils n'étaient jamais allés plus loin que les bureaux, ne mettant pas les pieds dans la salle de spectacle ou dans les autres scènes. Il lui tint la porte vitrée avant qu'elle ne passe et lui demanda timidement, attrapant le bout des manches de son pull : 

« Est-ce qu'on peut passer par l'atelier de décors ? »

Taylor s'arrêta un instant, mettant sa tête sur le côté, un peu surprise par sa question. 

« Bien sûr, il faudra juste que je demande à Jérémy, puis on verra, mais je pense qu'il sera d'accord. »

Jérémy était l'homme qui gérait toutes les représentations qui se déroulaient au sein de l'Opéra Bastille, il était en contact avec le directeur de l'Opéra et aussi avec toutes les personnes qui organisaient ces opéras. Louis ne l'avait pas vraiment rencontré, ils s'étaient serrés la main, Taylor n'avait même pas dit son nom, le désignant comme « l'assistant de Harry ». Il était un grand homme à la peau ébène qui avait toujours un costume sur lui, et Louis l'avait déjà croisé quand il était adolescent lors de ses premiers pas sur scène, il lui avait avoué qu'il était un grand fan. Mais peut-être ne se souvenait-il plus de Louis, donc il ne devait pas s'inquiéter. Ou alors Taylor en avait parlé à lui, c'était lui, celui qui le connaîtrait sûrement à Bastille. Il appréhendait sa troisième rencontre avec lui, il était sûr et certain qu'elle allait dire son nom, il ne savait pas pourquoi elle faisait cela alors qu'il l'avait formellement interdit de lui rappeler tout ça. Il avait de repartir au Palais et tant pis s'il ne verrait pas les ateliers.